Société

DOSSIER SANTE/Cancer du col de l’utérus : la mort au bout du sexe

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Une vue des lésions précancéreuses qui débouchent si le cancer du col de l’utérus 15 à 20 ans plus tard, si elles ne sont pas détectées très tôt.
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Tueur silencieux, le cancer du col de l’utérus semble également être drapé d’un silence médiatique, derrière lequel se cachent pourtant des drames sans nom. En effet, selon le Programme National de lutte contre le cancer, cette maladie est la deuxième cause de décès par cancer chez les femmes en Côte d’Ivoire.  D’où l’urgence d’intensifier la lutte contre sa propagation par le dépistage précoce.

Neuf (9) ans après le décès de sa mère des suites du cancer du col de l’utérus, Christine D. reste encore marquée par les derniers instants de la défunte. Elle n’a rien oublié de ces journées d’affliction et ces nuits blanches qu’elle a vécues au chevet de sa mère. « Elle saignait régulièrement et ne parvenait pas à contenir ses selles. Il me fallait continuellement essuyer ces liquides malodorants », se souvient cette étudiante. « Hospitalisée au CHU de Cocody, elle a fini par y mourir après quelques semaines passées à se battre contre ce mal qui l’avait réduite à l’état de légume », se rappelle-t-elle encore. La mère de Christine fait partie de ces 1417 femmes qui, selon le Programme National de lutte contre le cancer, meurent du cancer du col de l’utérus chaque année en Côte d’Ivoire. Soit plus de 12 000 femmes par an. Plus alarmant : 2067 nouveaux cas sont détectés chaque année. C’est dire si cette maladie sème aujourd’hui encore douleurs et désolation dans les familles.

La dépigmentation et la multiplicité des partenaires : deux facteurs de risque.

Essentiellement contractée par rapport sexuel, le cancer du col de l’utérus est causé par un virus connu sous l’appellation de papilloma virus ou HPV (human papilloma Virus). Les femmes qui entrent en activité sexuelle avant l’âge de 20 ans s’exposent à ce virus, autant que celles qui multiplient les partenaires. Au nombre des facteurs de risque, le fait de recourir aux corticoïdes pour se dépigmenter la peau, le fait de fumer, de faire beaucoup d’enfants ou de contracter le virus du Vih/Sida. « Les corticoïdes réduisent votre défense immunitaire, donc vous vous défendez moins bien contre le virus et partant vous lui permettez de venir s’installer sur votre col. C’est en cela que la dépigmentation est un facteur de risque. Tout comme la fumée de cigarette, qui elle aussi agit sur le système immunitaire. En France, une étude a, en effet, révélé que le taux de cancer a augmenté chez les femmes en raison de la fumée de cigarette chez celles qui fument », soutient Dr Usher Mélanie, médecin anatomo-pathologiste.

Une fois qu’il s’est installé sur le col de l’utérus, le virus y évolue silencieusement. « S’il n’est pas découvert suite à un dépistage, le papilloma virus évolue à bas bruit comme une infection virale qui peut être détectée. Ce n’est que 10 à 20 ans après que s'installe le cancer du col. A ce moment, c’est trop tard pour agir efficacement », explique Dr Usher. Car, à ce stade, la tumeur qui s’est formée dans l’utérus, devient assez grosse au point de comprimer la vessie et le rectum, situés dans le périmètre de l’utérus. Il s’ensuit des difficultés pour uriner et aller à la selle.

Un traitement lourd et coûteux

A ce stade, le traitement devient coûteux, car le médecin va vous demander une batterie d’examens d’exploration pour savoir à quel stade (de I à IV) se trouve la maladie. La prise en charge nécessitera une colposcopie biopsie avec examen histologique, une échographie endo-vaginale, un scanner du pelvis et/ou une imagerie à résonnance magnétique (IRM pelvien). Puis suivra une thérapie particulière en fonction du stade auquel se situe l’évolution du cancer avancé.

La malade pourrait alors être soumise à une combinaison de traitements qui vont de la chirurgie conservatrice ou radicale, à la chimiothérapie ou la radiothérapie, en passant par des soins palliatifs pour l’aider à vivre avec la maladie. Un traitement lourd qui met, bien souvent, la bourse à rude épreuve et finit par faire le vide autour de la malade. « Le coût du traitement, c’est entre 5 et 10 millions FCFA au moins, là où la prévention coûte entre 170 000 FCFA et 400 000 FCFA », estime Dr Usher Mélanie de l’ONG WILIC International.

Assane Niada

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