Société

La difficile équation d’éradication des liqueurs en sachet

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La réglementation contre la ventre d'alcool frelaté foulée au pied.
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Ces sachets d’alcools dangereux peinent à quitter le marché ivoirien. Les nombreuses tentatives entreprises par les pouvoirs publics ont toujours été tenues en échec. Aujourd’hui le constat est amer, ils recolonisent les rues d’Abidjan. Malgré son interdiction, la vente des sachets d’alcool est en vogue.

D’Abobo à Port-Bouët en passant par Adjamé, Yopougon, Plateau et même Cocody, bref dans le district d’Abidjan, le constat est le même, les sachets d’alcool sont présents partout. Malgré les dangers qu’ils présentent les adeptes s’y accrochent. Leur accessibilité est la principale raison qui empêche aux uns et autres de s’en défaire. « Tous ces alcools en sachet coûtent moins chères. Il ne me faut forcement pas une grande somme pour m’en procurer. Quand je veux boire, il me suffit d’avoir ma pièce de 100 FCFA pour assouvir ma soif », renseigne VK un habitué de ces produits. Conscients des méfaits qu’ils présentent, les vendeurs justifient les différentes présences du fait de leur rentabilité. En plus de se ravitailler à moindre coûts, la liquidation est également facile et constante.

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La commercialisation de ces sachets a permis aux commerçants de sortir du chômage et d’avoir le minimum vital. « Ça se prend à petit prix et se vend rapidement. Un paquet ne peut pas faire une semaine dans un magasin. En plus les vendeurs gagnent bien leurs vies avec, puisque la demande est grande. Ils parviennent à gagner leurs vies et à nourrir leurs familles avec les différentes recettes journalières », explique un vendeur grossiste à Adjamé.

A Minignan dans le quartier Sokourani, un jeune est mort dans la rue après une consommation abusive d’alcool en décembre 2021. L’enquête médicale a révélé que cet individu a fait un malaise cardiaque consécutif à la consommation exagérée d’alcool fort et de drogue.

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Un mal social

Communément appelé « appuyé-jeté » par les consommateurs ivoirien, sa grande capacité d’obtention de par leurs coûts d’achats, pousse plusieurs personnes, sans distinction de sexe et d’âge à s’en procurer. « Femmes comme hommes en consomment. A Abidjan, les jeunes ne se font pas prier pour se les arracher comme de petits pains. Dans les villages c’est encore plus grave. Cette situation crée des troubles chez de nombreuses personnes, poussant d’autres à adopter un comportement nocif vis-à-vis de leurs proches », apprend-on de Jean-Yves Aké, sociologue. Sur le plan sanitaire, la prise de ces whiskies entraine des disfonctionnements de plusieurs natures dans l’organisme. « Une forte consommation de ces produits est responsable des maladies telles que la cirrhose de foie, les troubles mentaux et les inflammations. Cela est dû au dosage élevé qui varie entre 11 et 51% de taux d’alcool », affirme Dr Samedi Dje Bi, addictologue.

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Les méthodes de lutte

Le gouvernement de Côte d’Ivoire a interdit la production, l’importation, la commercialisation, la détention ou l’offre à titre gratuit d’alcool, d’eau de vie, de liqueur et autres boissons spiritueuses en sachet plastique ou en berlingot depuis le 9 novembre 2016. Mettant ainsi fin au conditionnement des liqueurs dans les emballages en plastiques et en nylon. Cette décision répond à un souci de préservation de la santé des populations mais également de la protection de l’économie à travers la lutte contre la concurrence que ces produits de contrebande livrent aux importateurs légaux.

Six ans après la prise de décision du gouvernement, les activités reprennent de plus belle sur toute l’étendue du territoire national. Abidjan est même la plaque tournante de ces produits frelatés qui sont disponibles à ciel ouvert à l'entrée des grandes surfaces ou même des administrations à la barbe même des autorités policières chargées de la répression.

Joël DALLY

 

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