Société

Effondrement d’immeubles Bruno Koné fait des révélations: « 20 immeubles bientôt démolis »

effondrement-dimmeubles-bruno-kone-fait-des-revelations-20-immeubles-bientot-demolis
PARTAGEZ

Les effondrements d’immeubles en Côte d’Ivoire, ces deux dernières années, ont fait couler beaucoup d’encre et de salive allant jusqu’à incriminer le gouvernement, par ricochet, le ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme. Pourtant, le code de la construction est clair sur les obligations de chacun des acteurs dans le processus de construction.

 

  

Sur la question, le gouvernement, par la voix du ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Nabagné Koné, est allé à fond, le jeudi 5 mai 2022 pour donner de plus amples informations.

Invité par l’union des Bloggeurs de Côte d’Ivoire (UNBCI) au Pavillon Latrille, à la tribune d’échanges dénommée « L’UNBCI REÇOIT » sur le thème « acquisition foncière sécurisée et processus légal de construction », le ministre Bruno Koné a indiqué que les effondrements d’immeubles seraient un lointain souvenir, si les acteurs qui sont impliqués dans le processus de construction jouaient véritablement leur rôle. « Si les textes du code de la construction sont appliqués, il y aura zéro effondrement. (…) Quand vous voulez construire et que vous prenez toutes les précautions que j’ai énumérées, il n’y a pas de problème. (…) C’est tout simplement parce que les constructions qui sont faites actuellement, ne sont pas faites dans les règles de l’art. Elles ne sont pas faites par des professionnels qui sont qualifiés pour réaliser ce type de construction. Quand je me promène à Abidjan et que je vois un bâtiment R+20, je suis moins inquiet que quand je vois un R+4 ou R+5, parce que c’est malheureusement, dans cette catégorie que les gens pensent qu’on peut juste prendre le maçon d’à côté, les petits entrepreneurs pour réaliser le projet. Celui qui fait un R+20, prend plus de précautions. Il va faire en sorte qu’il y ait un bureau d’études, de contrôle. Il va s’adresser à un acteur reconnu qui a déjà réalisé des immeubles de ce type », a-t-il martelé.

 

Plus de 40 000 et 50 000 constructions en cours par jour à Abidjan

 

Revenant sur les rôles joués par chaque acteur dans le processus de construction, le ministre Bruno Koné a relevé que l’administration avait pour rôle de réceptionner les demandes d’actes administratifs pour les traiter et les délivrer. Ces documents concernaient le titre de propriété de construire et le certificat de conformité. Pour le membre du gouvernement, à ce jour, le seul titre de propriété qui est délivré, est l’arrêté de concession définitive (ACD) et les seuls autres titres qui étaient également reconnus, sont le certificat de propriété foncière (CPF) et le certificat de mutation de propriété foncière. Aussi, l’administration avait la charge du contrôle administratif des constructions. Concernant l’architecte, son rôle est de concevoir le bâtiment selon les besoins du client. Il est censé être un professionnel de haut niveau qui a également une mission de créativité. En sa qualité de chef d’orchestre, il est chargé de la coordination de toutes les actions des parties prenantes dans la mise en œuvre du projet.

Toujours, à en croire l’hôte des bloggeurs, après l’action de l’architecte, vient l’étape de l’ingénieur ou le bureau d’études qui, à partir de la base de l’étude architecturale, doit prendre toutes les dispositions pour offrir un travail de qualité dans les règles de l’art. « Il doit assurer que le voisinage du chantier n’est pas mis en péril. Là aussi, nous voyons de nombreux cas, de plus en plus de cas dans la ville d’Abidjan. Tout simplement parce que cet aspect est négligé. Tout projet qui est réalisé avec un bon exécutant, le maître d’œuvre cherchera à sécuriser son environnement », a-t-il précisé. Quant au bureau de contrôle, un autre intervenant de la chaîne de construction, Bruno Koné a fait savoir qu’il a la charge de valider ou pas le plan d’exécution, du suivi et du contrôle des travaux. Mais surtout, il doit veiller à la qualité du matériel utilisé, des matériaux de construction et de la mise en œuvre sur le chantier. Et le bureau de contrôle qui a pour mission de rassurer sur la conformité des matériaux de construction, a la lourde charge de s’assurer que les mélanges ont correctement été faits, les travaux correctement exécutés.

Au regard de la liste des acteurs dévoilée, le ministre a appelé les Ivoiriens à la bonne compréhension de la responsabilité des uns et des autres.

« C’est triste, mais sachons mettre tout cela en perspective. (…) Je veux seulement qu’on ait la bonne compréhension de ce qui est en train de se passer. Si les textes que j’ai énumérés, le code de la construction plus haut, sont appliqués, il y aura zéro effondrement. Le contrôle administratif peut se faire à tout moment. C’est-à-dire venir s’assurer qu’il a un permis de construire, venir vous assurer qu’il y a un architecte, un bureau d’études, de contrôle… Mais le contrôle technique, c’est un travail de tous les jours et qui démarre dès l’étude du sol. Les fondations, les mélanges de sable, du ciment et des graviers doivent être correctement faits, ainsi que le ferraillage. Il fut que chacun des piliers soit correctement dimensionné, correctement fait. Les bureaux d’études sont agréés donc, ils ont la capacité de faire correctement le travail. C’est pourquoi, nous communiquons sur l’obligation et le rôle des différents acteurs. Il faut que chacun applique la loi », a martelé Bruno Koné. Non sans avoir situé la responsabilité des propriétaires d’immeubles.

