Économie

Plateforme numérique agricole : Des organisations expriment des inquiétudes

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Le secteur agricole ivoirien s’est enrichi d’un projet innovant qui permet aux producteurs de valoriser leurs produits à partir d’un marché virtuel et de tirer le maximum de profit. Grâce à ce projet, le gouvernement entend rendre l’agriculture plus performante et compétitive au profit des bénéficiaires. Cependant, des organisations préconisent à l’État de mieux vulgariser cet outil afin qu’il serve efficacement à toute la chaîne de valeur du processus agricole.

 

Le ministère de l'Économie Numérique, des Télécommunications et de l'Innovation, Roger Félix Adom, a présenté jeudi 7 avril 2022, aux autorités administratives locales à Daloa, un projet de solutions numériques pour le désenclavement des zones rurales et l’E. Agriculture (PSNDEA).

Dénommée Agristore, la plateforme numérique qui a pour but de révolutionner le secteur agricole ivoirien, comprend diverses applications dont celle qui permet la mise en relation des différents acteurs de la chaîne de valeur.

Cette application de marché permet aux agriculteurs les plus vulnérables, de trouver des débouchés à leurs productions (offre de vente) et aux éventuels acheteurs de formuler leurs besoins (offre d’achat). Elle propose également des services depuis les conseils aux bonnes pratiques agricoles, jusqu’aux données météo.

De façon concrète, Agristore permet à l’utilisateur couvert par un réseau, quelle que soit sa zone (enclavée ou non, couverte par Internet ou pas) d’avoir des outils faciles à prendre en main au moyen de n’importe quel type de téléphone. Par simple manipulation ou échange téléphonique avec un interlocuteur en langue officielle ou locale, la plateforme permet à tout type d’utilisateur d’accéder aux canaux (Centre d’appels, SMS, USSD, Appli mobile et Web), donnant accès aux services disponibles (publication de vente ou d’achat, accès aux conseillers experts, services météo, etc…).

Déjà, on dénombre plus de 300 000 acteurs qui sont inscrits sur la réforme du secteur agricole par le moyen des TIC.

 

Inquiétudes et recommandations

 

En dépit des réformes amorcées par le gouvernement en faveur du secteur agricole, des organisations de producteurs relèvent des inquiétudes, avant d’interpeller les autorités sur des pratiques peu catholiques qui pourraient entraver à la bonne marche de l’opération. Yao Laupez, président de la plateforme nationale pour le progrès des acteurs agricoles (PNP2A) apprécie à juste titre, la réforme gouvernementale qui tombe à pic pour l’autonomisation des planteurs.  

« C’est une très bonne initiative qui est à féliciter, parce qu’aujourd’hui, avec la politique du gouvernement, le planteur est sur la voie d’obtenir son autonomie. Un agriculteur est un entrepreneur, il peut donc déjà négocier ses marchés en disposant de toutes informations possibles. On peut dire c’est une première en Afrique. Cette plateforme va permettre aux producteurs de mieux vendre leurs produits. Et cela y va de la crédibilité de l’État. Le plus important, c’est que le projet parvient aux producteurs dans les zones les plus reculées du pays », a-t-il clamé.

Par ailleurs, le président Yao Laupez craint que ce projet salvateur ne connaisse pas la vitesse de croisière escomptée, par la faute de certaines manigances qui pourraient mettre à mal, son exécution.  Pour ce jeune planteur que nous avons joint par téléphone lundi 11 avril 2022, le gouvernement devrait s’appuyer sur des structures locales crédibles afin de sensibiliser les producteurs dans les localités les plus reculées.

« Ce projet nécessite l’implication des organisations agricoles. C’est nous qui sommes avec les producteurs jusqu’au fin fond des campements. Et la politique du gouvernement doit aller jusqu’à ces campements les plus reculés de nos localités. Notre rôle est de passer le message du gouvernement à nos membres. Donc, c’est à nous que devrait revenir les messages à véhiculer. Malheureusement, on confie cela à des structures qui ne maîtrisent rien et leurs agissements impactent négativement les bonnes actions du président de la République, puisqu’elles ne parviennent pas à la base. Le chef de l’État mène de bonnes actions, mais elles n’impactent pas la base à cause du mauvais choix des structures qui sont choisies sur la base de complaisance. Et c’est ce que nous combattons. On sélectionne des structures qui viennent généralement d’Abidjan. Elles font 2 ou 3 villages et sont fatiguées. Elles retournent avec des chiffrent qui ne sont pas fiables. Comment voulez-vous que la base ne se plaigne pas d’être lésée dans la politique du gouvernement ? », a-t-il martelé.

Yedoh Nomel Kevin, président de l’agence pour le développement de la filière manioc en Côte d’Ivoire (ADEFMA) est d’autant plus préoccupé par la bonne marche de l’action du gouvernement à travers la plateforme numérique Agristore.

Il a fait des propositions, espérant qu’elles soient prises en compte pour valoriser les organisations appropriées et susceptibles d’apporter leur contribution dans l’avancée du projet. 

« C’est un projet qui est intéressant au moment où nous sommes à l’heure de la digitalisation. C’est une aide, une manière de rapprocher le client au producteur et cela est important et nous saluons les initiateurs. Mais bien qu’il soit novateur, vous savez que, quand on parle de vente en ligne, cela demande d’avoir un smartphone, une connexion et puis, ce n’est pas tous les secteurs du monde agricole qui sont connectés. Est-ce qu’il sera à la portée des vrais acteurs ? Concernant la filière manioc, ce projet est d’autan plus intéressant. Quels sont moyens pour vulgariser cet outil ? Ensuite, nous souhaitons que l’État s’appuie sur des structures assez représentatives pour vulgariser ces genres d’initiatives. C’est bon de les faire, mais après, il n’y a pas de suivi », a-t-il préconisé.

Quant à dame Amoin Odette épouse Niangno, présidente de la plateforme des producteurs de manioc de la région du Goh, elle a indiqué que les paysans étaient pressés d’intégrer une telle plateforme, en vue de bénéficier de ces avantages.

 

Venance Kokora

 

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