Politique

Attaques entre pro-Gbagbo et pro-Thiam : Les vraies raisons de la guerre des radiés

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24 heures seulement après la radiation sans surprise du président du PDCI-RDA de la liste électorale, c’est la guerre entre les deux portions congrues de l’opposition ivoirienne : Le PDCI-RDA et le PPA-CI de l’ancien président Laurent Gbagbo. Et pourtant, dans l’ordre normal des choses, les deux figures de proue de ces deux partis partageant désormais les mêmes problèmes devraient plutôt entrevoir une possibilité d’union sacrée.

Cela ne relève plus de l’ordre du secret. Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam sont désormais tous deux radiés de la liste électorale. Dans un tel contexte, la logique aurait voulu que les deux radiés se mettent ensemble pour former un front commun pour espérer obtenir gain de cause et forcer éventuellement la main au régime d'Abidjan à travers une solution politique. Que nenni ! La guerre à fleurets mouchetés qui se faisait entre les deux opposants a repris et fait rage au lendemain de la radiation du président du vieux parti. Mais pour qui suit l’actualité de ces deux formations, cette situation somme toute inattendue, n’est pourtant pas une surprise. Cette guerre des radiés peut trouver son explication dans la bataille pour le leadership de l’opposition. Après la mort de Bédié, Gbagbo se voyait à nouveau comme le leader incontesté et incontestable de l'opposition ivoirienne.

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Bédié étant décédé et vu son parcours et sa carrure, Gbagbo voulait user de cette situation pour se tailler un destin à la Nelson Mandela qui est devenu président de la République après la case prison. Cependant, l'ascension de Tidjane Thiam et son refus manifeste d'embarquer dans son bateau a contrarié un tout petit peu ses ambitions. Thiam aussi, fort de ses soutiens présumés à l'extérieur, se voyait déjà comme le prochain président de la Côte d'Ivoire. Dans un cas comme dans l'autre, l'un doit servir de cavalier et l'autre de cheval. Après avoir été opposant historique, puis président de la République, à nouveau emprisonné et revenu dans l’arène politique, Gbagbo estime que Thiam qui est novice en politique, devrait plutôt intégrer son dispositif dans le cadre d’une alliance pour espérer déboulonner Ouattara et le RHDP. Tidjane Thiam pour sa part, avec la réputation qui est la sienne et tous ses réseaux dont il dispose à l’extérieur, n’est pas revenu au pays pour se mettre à la remorque de quelqu’un. Lui, petit-fils de Félix HouphouëtBoigny, à la tête du plus vieux parti du pays et auréolé d’un parcours que certains qualifient d’exceptionnel, n’est pas non plus prêt à se servir de marche pied à quelqu’un d’autre.

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Voici la raison fondamentale de l’opposition entre les deux hommes que le destin a fini par réunir dans le conglomérat des radiés. On peut tout lui reprocher, mais Gbagbo qui est une bête politique a senti les choses venir. Pour preuve, en février 2025, sous le prétexte d’un meeting de soutien aux populations d’Adjamé-Village, Laurent Gbagbo, sans le citer, avait snobé Tidjane Thiam sur la question de sa nationalité relativement à l’inscription sur la liste électorale. « Il ne faut pas courir vers des solutions de facilité. Je cours, je prends la nationalité d’un tel pays parce que je peux… Non. Il faut que ceux qui sont sur les listes électorales soient des citoyens ivoiriens. Quand vous allez en France, ce sont les Français qui sont inscrits sur la liste électorale et qui votent. C’est normal. Pareil en Grande-Bretagne, en Norvège, au Danemark… Mais on ne peut pas jouer au jeu des chaises et être un peu français, un peu ivoirien, un peu danois ou finlandais », avait lâché Laurent Gbagbo avec un rire narquois. Aujourd’hui la conséquence de cette situation est là. Même embarqué dans le même bateau des radiés, Gbagbo et Thiam refusent de faire la paix. Pendant ce temps, leurs partisans respectifs ne se font pas de cadeaux via les réseaux sociaux et les espaces de débats. Vivement que cette guerre des radiés se limite au seul cadre électoral et rien d’autre.

Bernard KRA

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