Économie

Économie numérique/Forum Vivatech: La Côte d’Ivoire fait une démonstration de force à Paris

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Depuis quelques mois, la Côte d'Ivoire accélère la transformation de son écosystème 2.0. Lors de la dernière édition de Vivatech, le pays du cacao présentait à Paris, quelques-unes de ses plus prometteuses startups, appuyées par des moyens à la mesure des ambitions nationales de faire de l'économienumérique, un véritable levier de croissance synonyme de dividende démographique.

«C'est la première fois que la Côte d'Ivoire est officiellement représentée avec une délégation de startups à Vivatech, et nous sommes heureux d'avoir été sélectionnés », se réjouissait Lancine Doumouya, un jeune entrepreneur, à la tête de JOOL, une startup qui développe des drones destinés à l'agriculture ivoirienne, au deuxième jour du grand salon parisien consacré à l'innovation numérique.

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Cette année, Vivatech accueillait une douzaine de startups ivoiriennes, toutes plus disruptives les unes que les autres. À côté de la célèbre LifiLed qui produit des ampoules rechargeables à l'énergie solaire permettant également une connexion Internet haut débit (actuellement en pourparlers avec SpaceX), Edindia présentait sa solution à base de bioéthanol comme combustible destiné aux réchauds des ménages ivoiriens, tandis que le Pass Santé Mousso révélait le premier carnet de santé dématérialisé du pays. Au centre du pavillon ivoirien, Amadou Coulibaly, ministre de la Communication et de l'Économie numérique, n'a pas ménagé ses efforts pour répondre aux sollicitations des visiteurs, multipliant interviews, sessions institutionnelles, mais aussi rendez-vous corporate. « Nous sommes venus en conquérants à Vivatech, pour montrer nos capacités d'innovation », affirmait le ministre, qui est également le porte-parole du gouvernement. « La récente loi pour le développement des startups vient désormais encadrer toutes les activités des startups », a-t-il souligné, non sans revenir sur quelques uns des objectifs du Programme Jeunesse du gouvernement 2023-2025 qui s'est fixé pour objectif de former 52.310 jeunes aux métiers du numérique, dans le cadre de l'École de la 2e Chance (E2C).

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« Aujourd'hui, selon la Banque mondiale, l'économie numérique représente 3 % du PIB de la Côte d'Ivoire et nous voulons doubler cette contribution d'ici 2025 », annonçait Amadou Coulibaly, avec l'ambition de faire du secteur 2.0 un véritable levier de croissance nationale. Une accélération de l'écosystème tech ivoirien. « Le ministère de la promotion de la jeunesse a mis en place un fonds de garantie de 1,5 milliard de francs CFA, qui permettra d'accompagner les startups aux premières étapes de leur création, c'est-à-dire pendant leurs phases d'idéation 1 et d'amorçage», a précisé Mamadou Touré, ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l'Insertion professionnelle et du service civique, qui avait également fait le déplacement à Paris. Depuis quelques mois, l'écosystème numérique ivoirien se structure à marche forcée. Début juin, la première pierre de la Digital Farming School (une Université consacrée à l'AgriTech) était posée dans la technopole de Yamoussoukro, résultat d'un partenariat entre le groupe marocain OCP et le gouvernement ivoirien. Il s'agit de la première antenne subsaharienne de l'Université Mohammed 6 Polytechnique, rendue possible grâce au concours de l'Institut national polytechnique Félix-Houphouët-Boigny (INPHB). Ces deux derniers mois, Abidjan s'est également dotée de deux nouveaux incubateurs (Zebox et MStudio). Par ailleurs, les startups ivoiriennes bénéficient de nouveaux avantages réglementaires et fiscaux, à travers la mise en place d'un guichet unique doté d'un volet spécialement dédié à l'économie numérique. Le programme économique pour l'innovation et la transformation des entreprises ou encore l'initiative Pépite, viennent compléter ce dispositif. Enfin, le Programme d'accompagnement et de développement des startups (PADS) réunit tout un ensemble d'outils techniques et de moyens financiers pour accompagner la montée en puissance des startupers ivoiriens. « Selon une récente étude conduite par Deloitte, près de 80 % des startups early stage sont auto-financées.

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C'est effarant, car l'Afrique ne concentrait l'an dernier que 1 % des 445 milliards de dollars levés au niveau mondial par les startups», ne manque pas de rappeler Amadou Coulibaly à ses interlocuteurs. La cybersécurité figure parmi les priorités numériques identifiées par le gouvernement ivoirien. En 2021, en Côte d'Ivoire, le coût de la cybercriminalité était évalué à environ 6 milliards de Fcfa avec 5.000 plaintes reçues par la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité, et un taux de résolution de 50 % environ. Dans son rapport K-Next 2023, présenté le 9 mars 2023 à Abidjan, en 2022, plus de 2,8 millions d'attaques ont pourtant touché 27.500 PME ivoiriennes. Le rapport indiquait également que seuls 5 % des entreprises interrogées abordaient systématiquement la question de la cybersécurité lors de leurs conseils de direction et 66 % ne l'avaient jamais abordée. Face à ce constat, les autorités ivoiriennes ont décidé de réagir. Après l'adoption en décembre 2021, d'une Stratégie nationale de cybersécurité 2021-2025, la Côte d'Ivoire se dotera bientôt d'une Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d'Information (ANSSI) et d'un Centre de supervision national des opérations de sécurité (SOC). Parallèlement, pour faire face à la multiplicité des défis numérique, la Côte d'Ivoire promeut une approche intégrée. « Nous nourrissons des projets de mutualisation des ressources. Au niveau national, nous avons proposé la création d'un véhicule au Premier ministre : le Comité national de digitalisation de la Côte d'Ivoire, afin de mutualiser nos moyens. Ce qui a été entrepris en Côte d'Ivoire pourra, à terme, se décliner au niveau régional, car nous faisons face à des défis communs (...) Nous voulons aussinous doter de nos propres datacenters, car c'est une question de souveraineté numérique. Par ailleurs, nos pays, pris individuellement, n'ont aucune chance de faire face aux GAFAM », a rappelé le ministre de l'Économie numérique.

Yao Raymond

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