Il existe beaucoup d’associations, d’ONG et d’activistes qui tentent d’améliorer la situation des femmes notamment la situation financière. Est-ce que pour vous c’est la priorité pour lutter contre la violence physique ?
L’ONG BLOOM œuvre pour l’autonomisation de la femme notamment l’autonomisation économique pour lui permettre d’être à l’abri de toutes sortes de violences basées sur le genre.
Pourquoi, les femmes portent rarement plainte et sont très peu accompagnées juridiquement lorsqu’elles sont victimes de discrimination, de violence, d’agression sexuelle et physique ?
C’est un tabou pour les femmes africaines. Il a fallu d’intenses sensibilisations pour que ces femmes arrivent s’ouvrir et à en parler. Mais cela est aussi dû à l’absence de prise en charge holistique. Parce que lorsqu’une femme est victime de violence quand elle est dans cet environnement toxique, pour pouvoir lui permettre d’en parler et d’en sortir, il faut déjà lui permettre d’avoir un service holistique disponible pour lui prêter main forte. C’est aussi lié au fait du manque d’autonomisation économique parce que la femme est généralement plus pauvre que l’homme et qui sont usuellement les principaux acteurs des VGB surtout dans le contexte conjugal.
Donc si une femme doit libérer la parole (dénoncer), il faudrait qu’elle soit à mesure de se prendre en charge lorsqu’elle sera hors de ce cadre qui lui offre le minimum vital.
C’est donc tout l’objet de la Fondation Bloom ?
Exactement, notre but est d’aider et de sensibiliser la femme à pouvoir prendre conscience de sa valeur mais aussi, l’encourager à mener des activités génératrices de revenu et ne pas prioriser forcément à un mariage sans toutefois penser à son autonomisation économique.
Au-delà, il s’agit pour nous de sensibiliser les décideurs nationaux comme internationaux à venir en aide pour une insertion socioprofessionnelle de la femme afin qu’elle puisse disposer de tous les mécanismes nécessaires pour jouir de cette émancipation psychologique et économique.
Et à quoi servent les fonds levé par votre Fondation ?
En décembre prochain, nous organisons un diner gala pour lever des fonds en vue de financer tout ce qui est centre de protection de la femme et de prise en charge holistique qui lui permettrait à la fin d’un séjour de bénéficier d’une activité génératrice de revenu.
Pour pouvoir lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles, il faudrait pouvoir avoir des centre d’accueil et d’hébergement qui leur permettraient de bénéficier d’un temps de transit, d’accompagnement psychologique. Aussi, ces lieux seront le cadre idéal pour leur apporter une aide pour leur autonomisation financière à travers des activités génératrices de revenu. Il s’agira d’apprendre un métier afin de pouvoir prendre en charge elle-même ses besoins prioritaires ainsi que pour leurs enfants.
Par ailleurs, ces centres permettent d’accompagner juridiquement ces femmes parce que s’attacher les services d’un avocat nécessite un minimum de financement qu’elles n’ont pas forcément. Dans ces centres que nous voulons construire, nous serons accompagnés par des magistrats, des avocats bénévoles qui sont prêts dans l’accompagnement juridique de ces femmes sans paiement d’émoluments.
Un centre est donc en construction dans la ville de Duékoué ?
Ce centre qui sera bâti sur 5000m² aura une capacité de 100 lits pour la prise en charge de ces femmes. Grâce à l’engouement national depuis 2023, un levé de fond a débuté.
Vous fonctionnez à 100% avec des fonds privés. Pourquoi ?
Il n’est pas évident de bénéficier d’aide ou de subvention. Notre organisation existe depuis 2018 avec plus de 10.000 membres bénévoles. Elle arrive à financer ses activités grâce aux cotisations des membres. Aujourd’hui, nous aimerions pouvoir être mieux accompagnés pour asseoir nos actions et porter de l’aide à toutes ces personnes.
Retranscrit par Joël DALLY