Économie

Financement des PME : Voici les secteurs concernés

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La volonté du président de la République Alassane Ouattara de faciliter l’accès des petites et moyennes entreprises (PME) au financement pourrait se concrétiser en cette année 2022. Dans une interview accordée au confrère Financial Afrik, le président du Fonds de garantie des crédits aux PME (FGPME), Marcellin Zinsou, est revenu sur le mécanisme qui va permettre aux PME de prendre leur envol.

 

Lors de son discours traditionnel de nouvel an, le chef de l’État ivoirien avait donné les signes avant-coureurs de son engagement à améliorer les conditions de vie de ses concitoyens. « Notre seconde priorité pour cette année 2022 est l’emploi des jeunes et des femmes. Un accent particulier sera mis sur l’emploi de cette catégorie de la population. Pour ce faire, le secteur privé fera l’objet d’une attention particulière et nous allons intensifier son développement par la promotion et l’émergence de champions nationaux. Nous mettrons en place, un programme pour accompagner et promouvoir le financement de nos PME, de nos startups et de nos jeunes entrepreneurs. Nous travaillerons avec le secteur privé pour réduire les délais de paiements aux entreprises », avait annoncé Alassane Ouattara.  

Adopté le 08 janvier 2020 en Conseil des ministres, le FGPME, selon M. Zinsou,  peut contenir des financements allant jusqu’à 3 milliards de F CFA. À l’en croire, le projet soutenu par la Banque mondiale va prendre effet dès janvier 2022 et fera la part belle aux startups, aux entreprises dirigées par les femmes et aux PME dans le secteur du vivrier. « Nous allons ouvrir en 2022, les produits de garantie individuelle et de garantie de portefeuille à toutes les banques ivoiriennes. 2022 sera l’année de notre plein envol. Avec le soutien de la Banque Mondiale, nous allons lancer dès janvier 2022, la première solution locale de Garantie de Portefeuille et nous mettrons en place, avec les autres partenaires multilatéraux, 4 guichets dédiés spécifiquement aux startups, aux entreprises dirigées par les femmes, aux PME dans le secteur du vivrier et aux artisans. Nous allons être pleinement opérationnel en 2022 et pouvoir massifier l’intervention de l’État de Côte d’ivoire sur l’écosystème des PME et atteindre près de 10.000 PME. Cela se percevra par un accès plus aisé des PME aux financements et à moindre coût ; ainsi que l’augmentation des crédits consentis par les banques aux PME et l’augmentation du refinancement de ces crédits par la BCEAO », a-t-il indiqué. Revenant à la mission du FGPME, le président Marcellin Zinsou qui, en tant qu’expert du secteur privé ivoirien en la matière, comptabilise 18 années de banque et 6 ans dans les organisations patronales du secteur privé, puis au Ministère en charge des PME, a fait savoir qu’il propose des solutions locales et de proximité de garantie individuelle et de garantie de portefeuille peu coûteuses.

« Avec ces 2 instruments, le sourire revient aux lèvres des PME et des banquiers. Si aujourd’hui, une PME demande 100 millions de FCFA de crédit, la banque ne devrait plus comme auparavant, demander en collatéral, 100 millions de FCFA placés sur DAT + l’hypothèque de la maison et le nantissement du matériel. Avec la garantie individuelle du FGPME, la banque ne peut demander comme garantie qu’au maximum 50% du montant du financement, soit 50 millions de FCFA et le FGPME prend 80% maximum en charge, soit 40 millions de FCFA. La PME n’apportera que 10 millions pour un prêt de 100 millions de FCFA au meilleur taux n’excédant pas 9% HT. Avec la garantie de portefeuille du FGPME, la banque ne devrait plus demander de garantie à la PME qui répondrait aux caractéristiques préétablies », a-t-il rassuré.

 

Les conditions à remplir

 

Pour Marcelin Zinsou, la FGPME, dans sa quête d’assister les PME avec un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 1 milliard de FCFA, propose deux types de produits pour faciliter l’accès des PME aux financements. D’abord, la garantie individuelle qui une solution typiquement ivoirienne dont le but est de faciliter l’accès au financement des PME, des startups et TPE avec un appui jusqu’à 80% du montant de la garantie sollicitée par la banque. Ensuite, le mécanisme de garantie de portefeuille dans lequel la banque sélectionne les PME et mais saisit le FGPME en cas de sinistre.   

En outre, M. Zinsou a également abordé la question relative à la difficulté des banques à accorder des prêts aux PME. Il a soutenu dans un premier temps qu’elle relève de diverses raisons. Cependant, le président du FGPME a mis en avant, le facteur lié au dispositif de refinancement des crédits consentis par les banques aux grandes entreprises par la BCEAO depuis plus de 20 ans maintenant. Ce dispositif toujours, selon lui, a favorisé une attraction des banques pour les grandes entreprises. Aussi a-t-il relevé la profusion de nombreuses garanties de portefeuille octroyées aux banques par les gros vendeurs de garanties et leur détournement pour juste améliorer les ratios des banques ou pour d’autres cibles, surtout lorsque celles-ci sont accordées pour accompagner les PME. Et le spectre d’éventuel sinistre qui plane sur ces PME. « Vous remarquerez que malgré que toutes les banques soient multi-couvertes en garantie de portefeuille, elles hésitent toujours à prêter aux PME. Elles ont trouvé la parade en créant des départements PME qui prêtent effectivement aux entreprises de tailles intermédiaires (chiffre d’affaires entre 1 milliard et 5 milliards) et non aux vraies PME. D’où, la faiblesse des volumes de crédits consentis aux vraies PME, alors que toutes les banques vous disent qu’elles accompagnent les PME ! Enfin, vu le taux de sinistralité sur les PME, mis en évidence par la centrale des risques et des défauts, cela a poussé les banques à détourner leurs concours au profit des entreprises de tailles intermédiaires qui sont mieux structurées que les PME. Toutes ces 3 raisons créent une aversion naturelle à laquelle beaucoup de banquiers ont été formés par défaut, ces 20 dernières années », a-t-il défendu. Non sans avoir promis qu’en 2022, des plaidoyers seraient menés auprès de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), afin qu’elle impose aux banques, des délais maximum de traitement des demandes de financement n’excédant pas 15 jours, ainsi qu’un volume minimum de 30% mensuel et de 30% annuel du volume des concours des banques à accorder aux PME, comme c’est le cas au Nigeria et au Ghana, où les banques ont été obligées de financer les PME à hauteur de 30%.

 

Venance Kokora

 

 

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