Société

Reportage/Effondrement d’immeubles à Abidjan: Sur les traces des victimes qui ont tout perdu

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Le dimanche 27 février 2022, un immeuble R+7 s'est effondré à Treichville, non loin du Palais de la culture, aux environs de 1h du matin. Bilan : 6 morts. S'ensuivront, plusieurs autres drames du genre. Des semaines et mois plus tard, que sont devenues les victimes ? L'Avenir est reparti sur les traces de ces sinistrés des effondrements.

 

À Treichville, selon Sylla Mamadou, président du comité de gestion de quartier, l’État de Côte d’Ivoire est venu en aide aux sinistrés à travers le ministère de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté. « Une somme de 15 000 000 FCFA a été donnée aux victimes. Il y a eu 14 blessés et 7 décès. Il y a trois familles dans lesquelles il y a eu deux morts. Les familles des victimes décédées ont eu par décès, 1 000 000 FCFA et les blessés 250 000 FCFA. Nous avons également eu des vivres et des non-vivres.

À l’en croire, aucune personne parmi les sinistrés n’a été relogée. « Je dors chez mon frère, certains se sont retrouvés en famille, d’autres chez des amis. J’ai mal au cœur quand j’en parle. Des enfants sont traumatisés à vie. Il y a l’enfant d’un parmi nous qui commence à avoir des crises de folie ».  

Concernant le propriétaire de l’immeuble qui s’est effondré, Sylla Mamadou dit ne pas avoir de contact avec lui. « Nous avons appris qu’il a été arrêté, mais nous n’en savons pas trop grand-chose », fait-il savoir.

En tant que premier responsable du quartier, Sylla Mamadou souhaite un recasement de tous les sinistrés : « Nous demandons à l’État de ne pas nous abandonner. Les autorités peuvent nous venir en aide. »

Max Wilson, en année du Brevet d’études supérieur (BTS), habite désormais, avec des amis pour poursuivre ses cours depuis la destruction de leur immeuble, le dimanche 27 février 2022. « Notre immeuble jonchait celui qui s’est écroulé. Les autorités municipales et des experts ont jugé que l’immeuble d’à côté a quelque peu entraîné notre immeuble dans sa chute. Il fallait donc le détruire. Du jour au lendemain, mes parents et moi, nous nous sommes retrouvés sans domicile », déplore-t-il.

 

Un recasement difficile

 

Vendredi 1 avril 2022, notre équipe de reportage est arrivée dans la commune de Cocody dans la zone d’Angré, à environ deux kilomètres du célèbre immeuble CGK. En arrivant, aux environs de 10 heures 30 minutes, de loin, nous pouvons apercevoir un tas de briques cassées et entassées. Juste à 50 mètres, un conteneur peint en bleu qui sert de boutique au petit quartier, visiblement en chantier. À l’intérieur, deux personnes de nationalité mauritanienne, un de peau noire (O.B) et l’autre de peau blanche (A.A). Nous les informons être venue rencontrer les victimes de l’immeuble. Une chance, ils étaient eux aussi habitants dudit immeuble. L’un d’entre eux décide d’être notre interlocuteur : « Nous étions nous aussi habitants de l’immeuble. Il n’y a que nous qui sommes restés ici. Tous les autres sont partis ailleurs. Certains ont pu se reloger, d’autres sont en famille ou chez des amis. Cependant, nous avons créé un groupe WhatsApp où nous pouvons parler au cas où il y a du nouveau. Le gouvernement ivoirien a promis nous venir en aide dès le début du drame. Mais jusque-là, à notre niveau, nous n’avons aucune nouvelle. Heureusement, on va le dire, nous avons notre commerce qui n’a pas été touché», explique notre interlocuteur.

Joint au téléphone, Dieudonné Zibo, que l’on nous a présenté comme le porte-parole des sinistrés d’Angré, nous a catégoriquement indiqué ne plus revenir sur ce drame. « Pour moi, l’épisode de cet effondrement est derrière moi. C’est vrai que nous avons tout perdu, mais j’ai décidé de laisser toute cette histoire et reconstruire ma vie. J’ai déjà parlé dès le début du drame avec les hommes de médias, je ne souhaiterais plus revenir sur tout ça », a-t-il fait savoir.

Dans la commune d’Abobo, au quartier Habitat, nous rencontrons Diomandé Moussa, père de l’enfant de 6 ans en classe de CP2, décédé dans l’effondrement. « J’ai déjà enterré mon fils dès les premiers instants. Lorsque le drame est survenu, nous avons été soutenus par la mairie d’Abobo. Mme Kandia Camara, la maire actuelle de la commune, nous a remis une somme symbolique pour aider aux obsèques de l’enfant », a-t-il expliqué.

Selon Diomandé Moussa, pour le moment, la principale difficulté des sinistrés de la cour de huit familles d’Abobo Habitat, est le recasement. « Je dors chez un ami à l’entrée du quartier. Ma famille est disloquée, une partie est chez mes beaux-parents et l’autre, chez mes parents », déplore-t-il.

Comme on peut le constater, les familles sinistrées, après avoir tout perdu, peinent à se loger convenablement, malgré les dons faits par l’État de Côte d’Ivoire. Selon un proche du ministère de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, il a été question d’une aide pour le logement des sinistrés de Treichville et de Cocody-Angré. « Le ministère de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté a eu à faire des rassemblements dans les mairies. Nous avons reçu les victimes. Nous leur avons remis des enveloppes pour les aider au relogement. Nous n’avions pas été sur le sinistre d’Abobo Habitat », a déclaré notre interlocuteur.

 

Réalisé par Roxane Ouattara

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