Quelques mois après votre congrès et votre prise de fonction, votre mandat est secoué par une crise concernant le renouvellement des sections. On vous accuse de ne pas promouvoir la démocratie. Que répondez-vous ?
Effectivement, depuis notre arrivée à la tête de l'organisation, nous avons entrepris une transformation en faveur d'une gestion participative et d'un retour aux valeurs fondamentales. Cette mue implique la nécessité de combattre certaines pratiques au sein de nos rangs, ce qui est à l'origine de ces critiques. En ce qui concerne le renouvellement des sections, j'ai insisté pour que les différentes factions parviennent à un consensus pour présenter une candidature unique. Par le passé, les élections dans les sections étaient souvent marquées par des violences et des affrontements, suivis de longues périodes de réconciliation. Cependant, notre mission est de défendre les intérêts des élèves et des étudiants. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous diviser en interne et ensuite perdre du temps à nous réconcilier avant de nous concentrer sur notre mission principale. C'est pourquoi j'ai encouragé toutes les sections à travailler ensemble pour présenter des candidatures uniques.
Mais qu'est-ce qui n'a pas fonctionné malgré votre proposition ?
Certains individus sont impliqués Certains ont pris l'habitude de permettre à des personnes non étudiantes de diriger les sections. Cela est inacceptable sous notre direction. Il y a des individus qui ne sont pas inscrits régulièrement dans une école et qui tentent de manière frauduleuse de prendre la tête de sections dans des établissements. Certains sont impliqués dans des activités criminelles liées à la drogue, et on attend de moi que je ferme les yeux sur ces faits, ce que je refuse catégoriquement. Des individus non étudiants tentent de manipuler les rouages de l'organisation dans le but de prendre le contrôle des bases. Il y a notamment un élu local, dont je choisis de taire le nom pour le moment, qui est à l'origine de tout ce désordre.
Vous affirmez qu'il y a des personnes, y compris des acteurs politiques, qui travaillent en coulisses pour semer le chaos. De quel bord politique sont ces individus ?
Il est certain qu'il s'agit d'un élu local. En tant que journalistes, vous pouvez mener vos propres enquêtes. Nous avons été accusés de nombreuses choses par le passé. Je refuse d'accepter qu'une personne extérieure à notre organisation vienne semer le désordre et accuse la FESCI.Un communiqué signé par une personne se présentant sous le nom de Kabila vous accuse d'armer vos partisans de machettes pour contrôler le processus de renouvellement des sections.
Qu'avez-vous à dire à ce sujet ?
Je ne sais pas de qui il s'agit. Il n'y a personne nommée Kabila dans mon équipe. Je ne sais même pas de quelle section il est issu. Il est impensable d'envoyer des délégations pour organiser des élections et de leur fournir des machettes. Nous avons envoyé une délégation pour organiser des élections à Abobo, et cette délégation a été attaquée. La voiture d'un membre de mon bureau a été vandalisée, et un autre membre a été poignardé à la lèvre supérieure. Les gens voudraient que nous assistions à de telles attaques sans réagir, mais je refuse catégoriquement. Celui qui vient avec la bible sera accueilli avec la bible, mais celui qui vient avec autre chose sera traité en conséquence. J'ai pris un engagement envers la nation, et je ne permettrai à personne de m'intimider sur ce point. Soit nous partageons la même vision pour défendre les intérêts des élèves et des étudiants, soit nous ne marchons pas ensemble.
Est-ce à dire que vous vous défendrez si vous êtes attaqué avec une machette ?
Bien sûr. Ceux qui parlent de machettes préparent le terrain pour ce qu'ils complotent. Nous avons des preuves que des individus ont recruté des personnes dans la rue, je veux dire des "bandits" pour semer le désordre.
Le collectif des mécontents demande l'arrêt du processus de renouvellement des sections. Allez-vous céder à leurs demandes ?
Est-ce que c'est la première fois que des candidatures sont rejetées à la FESCI ? Nous disposons de tous les dossiers de candidature rejetés avec leurs justifications.
Tous ces remous surviennent à quelques mois de votre début de mandat. Cela pourrait-il vous décourager de poursuivre vos réformes ?
Ecoutez, je suis habitué à cela. On me surnomme d'ailleurs la "formule du désert" dans notre milieu. Depuis mes études en sciences économiques où j'étais secrétaire de section, je n'ai jamais connu de calme plat. Avant même d'accéder à la tête de l'organisation, je savais à quoi m'attendre. Je savais que j'aurais des adversaires internes et externes en annonçant des réformes. Mais ce ne sont que des obstacles mineurs. Ce qui se passe ne nous découragera pas de poursuivre nos réformes. Nous voulons que la FESCI soit entre les mains des étudiants. Des individus âgés de 40 ans cherchent à devenir secrétaires généraux de section, et certains sont carrément impliqués dans des activités criminelles liées à la drogue. Je ne peux pas accepter cela. Les gens sont habitués aux pratiques mafieuses du passé, donc lorsqu'arrive le vent du changement, il leur est difficile de l'accepter.
Interview réalisée par
Ernest Famin