Figure politique connue dans le paysage ivoirien, l’interviewé, dans cet entretien, évoque les raisons de sa rupture avec Guillaume Soro dont il défendait les idéaux. Il salue les actions posées par le Chef de l’Etat pour développer la Côte d’Ivoire, tout en proposant sa recette en faveur de la réconciliation nationale.
Depuis votre sortie de prison, en juin dernier, on a l’impression que la réconciliation est devenue votre priorité Aujourd’hui, où en êtes-vous avec ce chantier ?
Non, je ne suis pas responsable de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Je suis un simple citoyen qui a estimé que les désaccords entre les Ivoiriens avaient créé un environnement délétère. En prison, je suis arrivé à la conclusion que c’est un déficit de communication entre le Président de la République, Alassane Ouattara et l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, qui avait conduit à notre arrestation. Je tiens à vous dire qu’en prison, j’ai appris beaucoup de choses. A mon procès, je n’ai pas manqué de dire que si j’avais été au cœur des informations qui circulaient entre un petit groupe à cette époque, personne parmi nous ne serait allé en prison. Parce que j’ai toujours été présent là où on parle d’apaisement. C’est ce qui a fait qu’à ma sortie de prison, prenant en compte les attentes de mes amis restés en détention, par le biais de mon porte-parole, Jean-Paul Beugrefoh, j’ai marqué ma disponibilité à mettre fin au désaccord entre le Président de la République et Guillaume Soro.
Cette démarche vous a justement valu de vives critiques de la part de vos camarades du mouvement Générations et peuples solidaires (Gps). Ils vous accusent de trahison et de faire preuve d’opportunisme en voulant retourner au Rhdp à travers une telle initiative.
C’est le problème avec ces derniers. Ceux qui me critiquent ne me connaissent pas en réalité. Le dénominateur commun entre eux et moi, c’était Guillaume Soro. Parler de trahison alors qu’il n’y a aucun pacte qui nous lie, il y a problème. C’est ce qui fait que je n’ai pas daigné leur répondre et je ne répondrai pas à ces personnes. Pour moi, elles ne peuvent rien apporter de plus à la Côte d’Ivoire si ce n’est de renforcer la situation de méfiance dans le pays, entre les fils et filles de cette nation. Quand bien même j’aurais été condamné par la justice, je suis libre. Et je suis libre de mes décisions. Je n’ai encore rien annoncé. Tout ce que j’ai dit, c’est que je vais mettre fin au désaccord entre Guillaume Soro et le Président Ouattara. Est-ce à dire que ce désaccord profite à ceux qui crient déjà au loup ? Certainement. Ils sont libres d’être opposés à un rapprochement entre les deux hommes d’État. Mais moi, j’y suis favorable. Et celui qui décidera, c’est Guillaume Soro.
Ne trouvez-vous pas légitime cette sortie de vos ‘’ camarades’’, vous qui, à un moment donné, étiez le détracteur du pouvoir ? Certainement, ils comprennent difficilement votre nouvelle disposition d’esprit après votre sortie de prison.
Quand un opposant critique l’action d’un gouvernement, cela ne veut pas dire qu’il est dur. Ce qu’ils doivent se poser comme question est pourquoi Alain Lobognon critique les actions du groupement au pouvoir dont il est issu. Au contraire, ceux qui doivent dénoncer ma position sont les hommes et femmes de cette formation politique.
Mais quand à cette époque, vous tanciez le pouvoir, vous étiez déjà parti du Rhdp pour devenir un partisan déclaré de Guillaume Soro.
Non, je ne suis allé nulle part. J’ai été dur avec la question de la gouvernance ? J’ai été dur sur la question des droits de l’homme, de la réduction de la pauvreté, de l’école ? Il y a des sujets sur lesquels je me suis prononcé parce que j’étais député. J’ai formulé, le temps de ma présence à l’Hémicycle, des critiques que je trouvais justes pour la nation. Aujourd’hui, tout le monde applaudit le lancement des travaux de la côtière. Pourtant, on me reprochait, à l’époque, d’être très critique à l’endroit du gouvernement quand je disais que ce tronçon était impraticable. Imaginez-vous que pour aller dans mon village à Fresco,178 km, je mets aujourd’hui près de 5 heures 30 min pour y arriver. On peut dire que mes critiques ont donc porté. En tant qu’Ivoirien, c’est aussi mon rôle de plaider pour qu’il y ait une amélioration de la gouvernance. A un moment donné, j’ai demandé la libération des personnes en prison pour des raisons politiques, qu’on permette le retour des exilés politiques. Des efforts ont été faits dans ce sens par le Président Ouattara. Je salue ces efforts, ces actions positives du Président de la République. Ma conception de la politique, ce ne sont pas les injures gratuites, les rumeurs, la haine qu’on propage sur les réseaux sociaux. On pose des actions concrètes.
