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Interview/Dr Dailly Olivier (porte-parole du collectif des docteurs non-recrutés) : « Moi docteur, accepter un salaire de 150 000 F ?»

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Interview/Dr Dailly Olivier (porte-parole du collectif des docteurs non-recrutés) :

« Moi docteur, accepter un salaire de 150 000 F ?»

 

 

Ils revendiquent depuis quelques mois pour leur recrutement à la fonction publique. Soupçonnés de faire le jeu de certains leaders politiques, les docteurs non-recrutés, par la voix de leur porte-parole, Dailly Olivier, font la lumière sur ces accusations tout en sattardant sur leurs préoccupations. 

 

Vous avez eu une rencontre avec le ministre de lEnseignement supérieur, mais depuis lors, vous continuez de manifester votre mécontentement. Quest-ce qui na pas marché ? 

Le gouvernement a dépêché le ministre de lEnseignement supérieur pour échanger avec nous, sur la crise des docteurs. Depuis le 05 novembre 2021, nous étions en négociation. Le ministre a fait cinq propositions. Malheureusement, les choses nont pas avancé dans le sens que nous souhaitons. Le 02 décembre, nous avons eu une autre rencontre avec le ministre pour lui exposer les limites de ses propositions. Il nous avait dit quil allait les analyser et à notre grande surprise, il va devant les sénateurs pour dire que nous sommes irresponsables. Nous estimons alors que nous devons nous tourner vers le président de la République pour finaliser cette affaire, qui na que trop duré. 

 

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés dans les différents concours de la fonction publique ?  

La source. Le lundi (aujourdhui 20 décembre, Ndlr), nous allons animer une conférence de presse pour apporter les preuves de ce que nous avançons.

 

Face aux difficultés de lemploi, pourquoi ne vous mettez-vous pas par groupes pour réaliser des projets ? 

Lorsque les gens parlent dentrepreneuriat, cela nous fait rire. Ce nest pas parce quaujourdhui, nous soulevons un problème réel que les gens vont nous parler dentrepreneuriat. Pourquoi depuis le départ, on ne nous a pas fait savoir quon nous formait, non pas forcément pour la fonction publique, mais aussi pour lentrepreneuriat. Et nous indiquer les mécanismes quon mettait à notre disposition pour entreprendre. Rien nest mis en place pour lentrepreneuriat, sinon, ce ne sont pas les idées qui nous manquent. Mais avec quoi allons-nous entreprendre ? Pour nous, ce sujet nest plus à lordre du jour.  

 

Nest-ce pas un échec pour vous qui êtes docteurs que de ne pas pouvoir trouver une autre solution dinsertion professionnelle que lentrée à la fonction publique ?  

Ce que les gens ne savent pas, cest que nous ne sommes pas focus sur la fonction publique. Le privé dont les gens parlent, pour parler de lenseignement, pensez-vous que je peux accepter un salaire de 150 000 F CFA en tant que titulaire dun doctorat ? Vous pensez quon se lève un matin pour créer une université privée ? Tout ce que vous voyez-là, ce sont des écoles-boutiques. Lenseignement privé nest pas structuré en Côte dIvoire. 

 

Je reviens encore sur la question de votre échec à vous lancer dans lentreprenariat. Pourquoi nenvisagez-vous pas de vous lancer dans un secteur autre que lenseignement privé ? 

Ce nest pas un échec. Tout est réfléchi. Le ministre Adama Diawara a toutes nos propositions. Nous navons pas de problème de réflexion. Dailleurs, on ne se lève pas un matin pour écrire une thèse. Si quelquun a pu écrire un document de 500 pages, ce nest pas écrire un projet de 10 pages qui va leffrayer. Pour nous, il faut insérer tous les 3000 docteurs !

 

Mais lÉtat a des contraintes budgétaires. Votre position nest-elle pas utopique ? 

Pourquoi nest-il pas possible de nous recruter tous ? On se rappelle que 3000 soldats ont été recrutés. Chaque année, on recrute 5000 instituteurs. La Côte dIvoire na pas un problème de budget. Lorsque les gens nous parlent de contraintes budgétaires, cela nous fait rigoler. Il y a en notre sein, plusieurs compétences. Dalleurs, nous sommes en train de finaliser un compendium de compétences que nous allons mettre à la disposition de la presse. 

 

Vous prévoyez une nouvelle marche. Nest-ce pas une marche de trop ?

Ce nest pas une marche de trop. Notre problème dure depuis au moins 6 ans. 

 

Daucuns estiment que derrière vos revendications, se cachent des mains de partis politiques de lopposition. Que répondez-vous ?

Quand les gens nous disent cela, ça nous fait rire. Qui va mettre sa main dans cette affaire ? Je suis historien et je connais un peu lhistoire de la Côte dIvoire. Nous sommes conscients quaucun politicien ne peut nous manipuler. Si ceux qui le disent font référence à lopposition, cest quils rêvent, parce que moi, je nai pas envie de faire la politique. En tant que citoyen ivoirien, laissez-moi vous dire que cette opposition ne peut pas manipuler quelquun, dans la mesure où elle-même, elle se cherche. Nous posons un vrai problème de société dont la résolution devrait aider à régler le problème du système éducatif ivoirien, depuis la base, jusquà luniversité. Quand vous voyez cette histoire de congés anticipés, cest parce que les enfants ne croient plus en la magie de lécole. Quand lenfant voit son papa, son grand frère ou son oncle, titulaire dun doctorat et qui est au chômage, quelle motivation aura-t-il pour aller à lécole ? 

 

Vous navez jamais rencontré des hommes politiques dans cette affaire ? 

Il ny a pas une main politique dans ce que nous faisons, parce que les politiciens ivoiriens se cherchent. Nous avons rencontré seulement le groupe parlementaire PDCI-RDA, parce quil est un représentant du peuple, et non pas en tant quun groupe de politiciens. Cest vrai que des hommes politiques nous appellent, mais ils ne nous intéressent pas. 

 

Qui sont ces hommes politiques ? 

Des hommes politiques nous appellent et veulent nous rencontrer pour savoir de quoi il est question, mais nous leur disons que, tant que ce ne sont pas des structures formelles telles que le Sénat ou le Parlement, cela ne nous intéresse pas. En Côte dIvoire, il faut, à un moment donné, faire la part des choses entre les revendications sociétales et les revendications politiques. Nos revendications ne sont pas politiques. 

 

Par Ernest Famin

 

 

 

 

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