Préparer la riposte contre les bactéries ultrarésistantes aux antibiotiques dans les établissements de santé, tel est l’objectif de la réunion extraordinaire du Groupe Multisectoriel de Coordination de la lutte contre la Résistance aux Anti Microbiens (GMC -RAM). En clair, cette réunion d’urgence visait la mise en place d'un système d’alerte, de riposte et de gestion consensuelle des cas d’infections nosocomiales liées aux pathogènes hautement résistants dans les établissements de soins de santé sur l’ensemble du territoire national.
Le Groupe Multisectoriel de Coordination de la lutte contre la Résistance aux Anti Microbiens (GMC-RAM) veut apporter une riposte au vu de la montée des cas de bactéries hautement résistantes émergentes (BHRe) dans les services sensibles des Centres Hospitaliers et Universitaires de Cocody, de Treichville et du centre des Grands Brûlés du SAMU. « Ce qui se passe dans nos CHU est une réalité, c’est vous qui mesurez la menace de la résistance aux antimicrobiens sur notre système de santé. C’est une menace pour la sécurité sanitaire mondiale. Imaginez si ce qui se passe dans certains CHU se généralise », a affirmé Dr Zombré Daogo Sosthème, conseiller politique et système de santé, OMS-CI à l’ouverture de l’atelier.
Selon la présidente du GMC-RAM et directrice de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, Prof Mireille Dosso, la prolifération des bactéries ultrarésistantes expose à une situation catastrophique due au fait de l’inexistence d’outils thérapeutiques pour les patients. Selon elle, la tenue de cette réunion extraordinaire est la conséquence de la grave situation survenue au service de réanimation du CHU de Cocody ayant entraîné le décès de cinq (05) patients ; décès, précisera-t-elle, consécutif à une infection à bactéries ultrarésistantes.
« Les infections nosocomiales à bactéries ultrarésistantes sont un drame. C’est un tueur silencieux dans nos unités de soins et dans nos hôpitaux. Il faut prendre conscience de cette impasse thérapeutique et identifier les pistes à prendre ensemble pour attaquer ce fléau silencieux. C’est le point de départ de la riposte aux bactéries ultrarésistants », a soutenu Prof Mireille Dosso.
Le Directeur médical et scientifique du CHU de Cocody, Prof Moh Elo Nicolas, a souligné que le CHU de Cocody est à l’honneur dans cette situation, mais il reste déterminé à mettre en œuvre toutes les résolutions avec l’accompagnement de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire pour améliorer leurs pratiques de soin. Il a également souhaité que les résolutions qui sortiront de cette réunion puissent être mises en œuvre de façon rapide pour colmater un certain nombre de choses, de la gouvernance jusqu’à l’opérationnel.
Quant à Dr Assa Lynda, réanimateur au CHU de Cocody, les infections nosocomiales sont courantes dans les blocs de réanimation et il faut que cette rencontre puisse produire des résolutions applicables par les décideurs pour freiner ce tueur silencieux.
Notons que les infections nosocomiales sont des infections liées aux soins apparaissant 48 h après une hospitalisation ou plus 72 heures après la sortie, voire pour certaines interventions chirurgicales 6 mois.
Ernest Famin