Conformément à votre volonté de rapprocher MM. Ouattara et Soro, il semble que l’ancien président de l’Hémicycle a produit un communiqué pour signifier qu’il n’a mandaté personne pour mettre fin au désaccord existant entre lui et le Chef de l’État. N’est-ce pas là un désaveu pour vous ?
Je me suis déjà prononcé sur cette question. J’ai dit que je ne me sentais pas concerné par ce communiqué. Guillaume Soro me connaît. Si c’était moi qui étais visé par cette note informative, il aurait dit que je n’ai pas envoyé Alain Lobognon. Or, j’ai déjà dit qu’il ne m’a pas mandaté. C’est clair. Je n’ai jamais fait un communiqué pour dire que M. Soro m’a mandaté pour mettre fin au désaccord entre lui et M. Ouattara. Ce que j’ai dit, c’est que je me mets dans la posture d’un bon africain : deux personnes se battent, vous n’avez pas besoin de leurs avis pour mettre fin à leurs querelles. En sortant de prison, j’ai estimé que ce sont les désaccords entre Guillaume Soro et le Président Ouattara qui sont à la base de ces sanctions judiciaires. Le communiqué s’adressait à d’autres personnes. Je n’ai jamais fait de réunions publiques pour dire que Guillaume Soro m’a envoyé. Il ne peut pas m’envoyer. Il faut souligner cela. S’il avait eu l’intention de m’envoyer, il l’aurait fait lorsqu’il a commencé à avoir des bisbilles entre lui et le Chef de l’État parce qu’il est informé de mes relations avec le Président de la République. A ce niveau-là, rassurez-vous. Le communiqué s’adressait à des personnes de son propre cercle. Le communiqué produit, je le rappelle, n’a pas été signé par M. Soro. Ceux qui ont signé ledit communiqué avaient compris qu’il y avait désordre dans leur demeure.
Considérez-vous comme faisant toujours partie du cercle de Guillaume Soro ?
J’ai été pendant longtemps étiqueté comme étant proche de Guillaume Soro. Mais ceux qui ont suivi un peu ma détention qui a duré 18 mois, mon procès, ont compris que j’ai été grossièrement attaqué alors que j’étais en prison. Un homme doit avoir une dignité, de l’honneur. Et moi, je n’ai pas apprécié le fait que je sois en détention, et qu’on m’accuse de tous les maux.
Qu’est-ce que j’ai pu bien faire pour mériter cela. En janvier, en mars, en mai, en plein procès et à la fin de l’audience, on m’a vilipendé, attaqué ma famille. A un moment donné, il faut savoir prendre des décisions. Mon mentor auprès de qui j’ai fait mes premiers pas en politique, Djéni Kobina Georges, me disait que la confiance ne se décrète pas, mais se mérite. Je ne vais pas rester dans la posture où des gens qui ne connaissent pas mes rapports avec Guillaume Soro, passent tout leur temps à m’insulter, à m’attaquer, à manquer de respect à ma famille. Au regard de tout cela, depuis la prison, j’avais déjà commencé à envoyer des signaux à Guillaume Soro. Lorsque je suis sorti, je lui ai demandé publiquement de mettre fin aux attaques qui n’ont pas cessé. J’ai donc dit à M. Soro qu’il fallait mettre fin à notre collaboration politique. Cela lui a été notifié en août dernier parce qu’on estime qu’on peut rester des amis, des frères. Mais politiquement, nous n’avons plus cette vision commune qui consistait à faire la politique autrement. Si la politique autrement consiste à insulter les membres de sa famille, je pense qu’il faut tourner la page. En clair, je dis à M. Guillaume Soro que je mets fin à notre collaboration politique.
Depuis votre libération, l’avez-vous eu au téléphone ou avez-vous échangé par d’autres moyens de communication ?
