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Enquête express/Saint-Sylvestre, fête du nouvel An: Quand des familles préparent 2023 dans la douleur

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Les fêtes de fin d’année n’auront pas la même saveur dans toutes les familles. (Photo : DR)
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Plus que quelques heures avant d’entrer de plain-pied dans la nouvelle année 2023, sous les lumières et les feux d’artifices. Les préparatifs pour passer un agréable réveillon et surtout, un savoureux jour de l’An, vont bon train, mais pas pour tous…

On s’active, dans les supermarchés, les commerces et autres boutiques, ça grouille de partout. Embellissement de la maison, décorations, vêtements clinquants pour toute la famille, courses pour cuisiner des repas copieux, sorties en familles ou entre amis…, absolument tout a été prévu pour ces fêtes de fin d’année 2022. Aucun détail n’est laissé au hasard. Seulement voilà, si dans certaines familles, on a la tête aux célébrations et embarqué dans le tourbillon de la nouvelle année qui s’ouvre dans moins de 24 h, il y a d’autres familles qui se voient dans l’obligation de revoir toute leur organisation pour ces fêtes. La faute à des imprévus de dernière minute, des problèmes de santé et aussi à des finances qui se raréfient. Pour toutes ces raisons, cette année, la fête de fin d’année n’a pas la même saveur que d’ordinaire. Pendant que d’autres s’apprêtent à claquer les billets de banque, sortent le grand jeu pour festoyer, d’autres n’ont pas d’autre choix que de limiter les dépenses au maximum, afin de garantir l’après fête.

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Thomas Djédjé est père de 4 enfants. Depuis 2 mois, la famille qui vit à Yopougon quartier millionnaire, doit faire face à la convalescence de la mère, qui a subi une opération chirurgicale au niveau de l’œil. Il lui a été formellement déconseillé par le médecin, entre autres, tout contact avec le feu.  Résultat des courses, plus de cuisine ni de ménage pendant 3 mois. Un véritable casse-tête chinois pour cette famille, surtout en ces périodes de fête. « Les premiers jours, j’étais obligé d’arriver à la maison un peu tôt, en vue de concocter quelque chose pour les enfants, qui ne sont pas en âge de faire la cuisine eux-mêmes. C’était vraiment difficile. Pour ces fêtes, on a dû revoir nos habitudes. D’ordinaire, soit nous recevons la grande famille à la maison autour d’un repas copieux ou nous sortons tous en famille pour passer du temps ensemble. Mon épouse étant convalescente, ça ne sera pas les mêmes célébrations, ce sera assez sobre », confie-t-il.

Maman malade, plus de fête 

À en croire M. Djédjé, « les enfants ont, certes, reçu leurs nouveaux vêtements, mais ce n’est pas la grande joie comme à chaque fête de fin d’année. Les enfants sont aussi impactés par cette situation. Nous allons juste prendre un petit repas à la maison le 1er janvier et regarder un film en famille. Nous devons tous soutenir leur maman, qui a été très éprouvée par cette intervention chirurgicale ».

Agnès Kouadio, mère de famille, a été frappée il y a quelques mois en arrière, par un AVC. Si au fil des séances de rééducation, elle a partiellement retrouvé l’usage de ses membres, Agnès, fortement diminuée physiquement, n’a plus vraiment la tête à la fête en ce moment. La priorité est ailleurs désormais : se réadapter et apprendre à vivre avec son nouvel état physique. Cette situation affecte beaucoup ses enfants, ainsi que son époux. Pour soutenir leur mère dans cette épreuve difficile, les enfants et leur père ont décidé de ne pas célébrer ces fêtes de fin d’année, comme à l’accoutumée.

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Ce sera juste un repas à partager en famille et rien d’autre. Entre les allers-retours au CHU de Treichville et le fait de regarder son fils de 6 ans souffrir de douleur, Agbo Christian a d’autres priorités que de préparer une fête de fin d’année. Son fils, au primaire, a été fauché par un conducteur de tricycle, qui a pris la clé des champs. Avec deux côtes cassées, des douleurs atroces, le petit Agbo vit avec ses parents, des moments extrêmement difficiles. « Depuis plusieurs semaines, nous défilons au CHU de Treichville. Aujourd’hui (Ndlr : jeudi 29 décembre), nous y étions pour les résultats de radiographie, et on nous demande de revenir un autre jour. Nous avons besoin d’aide afin de sauver le petit. Il souffre, il crie et se tord de douleur, à tout moment. En tant que parent, c’est vraiment dur à supporter, encore plus lorsque vous avez déjà dépensé presque toutes vos économies. Ce chauffard, conducteur de tricycle, nous a créé toutes les misères », se lamente Agbo Christian.

On freine sur les dépenses

Les casiers de bière, les repas copieux, le tout dans une ambiance de convivialité de 1er janvier, dame Suzanne N'dri et ses enfants, n'en connaîtront pas cette année. Veuve depuis deux ans, toutes les charges de la famille, notamment de ses 7 enfants, reposent désormais sur ses épaules. Le salaire qu'elle tire du boulot de balayeuse de rue, ajouté à la pension de son défunt mari, ne peut suffire à assurer aux enfants et à toute la famille, des fêtes bien arrosées. « Je n'ai pas suffisamment d'argent pour offrir aux enfants, de nouveaux vêtements. J'ai acheté deux poulets, quelques boissons. Nous allons manger tous ensemble le 1er janvier et regarder ce que la nouvelle année 2023 nous réserve.

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J'ai fait le choix d'assurer le quotidien, plutôt que de tout dépenser pour ces quelques jours de célébration des fêtes », justifie Mme N’dri. Brice Gogoua a lui aussi, dû opérer le même choix quand les difficultés ont pointé leur nez. En effet, il avait tout imaginé, sauf des fêtes de fin d'année dans les difficultés qu'il traverse en ce moment. Licencié en septembre dernier, il se voit dans l'obligation de réduire drastiquement les dépenses. Celles liées aux fêtes de fin d'année n'y ont pas échappé. Contrairement aux années précédentes où les moyens lui permettaient de se lâcher un peu plus, cette fois-ci, il va falloir serrer la ceinture et se contenter du peu. Pour la fête du nouvel An, on fait dans la sobriété dans la famille Gogoua. Devant la situation, Brice Gogoua a néanmoins pu offrir à sa famille, un poulet, quelques bouteilles de sucrerie pour les enfants, et puis c'est tout.

 Manuel Zako

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