A l’occasion de la célébration en 2023 de la journée mondiale du donneur de sang, tous les 14 juin, quelle est la situation générale actuelle du sang en Côte d’Ivoire ? Invité de la tribune ‘’Tout savoir sur’’ organisée par le Centre d’information et de communication gouvernementale (CICG), Dr Konaté Séidou, directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS) a dressé l’état des lieux. Selon lui, depuis 2022, « la fraude a véritablement baissé, pour ne pas dire a stoppé.
Les révélations du DG de Centre de transfusion sanguine
Au lendemain de l’entrée en vigueur l’arrêté, certains agents, notamment à l’hôpital général d’Abobo, Abengourou, Divo, ont été interpelés. Ceux qui se sont rendus coupables de fraude sont passés devant la justice et ont été écroués à la MACA. Ils ont perdu leur emploi par la suite ». Pour veiller au respect scrupuleux des nouvelles mesures, un numéro vert a été mis à disposition pour dénoncer les abus. « Aujourd’hui, dès qu’il y a des plaintes, l’Inspection générale de la santé est saisie. Des enquêtes sont ouvertes et si les faits sont avérés, les auteurs sont appréhendés. Il y a eu beaucoup de plaintes, mais certaines ne sont pas fondées », précise le DG du CNTS.
Il faut souligner que devant les récriminations récurrentes des populations, le gouvernement s’est donné pour mission de restructurer ce système. Le ministre de la Santé a plaidé et obtenu en 2022, l’augmentation du budget d’exploitation et d’investissement du CNTS. D’importantes mesures ont donc été arrêtées en vue de renforcer les capacités de production de sang des différentes structures dudit centre, de façon à couvrir entièrement les besoins estimés à 250.000 unités de poches de sang par an. Ainsi, un budget additionnel de 5 milliards de Fcfa a été alloué au CNTS dans le cadre du PSGouv 2, pour financer l’achat d’intrants.
Des drones pour distribuer le sang
La technologie s’est même invitée à cette restructuration, avec l’utilisation des drones. « Les drones sont arrivés en Côte d’Ivoire. Ils sont utilisés dans les cas d’extrême urgence. Nous avons une base de lancement à Daloa pour le moment. Il est prévu 5 bases. A Abidjan le système prend du temps à cause du trafic aérien très dense. Ces drones servent aussi bien pour le transport du sang que pour les médicaments et les vaccins. Les drones ne vont pas au-delà d’un rayon de 100 Km », fait savoir le DG du CNTS. Par ailleurs, le Conseil a décidé d’uniformiser les prix de cession du sang et des produits sanguins à 3000 Fcfa aussi bien dans le secteur public que privé, en vue d’éradiquer la spéculation et les trafics de tout genre autour du sang.
Uniformisation des couts à 3000 Fcfa
A en croire M. Konaté Seïdou, toutes ces actions entreprises, ont permis au CNTS, au 31 décembre 2022, de prélever, 215.000 poches de sang et distribué aux hôpitaux 245.000 produits sanguins. Pour 2023, l’objectif de prélèvement minimum est de 250.000 poches de sang. Au 31 mai 2023, ce sont 91.000 poches de sang qui ont été collectées. Il faut dire qu’à ce jour sur l’ensemble du territoire national, ce sont 27 structures transfusionnelles (5 Centre Régionaux de Transfusion Sanguines, 17 Centres Départementaux de Transfusion Sanguine et 5 Sites de Prélèvement) qui mènent les activités de prélèvements, de qualification biologique, de préparation, de stockage, de distribution et de conseils transfusionnels. Le sang prélevé, subit une batterie d’examen (VIH SIDA, les Hépatites B et C, la Syphilis, groupage sanguin ABO Rhésus) afin de le sécuriser.
Les plus gros consommateurs de sang
Malgré les avancées, la Côte d’Ivoire est confrontée à des pénuries fréquentes. L’insuffisance des donneurs est le premier facteur. La conséquence directe est l’élévation du taux de morbidité et de mortalité, touchant particulièrement le couple mère-enfant. Selon le directeur générale du CNTS, plusieurs travaux ont montré que parmi les demandeurs, 45% sont des femmes en couches et 33 % des enfants. Cela est dû aux retards de consultations prénatales pour les femmes enceintes dans les services de maternité, favorisant la survenue de nombreuses complications hémorragiques.
Pour être plus efficace, le CNTS, selon son premier responsable, entend « renforcer son système de communication. Nous avons un logiciel appelé GTS, qui nous permet en temps réel, de savoir le stock dans les établissements sanitaires du pays. De sorte à en disposer là où le besoin est urgent ». Il a ensuite précisé que le cout de production d’une poche de sang, est au moins 50.000 Fcfa. « Le cout de la poche de sang fixé 3000 Fcfa, est donc une participation des citoyens », a-t-il justifié, avant d’ajouter : « Si vous êtes un indigent, et que la preuve est établie, le sang vous est cédé gracieusement. Si vous êtes un donneur, le sang, vous est donné gracieusement aussi. C’est le cas vous le donneur, à son ou sa conjointe, aux descendants et aussi aux ascendants ».
Manuel Zako
