Politique

Discours sur la souveraineté des États africains : Quand les actes de Gbagbo contredisent ses dires

discours-sur-la-souverainete-des-etats-africains-quand-les-actes-de-gbagbo-contredisent-ses-dires
PARTAGEZ
En meeting à Dabou à l'occasion de la fête de la renaissance organisée par son parti, l'ex-chef de l'État a repris son antienne sur la défense de la souveraineté de la Côte d'Ivoire. Le disque est rayé, est-on tenté de dire, tant les actes qu'il a posés pendant sa gestion du pouvoir jurent avec cette rhétorique souverainiste dont il se gargarise (qu’il aime à ressasser).

Grisé sans doute par la foule de partisans fanatisés, l'ancien chef de l'État a cru devoir exhumer le narratif souverainiste dont lui et ses partisans avaient abreuvé les populations durant la décennie qu'il a passée au pouvoir. Expliquant le sens de son engagement politique, il a soutenu qu'il est contre le fait que des puissances extérieures dictent leurs désidératas aux chefs d'États africains, mieux, choisissent qui doit diriger ces États. « L’élection en Afrique est considérée comme un instrument pour que certains pays étrangers placent leurs hommes à la tête de nos États. Moi, je ne veux pas de ça ! C’est pourquoi, je parle de souveraineté », a-t-il commencé par dire. Puis, l’ancien chef de l’État de renchérir : « Quand on est souverain, on prend soi-même les décisions qui nous concernent (…) Quand une décision qui vous concerne est prise ailleurs pour vous être imposée, c’est que vous n’êtes pas souverains. Je suis pour que les Africains soient souverains, c’est-à-dire qu’ils décident eux-mêmes ce qu’ils veulent faire pour leurs pays ». C'est pour que la Côte d'Ivoire recouvre sa souveraineté qu'il dit se battre.

Un souverainiste qui « cadeaute » un président français

Mais, pour l'avoir vu gouverner, quelle crédibilité accorder à ce discours sur la souveraineté que nous sert Gbagbo ? Disons-le tout net : il est mal placé pour donner des leçons de souverainisme aux autres. Ce discours populiste avait des chances de séduire autrefois des citoyens en mal de héros indépendantiste. Mais plus maintenant que l'on a vu Laurent Gbagbo et ses hommes diriger ce pays. En effet, durant la décennie qu'il a passée au pouvoir, le prétendu souverainiste a posé des actes qui entrent en collision avec son discours sur la nécessité pour les États africains d'arracher leur souveraineté. N'est-ce pas lui qui a avoué avoir fait remettre 2 milliards de FCFA du contribuable ivoirien à l'ancien président français Jacques Chirac, du temps où il était à la tête du pays et Chirac, président en exercice. À l'époque, il ne souffla pas un mot de ce dessous de table. Et dire que quand il était aux affaires, il ne ratait aucune occasion de fustiger ce genre d'actes posés, par le passé, par ses prédécesseurs et qu'il taxait de pratiques relevant de la Françafrique.

Les autres gestes de générosité faits à la France, hier

Au nom d'un prétendu souverainisme dont il se posait en héraut, il vouait aux gémonies ses prédécesseurs tout en faisant croire qu'il s'était inscrit dans une logique de rupture par rapport à ces pratiques de la Françafrique. Que nenni ! D'ailleurs, son ex-épouse, Simone Gbagbo, a confirmé les faits et tenté de les justifier. Selon elle, en faisant remettre ces milliards de FCFA à Chirac, son exépoux espérait ainsi acheter la tranquillité, autrement dit, parer à cette propension des puissances extérieures à renverser les régimes qui ne leur font pas allégeance. Il reste que l'histoire retiendra que Laurent Gbagbo, le soi-disant souverainiste, s'est lui aussi livré, par cet acte, à une pratique digne de l'ère Françafrique. Mais il n'a pas fait que donner des fonds publics à un président français. Pendant qu'il était aux commandes de l'État, il a posé d'autres actes qui contredisaient le discours indépendantiste dont des partisans saoulaient les populations. Il a par exemple renouvelé le contrat d'eau et d'électricité, qui liait le groupe français Bouygues à l'État de Côte d'Ivoire, comme l'a révélé Mamadou Koulibaly, alors n°2 du régime Gbagbo. Autre chose : il a cédé le Terminal à conteneurs du Port d’Abidjan au groupe français Bolloré, au mépris de l’orthodoxie des marchés publics. Autant de cadeaux faits à la France, que ses partisans taxaient pourtant, à cette époque, d’État néoimpérialiste. On le voit, les actes de Laurent Gbagbo contrastent avec la rhétorique souverainiste dont il enfume les esprits en mal de discours populiste.

Assane NIADA

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Inscrivez-vous et recevez chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire