Société

Prime ADO: Les fonctionnaires refusent d’être précomptés

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Attaby Pacôme (à gauche) et Zadi Gnagna (à droite) n’ont pas la même vision de la lutte syndicale. (Photo : DR)
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Les fonctionnaires jubilent. Ils passeront le mois de janvier, réputé être un mois très difficile financièrement, en raison des dépenses occasionnées par les fêtes de fin d’année, dans de bonnes conditions.  Le chef de l’État Alassane Ouattara, conformément à ses engagements, a débloqué 25 milliards F CFA pour le paiement de la prime exceptionnelle. Sauf que le précompte qui avait été préconisé par les centrales syndicales, n’a pas été effectif.

25 milliards de F CFA, c’est le montant global décaissé depuis mardi 03 janvier 2023 au profit des fonctionnaires ivoiriens, au titre de la prime exceptionnelle. Chaque fonctionnaire percevra le 1/3 de son salaire. Une première en Côte d’Ivoire. C’est le fruit de la lutte des centrales syndicales, et dont la tête de file est Zadi Gnagna qui avait fait de la revendication d’un treizième mois de salaire, l’une des principales raisons des revendications de la Centrale plateforme. Le président de la République qui a donné une suite favorable à cette doléance, sous la forme plutôt d’une prime exceptionnelle, a fait cette annonce lors de son discours à la Nation le 06 août 2022.

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Les fonctionnaires, à travers leurs centrales syndicales au nombre de huit (8) réunis en assemblée générale à la bourse du travail à Treichville, ont préconisé un précompte de 3,33% sur cette prime. Mais ce projet de précompte n’a pas rencontré l’adhésion de tous les acteurs syndicaux, dont la tête de file est Pacôme Attaby, président de la Coalition des syndicats de la Fonction publique. Cette organisation qui regroupe une vingtaine de syndicats, lors d’une assemblée générale extraordinaire au baron bar de Yopougon, a clairement notifié son refus de précompter ses membres. Cette préoccupation d’Attaby Pacôme et son bloc a été prise en compte par le gouvernement qui a refusé d’appliquer le prélèvement des 3,33% sur cette prime exceptionnelle. Ce dernier, interrogé, se réjouit d’avoir été compris par le gouvernement.

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«Nous n’avons pas encore constaté qu’il y a eu un prélèvement sur cette prime. Les banques n’ont pas encore positionné l’argent des fonctionnaires sur leurs comptes. En général, c’est 48 h après que les clients des banques ont accès à ces virements. Cependant, rien ne nous indique qu’un prélèvement a été fait sur la prime et nous nous en réjouissons. Puisque cela a été notre combat. Mais nous voulons constater avant de donner plus de voix. La direction de la Coalition va se réunir pour faire le bilan de ce combat et dégager une réaction. Mais la coalition veut saluer le chef de l’État pour la mise à la disposition des fonctionnaires de cette enveloppe qui leur permet d’aborder sereinement le mois de janvier », s’est réjoui le principal opposant à l’idée de précompte.

Zadi Gnagna : « Nous ne sommes pas ébranlés »

Zadi Gnagna, l’un des signataires de la trêve sociale, faisant partie des huit organisations syndicales ayant préconisé le prélèvement, estime que cela n’entachera pas leur détermination à poursuivre leur lutte syndicale : « Les précomptes n’ont pas été faits. Nous n’allons pas faire de débat. Comme je vous l’avais indiqué dans une interview, nous avions souhaité qu’il y ait l’unanimité, mais nous n’avons pas pu nous accorder sur ce qui est bon pour nous tous. Donc, le gouvernement qui doit faire le précompte, n’a pas jugé bon de le faire, étant entendu qu’il y a des problèmes entre nous. Mais cela est derrière nous, nous passons à autre chose », a indiqué Zadi Gnagna. Il a dénoncé l’attitude de certains syndicalistes qui refusent de s’inscrire dans une logique d’intérêt communautaire : « Certains camarades ont choisi de faire la guerre contre leurs camarades, on verra comment ils vont financer leur mouvement. Dans tous les cas, nous avions toujours travaillé sans ces moyens. La vie continue, nous ne sommes pas ébranlés. L’opportunité de financer le mouvement syndical n’arrange pas toujours tout le monde. Certains veulent que les syndicats continuent de végéter dans la misère et la main tendue ».

Un épiphénomène selon certains syndicalistes

Tout comme Zadi Gnagna, Ourizalé Gérôme, du SAEPPCI, partisan du prélèvement, soutient que le financement de l’action syndicale en Côte d’Ivoire n’arrange pas certaines personnes. Pour ce dernier, c’est un épiphénomène : « En tout état de cause, c’est un épiphénomène pour nous. Nous avons des objectifs à atteindre, ce n’est pas cela qui va nous décourager. Il y a des moments où dans la lutte, nous sommes confrontés à des situations qui ne marchent pas. Mais cela ne veut pas pour autant dire que le syndicalisme va s’arrêter. Nous saluons ce que le chef de l’État a fait. C’est la première fois qu’il y a une prime exceptionnelle pour nous en Côte d’Ivoire.  Nous avions bataillé jusqu’à la dernière minute pour obtenir les précomptes et malheursement, ça n’a pas été effectif », a dénoncé Ouriralé Gérôme. Pour lui, les acteurs qui se sont opposés aux prélèvements sont contre le financement de l’action syndicale : « Désormais, cela voudra dire qu’en Côte d’Ivoire, il y a deux camps.

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Il y a ceux qui sont pour le financement des syndicats, et ceux qui ne veulent pas qu’il y ait un financement, parce que dans cette lutte, il y a des gens qui ne veulent pas que les syndicats existent. Mais nous sommes des syndicalistes, nous avons plus d’un tour dans notre sac.  Nous allons mener des activités, les gens seront surpris », a-t-il rassuré.

Pour le financement de leurs activités, les organisations syndicales initiatrices du projet de précompte, comptent sur leurs moyens traditionnels : « Nous n’allons pas pour cela remettre en cause, la trêve. Nous avons compris que nous devons compter sur nous-mêmes en tant que travailleurs.  On continuera à utiliser nos moyens traditionnels qui sont nos financements, nos précomptes, nos partenaires traditionnels pour travailler », avoue le SG du SAEPPCI.

Ernest Famin

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