Le « Modèle ivoirien mérite d’être partagé ! », avait déclaré le 11 juillet 2022, Mme Joséphine Charlotte MAYUMA KALA, Représentante résidente de l’Union Africaine à la 6e édition de la Journée africaine de lutte contre la Corruption à Abidjan. Cette affirmation loin d’être gratuite, traduit éloquemment le ressenti de la communauté internationale vis-à-vis de la gestion des fonds COVID-19 par la Côte d’Ivoire.
La pandémie de COVID-19 a été un choc à nul autre pareil. La Côte d’Ivoire, à l’instar des autres pays du monde entier, a subi des conséquences économiques à cause de la suspension quasi-totale de ses activités qui ont eu une répercussion immédiate sur les marchés des produits de base. Selon un rapport de la Banque mondiale (BM), le coronavirus a eu plusieurs répercussions directes sur les entreprises ivoiriennes. Spécifiquement sur la réduction du temps de travail, la baisse des ventes et des revenus, voire la cessation totale ou partielle d’activités. Dans l’ensemble, 37,7 % des entreprises ont dû cesser leurs activités (dont 2,4 % définitivement et 35,3 % temporairement). Le taux de fermeture d’entreprises a été plus élevé au niveau des micro-entreprises (43 %) que concernant les petites et moyennes entreprises (environ 30 %). Près de 35 % des entreprises exportatrices et 54 % des entreprises détenues majoritairement par des investisseurs étrangers, ont fermé.
Par ailleurs, l’impact de la pandémie a été particulièrement important sur les ventes de tout type d’entreprise et dans tous les secteurs. Jusqu’à 94,1 % des entreprises ont enregistré une baisse de leurs ventes au cours des 30 premiers jours après l’apparition de l’épidémie. Seuls 0,6 % des entreprises ont enregistré une augmentation, généralement faible, de leurs recettes.
Le ministre de l’Economie et des Finances, Adama Coulibaly qui a fait le point de la gestion des fonds alloués aux entreprises à cette mobilisation de partenaires, a indiqué que le Plan de Soutien Economique, Social et Humanitaire, élaboré par le gouvernement, a permis de contenir l’impact socio-économique de la crise sanitaire et d’obtenir en 2020, un taux de croissance positif de 2%.
Gouvernance spécifique des fonds COVID-19
En présence du Premier ministre, Patrick Achi, il a précisé que la Côte d’Ivoire était l’un des rares pays à avoir obtenu ce taux croissance positif dans un contexte marqué par la récession de l’économie mondiale et de l’Afrique subsaharienne, avec des taux de croissance respectivement de -3,3% et -1,9%, en 2020.
Concernant la gestion des fonds COVID-19, M. Coulibaly a fait remarquer que deux organes ont été créés. Il s’agit du Comité de gestion, présidé par son département ministériel et du Secrétariat exécutif géré par les ministères sectoriels respectifs. À ce propos, des principes clés ont été établis : l’inclusion et la participation de toutes les parties prenantes dans le processus. Notamment le secteur privé via la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), la Fédération ivoirienne des Petites et Moyennes Entreprises (FIPME), la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI) et l’Association Professionnelle des Banques et des Etablissements Financiers de Côte d’Ivoire (APBEFCI) qui siègent au Comité de Gestion des fonds dédiés aux entreprises.
Sans oublier, la participation aux différentes réunions des Comités de Gestion de la chambre de commerce Européenne (Eurocham) et l’Union Européenne en qualité d’observateurs pour la redevabilité et la transparence.
Pour soutenir ces actions, des audits des opérations des fonds sont menés par l’Inspection Générale des Finances (IGF) et un Cabinet indépendant. À cet effet, depuis le début des activités des fonds, les opérations ont été auditées par l’IGF, la Cour des Comptes et un Cabinet indépendant.
En juin 2022, à en croire le ministre de l’Economie et des Finances, 167 milliards FCFA ont été dépensés pour une enveloppe disponible de 220,5 milliards FCFA mise à disposition. 138 entreprises ont été soutenues pour un montant de 32 milliards FCFA pour le compte des grandes entreprises. Pour ce qui est des PME, 889 ont bénéficié du fonds pour un montant de 34 milliards FCFA auxquels il faut ajouter 10 milliards qui ont été alloués au fonds de garantie. Plus de 135 000 bénéficiaires du secteur informel ont obtenu des subventions d’un montant global de 31,69 milliards de FCFA.
Au titre du Fonds de Solidarité et de Soutien d’Urgence Humanitaire, 56 milliards de FCFA ont été déboursés au profit de 431 000 ménages. En outre, 20 000 personnes licenciées ou mises en chômage du fait de la COVID-19, ont été soutenues. Ce fonds a également pris en charge, les factures d’eau de plus 430 000 ménages et les factures d’électricité de plus de 1 052 000 ménages abonnés au tarif social.
Des leçons à tirer de la gestion des fonds COVID-19
En dépit de ces efforts, le gouvernement ivoirien dit avoir tiré les leçons de la gestion des fonds COVID-19, après avoir constaté des difficultés auprès des entreprises, en particulier des PME, dans la fourniture de documents tels que les états financiers certifiés, l’attestation de régularité fiscale et l’attestation CNPS mise à jour. Cette situation atteste la nécessité de renforcer l’accompagnement des PME, car la plupart de ces documents sont requis par les banques pour l’octroi des financements.
Venance Kokora