L’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) de l’or en Côte d’Ivoire revêt une importàce majeure en Côte d’Ivoire, où elle représente un moyen de subsistance dans les nombreuses communautés. Le secteur connaît une croissance depuis quelques années où l’activité est pratiquée dans 30 sur les 31 régions que compte le pays.
Selon les estimations du gouvernement, la Côte d’Ivoire compterait environ 500.000 exploitants d’or artisanal dont la plupart travaillent en dehors de tout cadre juridique. Ces acteurs, en grande partie, négligent les pratiques de diligence raisonnable susceptibles de promouvoir des pratiques minières plus responsables. "Le secteur de l’Exploitation Minière Artisanale à Petite Echelle (EMAPE) de l’or joue un rôle important dans l’économie du pays. Selon le Groupement Professionnel des Miniers de Côte d'Ivoire, la contribution de l’activité minière à l’économie en 2020 est de 850 milliards de FCFA" a révélé Dr Franck Essoh, coordonnateur général et President du comité de pilotage du projet planetGOLD.
L'or artisanal, souvent extrait de manière informelle par des communautés locales, représente une part significative de la production mondiale d'or. Cependant, l'utilisation du mercure dans ces pratiques d'extraction soulève des préoccupations majeures pour la santé humaine et l'environnement. Ce secteur est une source importante de pollution, contaminant ainsi l'air, le sol et l'eau, ce qui nuit gravement à la santé humaine et aux écosystèmes naturels. De plus, il convient de mentionner l'utilisation abusive des produits chimiques comme le mercure dans ce secteur.
Dans un monde de plus en plus conscient des enjeux écologiques et de la nécessité de pratiques durables, l'avenir de l'or artisanal sans mercure est prometteur mais nécessite une transformation profonde.
Les enjeux de l'utilisation du mercure
Le mercure est couramment utilisé dans l'extraction de l'or artisanal parce qu'il permet de récupérer efficacement de petites particules d'or. Toutefois, son utilisation a des conséquences catastrophiques sur l’environnement. Le mercure est un neurotoxique puissant qui peut entraîner des maladies graves chez les mineurs, affecter la santé des communautés environnantes et polluer les écosystèmes aquatiques. La nécessité de trouver des alternatives durables s'est imposée.
Face à cette menace, la Convention de Minamata sur le mercure, adoptée en 2013, représente une réponse juridique et environnementale globale. Cet instrument international contraignant vise à protéger la santé humaine et l’environnement contre les effets néfastes du mercure.
"La Côte d’Ivoire a ratifié cette convention le 1er octobre 2019, marquant ainsi son engagement à réduire l’usage du mercure, notamment dans l’orpaillage artisanal. Depuis cette ratification, plusieurs initiatives ont été engagées, notamment le projet planetGOLD Côte d’Ivoire lancé en 2023. Ce projet est un outil précieux qui vise à éliminer l'utilisation du mercure dans le secteur de l’Exploitation Minière Artisanale et à Petite Échelle de l’or (EMAPE) par une approche qui favorise la formalisation, augmente l'accès à des chaînes d'approvisionnement en or et introduit des mécanismes financiers pour l'adoption de technologies durables plus efficaces et sans mercure" poursuit le coordonnateur.
En vue de contribuer à l’amélioration du secteur de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) de l’or en Côte d’Ivoire, l’ONG IMPACT et le centre africain pour la santé environnante (CASE) travaillent sur le projet planetGOLD mis en œuvre par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Spécifiquement, ce projet qui a une durée de cinq ans vise à encourager la formalisation dans les communautés artisanales et à éliminer l’usage du mercure dans l’orpaillage.
Dans le cadre de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE), l’élimination du mercure est devenue une priorité pour réduire les impacts environnementaux et sanitaires. La toxicité du mercure, tant pour l’homme que pour l'environnement, pousse les acteurs du secteur à rechercher des solutions durables. Pour cela, plusieurs techniques alternatives, ainsi que l’utilisation de produits chimiques moins toxiques, sont désormais disponibles.
Les petits équipements tels que le concasseur, l'opération de broyage couplée à la concentration par sluice, les tables vibrantes et la centrifugeuse sont entre autres des techniques de traitement sans mercure.
L'or artisanal sans mercure, c’est possible
Afin de compléter l’usage d’équipements adaptés, plusieurs initiatives internationales et locales mettent en avant des alternatives chimiques moins nocives. Parmi elles, la SANDIOS (initiative chinoise). Ce produit de substitution est conçu pour être sans danger pour l’environnement et constitue une option viable pour les artisans.
A cela s’ajoute l’hypochlorite (DUNDE, initiative canadienne). Cette solution chimique, moins toxique, est utilisée pour la lixiviation de l’or, réduisant ainsi les risques sanitaires liés à la manipulation de substances dangereuses.
Enfin, l’approche de la SODEMI met en place un traitement des rejets (queues de lavage) pour récupérer l’or résiduel, contribuant ainsi à minimiser les pertes de ressources. Il ya egalement l’installation d’unités de traitement par zone, ce qui permet d’optimiser la gestion des déchets tout en améliorant la sécurité des opérations.
Des méthodes respectueuses de l'environnement permettent non seulement d'augmenter les rendements tout en éliminant l'usage de mercure, mais elles sont également accessibles pour les petites exploitations familiales.
Pour que l'avenir de l'or artisanal sans mercure soit véritablement réalisable, la sensibilisation et l'éducation des communautés locales sont cruciales. Des programmes de formation sur les dangers du mercure et les méthodes alternatives doivent être mis en place. Des organisations non gouvernementales, des gouvernements et des artisans eux-mêmes doivent collaborer pour créer des ressources éducatives et des systèmes de soutien.
En intégrant ces nouvelles pratiques, les mineurs peuvent non seulement améliorer leur santé mais également accroître la durabilité de leur activité. De plus, des projets de certification d'or responsable pourraient émerger, permettant aux consommateurs d'identifier et de soutenir des sources d'or éthique.
Joël DALLY
