Société

Ramadan 2022 : Voici comment jeûnent les chauffeurs, apprentis gbaka et gnambros

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Le Ramadan a débuté depuis le 2 avril 2022. Comme dans tout corps de métier, les chauffeurs, apprentis gbaka (minicars) et gnambros musulmans observent également la période du Ramadan. Comment jeûnent-ils ?

 

Issa est un apprenti gbaka. Il est aussi chauffeur et fait la ligne Cocody carrefour de la vie à la gare de Ndotré. Il ne jeûne pas chaque lundi. « Je ne peux pas jeûner chaque lundi. Il y a trop de monde dehors. Quand il y a du monde comme ça, le lundi, le transport qui est de 500 FCFA, passe immédiatement à 600 FCFA ou 700 FCFA, voire 800 FCFA. Si on jeûne, on ne peut pas faire ça », explique le jeune apprenti gbaka. À l’en croire, le fait de jeûner ne peut pas lui permettre de rentrer dans ses fonds chaque lundi. « Le premier jour de la semaine, il y a trop d’embouteillages. Nous perdons du temps. Donc, pour rentabiliser, il faut augmenter le transport ». Pour le reste des jours de la semaine, Issa établit son programme de jeûne en rapport avec ses temps de repos. « Normalement, quand je dois jeûner, je ne travaille pas. Je vais à la mosquée ou je reste à la maison toute la journée », confie-t-il.

Contrairement à Issa, il n’est pas question pour Fofana, chauffeur de taxi, que son travail l’empêche de faire le Ramadan. « Le Ramadan est une obligation pour tous les musulmans. Je fais mon Ramadan tranquillement. Avec les clients, je suis poli comme d’habitude. Il y a certains qui respectent notre travail et d’autres non. Lorsque je rencontre des gens qui veulent me faire bavarder inutilement, je leur demande de descendre de mon véhicule pour éviter de gâcher mon jeûne », explique Fofana. Son humeur a changé lorsque nous avons commencé à parler des Véhicules avec chauffeurs (VTC) avec qui ils sont en concurrence depuis peu. « Quand vous dites qu’il y a du désordre dans notre milieu, je ne comprends pas. C’est vous les clients qui aviez occasionné le désordre dans nos rangs. Nous ne mettons plus nos compteurs en marche. Vous négociez tout, même les plus petites distances », déclare-t-il en criant. Nous tentons de lui expliquer que la différence entre eux et les VTC, c’est la sécurité. En effet, avec les taxis-compteurs comme celui de Fofana, lorsque tu égares un objet, il est difficile de le retrouver. Par contre, avec les VTC, il y a une traçabilité. Quel que ce soit ce qui arrivera dans le véhicule, tu es protégé. Fofana n’est pas d’accord avec cette explication. Pour lui, ce ne sont pas tous les chauffeurs de taxis-compteurs qui sont des personnes de mauvaise moralité. Pour un taxi que nous avions emprunté à Abobo, au départ, pour la Sorbonne au Plateau, Fofana propose de nous déposer à côté de la cité administrative, parce que visiblement, il y avait un bouchon. Chose qui ne pourrait pas arriver avec un VTC par exemple. Fofana, malgré l’ambiance et le Ramadan, n’a pas hésité à abandonner ses clients que nous étions à la cité administrative du Plateau.

 

Un Ramadan difficile …

 

Dans un gbaka emprunté sur l’axe Bingerville-Adjamé, un apprenti gbaka qui, visiblement, était en jeûne, ne cessait de verser de la salive hors du véhicule. Avec la vitesse, et le vent qui soufflait, des gouttes de cette salive ont touché une dame à l’intérieur du véhicule. « Apprenti, ça ne va pas chez toi, tu craches et ça verse sur nous. Pourquoi ? En plus, il ne s’excuse même pas. On t’a envoyé de jeûner ? Est-ce que c’est forcer de mettre carême. Si tu n’arrêtes pas ça, tu vas voir », se plaint-elle. D’ailleurs, on pouvait encore apercevoir les gouttelettes du crachat sur les vitres du véhicule. Et, le jeune apprenti de répondre à la dame à voix basse : « Tu vas faire quoi ? ».

Pris dans un embouteillage monstrueux, un lundi, le  chauffeur d’une compagnie de transport était impatient d’avancer et klaxonnait à tue-tête sur le véhicule qui était devant lui. Se montrant particulièrement insistant au point d’emmerder tous les usagers, une dame assise à l’arrière du véhicule qui le précède, a fait signe de la main en lui montrant qu’il pouvait sauter de son véhicule. Arrivé à son niveau, il ouvrit sa vitre. L’on pouvait apercevoir un homme de teint clair avec la trace de l’effet de la prière sur le front. Il lâcha : « Tu es dans une vieille voiture comme ça, c’est toi qui parles aux gens aussi. Tchourrrr !!».

Vié, un gnambro au carrefour Ndotré dans la commune d’Abobo, observe le Ramadan tout simplement parce que c’est une obligation. « Je jeûne tous les jours sans exception et je viens au travail. C’est seulement que chaque vendredi, je ne viens pas au travail. Mes chefs me permettent de rester à la maison. Il est plus facile de rester à la maison pour se consacrer à la prière », confie-t-il.

Comme on peut le constater, les chauffeurs, apprentis gbaka et gnambros observent, eux aussi, le Ramadan. En interaction avec plusieurs personnes, ils font face aux humeurs et aux comportements de tout genre. On pourrait le dire sans se tromper, le Ramadan est particulièrement difficile pour ce corps de métier.

 

Roxane Ouattara

 

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