Santé

Mutuelle - Dr Korotoum Koné : « On devrait essayer les femmes » à la MUGEFCI

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Dr Koné Korotoum épouse Coulibaly, est médecin diabétologue et nutritionniste. Elle a affiché ses ambitions de diriger le Conseil d’administration de la mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l’État de Côte d’Ivoire (MUGEFCI). Dans cet entretien, elle donne les raisons qui motivent sa candidature.  

 

Vous êtes candidate à la succession de Mesmin Komoé pour la présidence du conseil d’administration de la MUGEFCI. Quelles sont les motivations de votre candidature ?

Dans ma spécialité, 80% de nos patients souffrent de pathologies qui nécessitent une prise en charge à vie. La prise en charge à vie implique des contraintes. Généralement, elle est liée à un régime alimentaire draconien, à la pratique du sport, sans oublier les médicaments. Lorsqu’une personne est diagnostiquée et qu’elle doit changer toutes ses habitudes, cela est très difficile. Donc, lorsque vous devez annoncer à une personne qu’elle souffre de telle pathologie et que sa prise en charge sera faite à vie, à un certain moment, vous-même, vous commencez à vous sentir mal à l’aise. Ce qui vous amène à vous poser la question de savoir s’il n’y a pas un moyen d’actions pour faire en sorte qu’il y ait moins de personnes victimes de ces pathologies. Dans ce cadre, j’avais monté un projet de prévention. L’objectif, c’était de réduire l’incidence des pathologies chroniques. Dans la recherche de financements de ce projet, j’avais besoin d’une organisation qui regroupait un grand nombre de personnes.  Je me suis rendu compte que c’est la MUGEFCI qui regroupait plus de 300.000 mutualistes. Pour moi, c’était donc une aubaine pour pouvoir réaliser ce projet. Mais chemin faisant, quand on s’intéresse à la structure elle-même, il y a tellement de problèmes que le projet pour lequel je suis venue vers la maison, n’était même pas d’actualité. Chaque fois, on avait les retours de beaucoup de patients qui se plaignaient du fait que certains médicaments passaient sur les bons et que ce n’était pas le cas pour plusieurs. Face à cette situation, beaucoup de mutualistes ont trouvé des moyens de contournement de la mutuelle.

 

Quels sont ces moyens ?

Ils souscrivent à d’autres assurances, parce qu’ils estiment que leur mutuelle est trop contraignante. Dans mes tournées à l’intérieur du pays, il y a une dame qui m’a confirmé qu’elle a déchiré sa carte de MUGEFCI dans une pharmacie. Cela voudrait dire que le désamour entre eux et leur mutuelle est très profond. Face à ces problèmes, j’estime qu’il faut faire quelque chose.

 

Voulez-vous dire que la MUGEFCI ne répond pas aux attentes de ses adhérents ?

Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les mutualistes qui le disent. Comme je vous l’ai dit, je tourne beaucoup à l’intérieur du pays, parce ce que je veux que mon projet touche le maximum de mutualistes. Donc, je vais dans les contrées les plus reculées du pays pour recueillir les préoccupations des mutualistes. Et je me suis rendu compte qu’il y a beaucoup à faire.

 

Qu’est-ce que vous comptez apporter si vous étiez élue ?

Je voudrais qu’on comprenne qu’au sein de la mutuelle, le plus important, c’est le bien-être du mutualiste. Cela passe par l’accès aux médicaments disponibles. Mais aujourd’hui, il y a tellement de goulots d’étranglement pour l’accès aux médicaments, ce qui est déplorable. Pour ce qui est des pathologies chroniques, avec les cartes TPE, lorsqu’on change une molécule chez les patients, cela crée d’énormes désagréments pour eux, surtout qu’ils sont d’un certain âge. Il y a beaucoup à faire, il faut que les mutualistes se sentent dans leur mutuelle. Avec la création de plusieurs produits, celui qui n’a pas les grands moyens, n’est plus dans la mutuelle. Conséquence, nous ne sommes plus dans la mutualité que la mutuelle est censée prônée, puisqu’il faut avoir beaucoup d’argent pour bénéficier de toutes les prestations. 

 

Vous êtes femme et voulez diriger la mutuelle ?  

Vous savez que quand il y a un malade au sein de la famille, c’est la femme qui porte le poids de la maladie. Quand les enfants sont malades, c’est elle qui est à côté d’eux. Lorsque c’est l’homme, c’est encore elle qui est à ses soins. Lorsque la femme est malade, l’époux est désorienté. Donc, c’est normal que les femmes se sentent concernées par les problèmes de mutuelle de la santé, parce que les problèmes de santé de la famille reposent en général sur les épaules de la femme. À un certain moment, il faut qu’on prenne nos responsabilités. Généralement, les femmes, avec la touche maternelle, elles ont envie de bien faire les choses. Nous nous soucions de savoir ce qu’on dira de nous, comment vont réagir les enfants si leur maman a une mauvaise presse. Toutes ces pressions font qu’on a vraiment envie de réussir lorsqu’on nous confie une responsabilité.

 

Est-ce à dire que l’heure de la femme a sonné pour gérer la MUGEFCI ?

Je pense qu’on devrait essayer les femmes, parce que jusque-là, ce sont les hommes qui ont dirigé et nous ne sommes pas encore satisfaites. On pourrait essayer une femme, peut-être que cela changerait l’ordre des choses.

Ernest Famin

 

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