Société

Enseignement supérieur/Suppression du tronc commun en médecine: Ce que les organisations syndicales préconisent 

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L’ex-ministre de l’Enseignement supérieur a supprimé le tronc commun à l’Université Nangui-Abrogoua (Ph : DR)
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Des réformes ont été annoncées à l’Enseignement supérieur au titre de l’année académique 2023-2024. La suppression de l’année préparatoire médecine-pharmacie-odontostomatologie, appelée communément tronc commun, par l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Adama Diawara, est la source de plusieurs grincements de dents.

Les conditions d’études en médecine, pharmacie ou odontostomatologie en Côte d’Ivoire, ont changé. Le tronc commun, institué dans le courant des années 1990 avec l’ouverture de l’Université Nangui Abrogoua pour des études en science de la santé, n’existe plus. Pour la rentrée académique 2023-2024, Adama Diawara, ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en a décidé autrement. L’annonce, qui a fait du tollé dans le milieu éducatif et universitaire, a été faite le mercredi 2 août 2023, à l’Université Félix Houphouët-Boigny, lors de l’ouverture de l’édition 2023 des Journées de l’orientation du Bachelier (JOB). Pour l’ex-ministre, c’est désormais un peu plus de 600 étudiants qui seront admis dès la première année en médecine, pharmacie et odontostomatologie. Mieux, ces étudiants en sciences de la médecine ne seront plus concentrés à l’Université Félix Houphouët-Boigny, mais dans les autres universités à travers le pays. L’une des raisons de cette décision, selon le Pr Adama Diawara, était de « ramener la formation en 1ère année dans les UFR des sciences de la santé. Désormais, cette formation aura lieu dans les quatre UFR des sciences de la santé, à savoir, médecine, pharmacie, odontostomatologie de l’Université Félix Houphouët-Boigny et l’UFR sciences médicales de l’Université Alassane Ouattara. La deuxième raison, c’est de corriger un certain nombre de dysfonctionnements dans notre système de formation en sciences de la santé.

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Ainsi, on résout le problème des heures complémentaires, parce qu’actuellement, les cours qui se font à l’École préparatoire aux sciences de la santé (EPSS) sont comptabilisés comme des heures complémentaires. Cela, avec le fait que ça crève le budget de l’université Nangui Abrogoua ». Cette décision a été fortement dénoncée par la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Ce n’est pas le cas pour de nombreuses organisations syndicales et associatives de l’Enseignement supérieur et ainsi que des parents d’étudiants. Dans le monde universitaire, la Coordination nationale des enseignants du supérieur et chercheurs (CNEC), est favorable à cette réforme. Pour le Secrétaire général de cette organisation, Dr Kazon Aubin, cette réforme fait partie de la vie de toute organisation : « Nous disons que dans l’évolution de toute nation, il y a des réformes qui sont faites dans tous les secteurs d’activité. Donc, la CNEC ne peut s’opposer à une réforme qui est faite au niveau de l’enseignement supérieur. Seulement, nous disons que les réformes doivent tenir compte des symboles dans chaque domaine. L’école préparatoire des sciences de la santé (tronc commun) est un symbole dans le milieu de l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire. Pour toucher à ce symbole, il était bon de prendre des mesures transitoires pour que les grincements de dents n’aient pas le même effet qu’aujourd’hui », a soutenu Kazon Aubin. Il a tout de même estimé que cette mesure doit nécessiter la prise de mesures transitoires : « Pour les mesures transitoires, il aurait fallu mettre en place, pour la première année, de façon théorique avec les enseignants qui sont recrutés, une maquette. Dans quatre à cinq universités, il est prévu des UFR des sciences de la santé. Donc, on peut déjà mettre en place, ces premières années à travers des structures et des maquettes.

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Et ce sont les personnes recrutées dans ces structures qui allaient constituer les personnes ressources pour former les étudiants. Cela allait résoudre aussi la question de l’orientation que posent les étudiants, parce qu’ils estiment qu’en supprimant le tronc commun, cela va empêcher l’orientation de la grande masse. Pourtant, si toutes ces structures sont mises en place dans ces universités, c’est clair que le taux d’orientation sera un peu plus élevé. C’est pour cela, la CNEC estime que cette année soit considérée comme une année transitoire pour préparer les esprits des étudiants et des enseignants. Il faut laisser l’ancien système continuer. Pour nous, il faut donner la chance aux redoublants de cette année pour recomposer », a souhaité le syndicaliste.

Tout comme lui, Claude Kadio Aka, président du Collectif de l’association des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire, n’est pas de l’avis de ceux qui s’opposent à la réforme. Selon lui, c’est une mesure à saluer. « Les gens font la polémique pour rien, parce que dans le fond, rien ne disparaît. Bien au contraire, la situation s’améliore. Cette faculté de médecine se fait seulement à Abobo-Adjamé. Il y a beaucoup d’étudiants qui y sont affectés et les conditions de travail font qu’à la fin de l’année, beaucoup d’entre eux ne sont pas admis. Et même lorsqu’il arrive qu’ils sont tous admis, sur 2000 personnes par exemple, on ne pouvait que prendre 500. Que deviennent les autres ? Le ministre a pris cette décision pour décentraliser afin que les autres universités puissent recevoir des étudiants. C’est pour désengorger Abobo-Adjamé, le tronc commun n’a donc plus sa place. Je suis d’accord avec les nouvelles mesures prises par le ministre dans le domaine de la médecine. C’est une très bonne chose que de supprimer ce tronc commun et faire en sorte que tous ceux qui sont capables de réussir au concours, puissent être insérés », a indiqué Claude Kadio Aka.

 

Ernest Famin

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