« Vous avez construit l’immeuble qui tombe, ça blesse quelqu’un ou tue quelqu’un, c’est vous le responsable. Ce n’est pas quelqu’un d’autre », a-t-il averti.

 

La riposte du gouvernement

 

Le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme qui a dressé le bilan des catastrophes, a promis accentuer les contrôles et les sanctions.

« On a commencé véritablement à être précis dans le décompte des effondrements, à partir de 2020. Auparavant, cela existait, peut-être qu’on s’en préoccupait moins. Peut-être que les personnes sur les réseaux sociaux étaient moins actives. Il se trouve qu’avant 2020, nous avons recensé à peu près, une quinzaine d’effondrements. Ce chiffre n’est pas exhaustif. En 2020, il y a eu précisément 11 effondrements. En 2021, il y a eu 2 effondrements, ceux d’Anono et de Bonoumin, un détachement de balcon. Je précise qu’entre mars 2021 et le 27 février 2022, il n’y a eu aucun effondrement en Côte d’Ivoire. Malheureusement, le 27 février 2022, il y a eu à Treichville, il y a eu à Angré, 9e Tranche dans la nuit du dimanche au lundi 7 mars 2022. Il y a eu à Abobo, ce n’est pas un effondrement, c’est un mur qui s’est détaché d’une construction en hauteur et malheureusement, a occasionné la mort d’un enfant », a précisé le ministre Bruno Koné.

Pour l’ex-porte-parole du gouvernement ivoirien, au quotidien, à Abidjan, ce sont entre 40 000 et 50 000 constructions qui sont en cours d’exécution et l’État veille à faire en sorte que toutes ces opérations soient sous contrôle. D’ailleurs, selon le ministre Bruno Koné, cet état de veille de son ministère a permis la démolition de plusieurs ouvrages.

« Vous auriez dû voir l’immeuble qu’on a démoli à la 8e Tranche, il y a deux ou trois jours. Quand vous voyez un bâtiment de cette qualité qu’on est obligé de démolir, c’est parce que tout simplement, il y a eu des malfaçons au niveau des études du sol. Les études géotechniques n’ont pas correctement été faites. L’immeuble s’est enfoncé, ne nous laissant pas d’autre choix que la démolition. C’est 300, 400 millions de FCFA qui sont partis en fumée. Nous sommes dans un environnement qui favorise les constructions en hauteur, mais pour autant, sachons raison garder. Nous faisons en sorte que tout soit sous contrôle. En 2020, nous avons procédé à deux démolitions. En 2021, 51 démolitions. On ne peut pas nous dire qu’on est laxiste face à cela. En 2022, nous sommes à une dizaine de démolitions déjà. Et, il doit avoir une dizaine de démolitions accordées. Donc, on sera à une vingtaine de démolitions. Il y a les sanctions pécuniaires, mais pénales. Vous avez suffisamment d’argent pour construire un immeuble et comme vous avez voulu faire des économies sur les frais d’architecte, frais du bureau d’études, de contrôle, vous vous retrouvez en prison. C’est quelle vie ça ! », s’est-il étonné.

Toutefois, le ministre Bruno Koné a rappelé à la tribune des bloggeurs que les contrôles d’immeubles déjà habités, n’étaient pas du ressort du ministère de la Construction et de l’Urbanisme, mais des collectivités décentralisées et de l’administration préfectorale.

« Nous allons bien au-delà de nos missions. C’est du ressort des maires et des préfets. Mais nous faisons ce travail tous les jours dans la ville d’Abidjan. C’est nous qui alertons les maires et les préfets sur les immeubles qui présentent des risques à tel ou tel endroit. (…) C’est pour dire que nous allons bien au-delà, parce que nous comprenons l’intérêt à protéger nos concitoyens », a-t-il confié.

 

Des graves confidences sur l’effondrement de l’immeuble d’Angré

 

Il a terminé par une confidence sur l’effondrement de l’immeuble R+4, survenu dans la nuit du 6 au 7 mars 2022 à Abidjan, Cocody-Angré, dont le bilan faisait état de 6 morts et de nombreux blessés.

« L’immeuble d’Angré, 8e Tranche, présentait des fissures dans le bâtiment. Les habitants du bâtiment inquiets, alertent la propriétaire. Certains des habitants quittent l’immeuble à cause des risques qu’il peut commencer à présenter. Mais qu’est-ce que la propriétaire a fait ? Elle a réduit les loyers pour permettre aux gens de rester. Et certains sont restés. C’est vrai que c’est difficile de trouver un logement à Abidjan. Ils sont restés jusqu’à ce que l’immeuble s’effondre, sans que le préfet, la mairie et le ministère n’aient été informés. Comment on peut aider dans pareil cas de figure ? », s’est-il interrogé.

Venance Kokora

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Inscrivez-vous et recevez chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire