Le jeudi 02 février 2023, des individus se disant cadres et techniciens au LANADA, ont dénoncé devant la presse, un abus de pouvoir de la part de leurs employeurs. Ils ont fait part à l’opinion d’une injustice qui leur a été faite dans le cadre de leur renvoi des logements qu’ils occupaient depuis plus de 30 ans pour certains. L’un d’entre eux, a donné des explications à ce sujet. « J’étais au travail le matin et la servante m’interpelle pour me dire que la police et certains éléments sont en train de forcer nos portes pour avoir accès "à nos maisons". Quand je suis arrivé, la première des choses que j’ai demandée, est de dire qu’est-ce qui se passe ? Ils m’ont répondu que comme nous ne travaillons plus ici, parce que fonctionnaire, nous ne devons plus être ici. Vous n’avez plus droit. Je leur ai répondu de quoi il est question. J’ai failli me faire molester d’ailleurs », s’était longuement expliqué Dr Affourmou Kouamé, enseignant-chercheur, au nom des occupants du site.
En retour, la réplique des responsables du LANADA, structure sous tutelle du ministère d’État, ministère de l’Agriculture et du développement durable, ne s’est pas fait attendre. Diomandé Ali, Président du conseil de gestion (PCG) et Mme Lepry née Amatcha Yobouet Charlotte, directrice de LANADA, sont montés au créneau au cours d’une conférence de presse, vendredi 03 février 2023, depuis leur lieu de service à Abidjan-Plateau, pour dire leurs parts de vérité.
Pour Docteur Diomandé Ali, l’affaire a éclaté au grand jour, à la suite de plusieurs constats de fraudes et de détournements constatés au sein du LANADA par l’actuelle équipe dirigeante qui, à son tour, a sollicité l’inspection générale d’État (IGE). L’audit mené par l’IGE, a confirmé des faits graves de malversations financières par la direction sortante sur des fonds publics destinés à la réhabilitation des laboratoires et des matériels en vue de leur équipement. Toujours selon l’actuel PCG du LANADA, le conseil scientifique a découvert des paiements de primes de recherches à des personnes ne faisant plus partie du personnel du LANADA. L’inspection des logements d’astreintes au nombre de 12 dont 11 à Bingerville et 01 à Korhogo, a permis de constater une occupation anarchique des occupants qui n’étaient plus en activité au LANADA. « Ces travailleurs sont des personnes qui, de permanence, doivent travailler sur le site pour les urgences en matière de veille et de protection des épidémies comme la grippe aviaire, les chevaux… », a déclaré Dr Diomandé Ali.
La preuve de l’occupation illégale des habitations
Dr Diomandé Ali a fait savoir que le LANADA comprend 05 laboratoires dont le laboratoire central vétérinaire de Bingerville qui dispose de 10 logements d’astreintes destinés aux cadres et techniciens de laboratoire pour les besoins de service. Mais depuis 1 an, six agents ne faisant plus partie dudit établissement, refusent de libérer ces logements d’astreintes qu’ils occupaient dans le cadre de leurs fonctions et ce, malgré les multiples courriers à eux adressés par le LANADA (ndlr : il brandit des copies des mises en demeure). Il s’agit de Dr Couacy Hymann Emmanuel, ex-chef de service de virologie qui est admis à faire valoir ses droits à la retraite, Dr Touré Alassane, ex-chef de service d’Anatomie-Pathologie, mis à la disposition du ministère de la Fonction publique, Dr Beugré Félicité, ex-cheffe du service de Bactériologie, mise à la disposition du ministère de la Fonction publique, Dr Gbamélé Atrou Pélagie, ex-technicienne de laboratoire, mise à la disposition du ministère de la Fonction publique, Dr Affourmou Kouamé, ex-technicien de laboratoire, mis à la disposition du ministère de la Fonction publique et Mlle Diomandé Aïssata, ex-caissière, mise à la disposition du ministère de la Fonction publique.
Il a aussi noté qu’en plus de constituer un abus d’utilisation d’un bien public par des personnes non habilitées, ils empêchent leurs remplaçants qui y sont en fonction d’assurer correctement les missions qui leur sont assignées.
Par ailleurs, le PCG a fait savoir qu’a l’état actuel, les maisons sont dans un état de délabrement avancé et les factures d’électricité impayées s’élèvent à plus de 160 millions de FCFA.
« On est arrivé à une situation où on a eu des occupants de logements qui n’étaient plus en fonction. Il y en a qui étaient à la retraite, étaient affectés ailleurs, mais qui avaient mis leurs parents en occupation pendant 08 ans et il y en a qui ont quitté et mis ces logements en location. Ceux qui doivent occuper ces maisons d’astreinte, sont obligés de dormir dans les laboratoires avec tout ce que cela comporte comme risque. C’est pour réparer une injustice que nous avons pris le soin de les déloger. J’ai reçu et entendu toutes les parties avec le secrétaire général de leur syndicat le 28 juin 2021 (…) Ce sont eux-mêmes qui ont décidé de quitter le LANADA pour se mettre à la disposition de la Fonction publique », a déclaré Dr Diomandé Ali, déplorant l’état de dégradation avancée de ces maisons. Car, certains ont emporté avec les sanitaires.
Des changements en vue
Avant l’arrivée de l’actuel équipe dirigeante du LANADA, cette structure a fonctionné pendant 08 ans sans Conseil de gestion. Pour lui donner du sang neuf, le Pcg, Diomandé Ali, a promis que les maisons d’astreinte vont adopter un autre mode fonctionnement.
« Dans les décisions, nous allons chercher la justice et l’équité. Nous avons déjà saisi le service juridique du ministère pour qu’en fonction de tous les textes normatifs qui existent, qu’il nous fasse un projet de relation qui va exister entre l’occupant et le laboratoire central vétérinaire de Bingerville. Si on continue de faire comme avant, on va arriver au même résultat. Il faut que cela soit formalisé, de telle sorte que celui qui ne doit plus être là, ne le soit pas », a-t-il insisté.
Dr Diomandé Ali, par ailleurs, administrateur général des services financiers, ex-inspecteur d’État, ex-Conseiller du président de la République et Conseiller au cabinet du Premier ministre, avait à ses côtés, Dame Lepry née Amatcha Yobouet Charlotte, directrice du LANADA, a informé que la structure compte 130 chercheurs et qu’elle exécutait les décisions du Conseil de gestion. Non sans avoir réitéré ses remerciements au ministre d’État, ministre de l’Agriculture et du développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani pour les réformes menées dans leur secteur.
Il est important de rappeler qu’avant, le président du Conseil de gestion du LANADA avait pour mission de préserver et d’améliorer les productions végétales et animales, et leurs conditions de production. Il compte plus de 130 agents repartis sur six sites, plus précisément trois laboratoires centraux et deux laboratoires, ainsi que des services administratifs. Le LANADA contrôle la qualité des denrées alimentaires comme la viande, le poisson et le lait. Il détermine aussi la qualité des semences de riz, de mais, de tomate d’aubergine, de soja, etc.
Le Laboratoire est un établissement public national qui comprend cinq laboratoires dont le laboratoire central vétérinaire de Bingerville (Lcvb), qui dispose de dix logements d’astreinte destinés aux cadres et techniciens de ce laboratoire pour des besoins de service.
Venance Kokora
