Une mission de contrôle a été effectuée sur la gestion de la MUPEMENET-CI du 01 septembre au 21 octobre 2022. Cette mission recommandée par le ministre de l'Emploi et de la Protection sociale selon Koné Colette, a permis de déceler de nombreuses failles dans la gestion du Conseil d'administration qui porte sur les exercices de 2018, 2019, 2021 et 2022. Au sujet de la gouvernance, le rapport révèle que 9 administrateurs et 5 contrôleurs qui n'occupent pas des emplois effectifs percevaient des indemnités non règlementaires.
« 9 Administrateurs et 5 Contrôleurs ont perçu des indemnités mensuelles d’un montant cumulé de 18 870 000 FCFA, soit 226 440 000 FCFA par an. Des dotations supplémentaires annuelles dites « flottantes » sont octroyées à l’ensemble des membres du Conseil pour un montant 3 000 000 FCFA par Administrateur et une assistance financière exceptionnelle supplémentaire, en cas de besoin. Ces derniers, en effet, se sont attribués des rémunérations en violation des statuts et règlement intérieur et des textes », a révélé Koné Colette.
Au titre des procédures comptables et financières, Koné Colette a déploré que la mutuelle ne dispose d’aucune procédure comptable, administrative et financière. Ce qui a facilité, selon la conférencière, le retrait irrégulier de fortes sommes d’argent à la banque par le conseil d’administration de cette organisation. À titre d’exemple, elle a cité Youan Bi, Informaticien pour le retrait de plus de 326 millions 371 126 FCFA ; Tehe Edmond, chauffeur pour le retrait de 435 342 326 FCFA ; Ouattara Jean Louis, Agent Comptable/facturation, plus d’un milliard (1 345 418 678 FCFA) et le PCA lui-même Boko Brou Sylvestre 248 607 300 FCFA. A ces actes de mal gouvernance, a poursuivi la DG de l’AIRMS s’ajoutent des dépenses insuffisamment justifiées d’un montant de 689 842 796 FCFA et de 1 556 519 500 FCFA. Ce dernier montant selon elle concerne des opérations comptabilisées sans supports justificatifs. Autre fait reproché à la gestion de Boko Sylvestre, c’est ce que la MUPEMENET n’est pas propriétaire du bâtiment qui fait office de son centre médical à Yopougon. « Car, nonobstant les investissements importants réalisés, la propriété du bâtiment est détenue par un particulier avec lequel un contrat de bail est signé pour un montant mensuel de 800 000 FCFA. Tandis que la comptabilité enregistre un loyer mensuel de 2 000 000 FCFA, soit un écart de 1 200 000 FCFA par mois injustifié », a-t-elle dénoncé. Elle a ajouté qu’au niveau des dettes sociales, une dette d’un montant de 274 817 056 FCFA est enregistrée dans les comptes du CME, au profit de la MUPEMENET-CI et cela n’est pas clairement retracé dans le patrimoine de la Mutuelle sociale.
Au niveau des biens sociaux, le rapport révèle que le véhicule de marque FORD du PCA ne figure ni dans le parc auto, ni dans le patrimoine de la Mutuelle sociale. Et pourtant, le coût d’acquisition du véhicule de 42 000 000 FCFA l’a été sur fonds de la mutuelle, mais la carte grise du véhicule porte le nom du Boko Sylvestre. C’est au regard de toutes ces malversations qu’un plan de redressement a été imposé à la mutuelle, doublé d’une mise sous surveillance. Mais ces mesures qui étaient valables pour une période de 14 mois depuis le jeudi 02 mars 2023 n’ont pas été respectées par le conseil d’administration de la mutuelle. D’où la sévère mise en garde de Koné Colette, qui a annoncé la nomination d’un Directeur exécutif provisoire à compter d’aujourd’hui jeudi 25 mai 2023. Ce dernier sera chargé de la mise en œuvre du plan de redressement. « C’est pourquoi l’AIRMS prend ses responsabilités pour faire appliquer immédiatement ces décisions et faire connaître au monde mutualiste que l’organe de régulation de la mutualité sociale est le contrôleur et le garant de l’application des textes qui régissent ce domaine au risque de s’exposer à des sanctions, qui vont jusqu’au retrait de l’agrément », a-t-elle menacé.
Ernest Famin