Économie

Effondrements d’immeubles : La qualité de matériaux de construction mise en cause

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En l’espace d’un mois, deux immeubles se sont effondrés, faisant plusieurs victimes. Pour certains citoyens, à l’origine de ces drames, se trouve la mauvaise qualité des matériaux de construction, notamment le fer à béton.

 

Le président du collectif des victimes en Côte d’Ivoire (CVCI), Issiaka Diaby, est retourné samedi 19 mars 2022, sur le lieu de l’effondrement d’un immeuble à Cocody-Angré, pour inspecter des matériaux de construction ayant servi à sa réalisation. Muni de plusieurs types de fer, le visiteur les a confrontés à ceux qui ont servi à construire l’édifice, devenu un tas de gravats. Cet exercice a mis à nu, de nombreuses failles qui ont pu causer l’effondrement de cet immeuble, le 7 mars, occasionnant 6 morts et 33 victimes.

Le président du CVCI qui s’est prononcé par la suite, sur la qualité du fer utilisé pour la conception de l’immeuble, a interpellé les autorités afin que les choses changent, car selon lui, les populations méritent mieux.

« Comme nous ne cessons de le dire, ces effondrements d’immeubles sont dus, jusqu’à ce qu’on nous apporte la preuve du contraire, à l’utilisation de dangereux fers à béton hors normes pour la construction de bâtiments et autres édifices. Nous sommes présents en ce lieu, en tant qu’organisation des droits de l’Homme. Nous sommes engagés dans la lutte contre la prolifération des fers contrefaits, qui sont très dangereux pour la construction des maisons. Nous avons déjà saisi les autorités ivoiriennes pour leur faire part de nos inquiétudes », a déclaré Issiaka Diaby. Poursuivant, il a laissé entendre que « ces fers de mauvaise qualité qui sont vendus sur le marché au vu et au su de tous, constituent un danger pour tout le monde. » « Nous avons mené des investigations sur le marché du district d’Abidjan. Chez 30 revendeurs de fer à béton que nous avons soumis à expertise, seulement 3 revendeurs vendent des fers qui respectent les normes, les 27 autres vendent des fers de mauvaise qualité. Pour des besoins d’enrichissement illicite, du fer de mauvaise qualité qui ne respecte pas les normes pour la construction des maisons, est déversé sur le marché. Non seulement, on escroque le consommateur, mais on met sa vie en danger. Les diamètres de ces fers ne sont pas respectés, donc ne sont pas conventionnels », a-t-il déploré. Séance tenante, le président Issiaka Diaby a testé la solidité des fers qui ont rompu sous la pression de quelques gestes de la main. « Ces fers ne pouvaient pas tenir le bâtiment. Nous pensons que dans les enquêtes initiées par le gouvernement, il doit tenir compte de ces détails. Les enquêteurs auront des éléments additionnels pour situer les responsabilités. J’appelle aussi les victimes à porter plainte contre X. Nous ne pouvons pas agir seul pour l’éradication de ces types matériaux. C’est pourquoi, nous appelons à la vigilance des populations. J’en appelle à la réaction de la communauté internationale sur cette affaire de prolifération de matériaux contrefaits. », a-t-il craché.

 

Un expert interpelle le gouvernement

 

Joint par téléphone, le président national de la confédération des PME du BTP, Soro Doté, a indiqué que le fer est un élément essentiel dans la construction d’un bâtiment.  « Parmi tous les matériaux de construction, si le fer est mauvais, le bâtiment n’a pas une longue vie. La preuve est que pendant les travaux, l’œuvre évolue avec les fers. Il faut une bonne qualité des aciers pour que le bâtiment puisse tenir. Pour la construction d’un bâtiment, il y a des normes. On ne peut pas prendre du fer pour faire le pilier ou la fondation d’un bâtiment. Il faut respecter la qualité, le choix du fer », a-t-il expliqué, avant de dénoncer la prolifération de fer contrefait sur le marché.

« Il y a des fers qui ont été repris dans les fonderies, ils ne sont pas ployables, ils n’ont pas de résistance, contrairement aux fers de bonne qualité », a-t-il déploré. Soro Doté a, par ailleurs, interpellé le gouvernement sur la nécessité de jeter un regard sur le fer de mauvaise qualité qui pullule sur le marché.

Concernant les effondrements d’immeubles à répétition, notre interlocuteur s’est également plaint du manque d’études préliminaires, notamment du sol.

« La construction d’un bâtiment est fonction d’une étude du sol. C’est le préalable. C’est le fer de qualité qui tient la fondation. Il y a les bureaux d’études qui peuvent déterminer la qualité du fer, c’est leur spécialité », a-t-il conclu.

 

 

Venance Kokora

 

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