Nous nous sommes parlé au téléphone le 26 juin 2021. Nous avons échangé à deux ou trois reprises sur ma démarche visant à mettre fin au désaccord entre lui et le Président de la République. Cette initiative devait aboutir à la libération de nos amis encore en prison, au retour des exilés et à sa propre réhabilitation. Ce ne sont pas des sujets tabous. On les a abordés lui et moi. Il m’a encouragé. Il m’a donné sa position.
De nombreuses personnalités qui étaient autour de Guillaume Soro l’ont lâché aujourd’hui. Êtes-vous en contact avec certaines d’entre elles ? Je veux parler par exemple de Soro Kanigui, Meité Sindou, etc.
Je ne suis pas en contact avec ces personnalités, à l’exception de Meité Sindou que j’ai connu avant Guillaume Soro.
Et pourquoi cette rupture avec elles alors que vous étiez tous les soldats de Guillaume Soro ?
Simplement parce que nous n’avons pas la même vision de la politique. Je ne fais pas la politique du mensonge, de la trahison, de la mesquinerie. Je suis franc dans mes relations avec l’homme. Donc toutes ces personnes qui auraient rompu avec Guillaume Soro que vous citez ne font pas partie de mon quotidien. Par contre, nous avons, Guillaume Soro et moi, à un moment donné, connu beaucoup de personnes. Je continue toujours d’entretenir des relations avec celles-ci. Certaines sont autour de lui. D’autres sont au Rhdp et même ailleurs.
Certains proches collaborateurs de l’ancien président de l’Assemblée nationale qui lui sont encore dévoués disent que c’est Guillaume Soro qui vous a fait. Ils ont du mal à accepter que vous vous éloignez de lui après tous les services qu’il vous a rendus. Pour eux, vous êtes un ingrat. Comment réagissez-vous ?
Ceux qui ne me connaissent pas diront que c’est Guillaume Soro qui m’a fait, bien que mon mentor politique s’appelle Djéni Kobina. Et qui parle de cette illustre personnalité, parle de Henriette Dagri Diabaté qui est l’un de mes mentors aussi. Je veux parler également de Ibrahima Cissé Bacongo, du ministre Ally Coulibaly, du ministre d’État Téné Ibrahima Ouattara qui ont guidé mes premiers pas en politique. J’ai connu toutes ces personnalités avant Guillaume Soro. Mon histoire politique commence en 1994 avec le Rassemblement des républicains (Rdr). Mon militantisme a débuté au sein de cette formation politique à Port-Bouët où j’étais militant au sein du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr). Mon histoire politique, c’est en 1998 où j’ai été, à l’issue d’un consensus politique, désigné secrétaire général du Bureau national des jeunes du Rdr à Daloa avec Djéni Kobina, Mamadou Ben Soumahoro. Je relate tout cela pour dire que je n’ai pas attendu Guillaume Soro avant d’exister. C’est justement parce que j’existais qu’il a eu cette force de me solliciter pour le rejoindre en novembre 2002 à Bouaké, quelques semaines après le déclenchement de la crise politique et militaire du 19 septembre. Mon cheminement avec M. Soro date de novembre 2002. Avant cette période, j’existais politiquement au sein du cabinet du président du Rdr d’alors, Alassane Ouattara. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un novice en la matière. Ce n’est pas Guillaume Soro qui m’a fait, bien au contraire, nous avons cheminé ensemble sur certains points. Lui-même ne dira jamais qu’il m’a fait ou fabriqué.
Avez-vous repris langue, depuis votre sortie de prison, avec certains de vos camarades du Rhdp ? Du moins, sont-ils venus vous saluer depuis votre libération comme cela se fait généralement ?
Je suis en contact avec des cadres et non des moindres de cette formation politique. Mais personne n’est venu me saluer depuis ma mise en liberté. Le 9 juillet, je suis allé à Fresco, chez moi. J’ai été accueilli par ma famille, mes parents. Mais aucun ancien camarade du Rhdp, ni des personnalités de Gps n’étaient à mes côtés. Toutefois, j’ai des parents dans ces différentes entités politiques qui étaient, ce jour, avec moi. Ma famille ne m’a jamais lâché. Mais sur le plan politique, personne n’était là.
Au sein du cercle de Guillaume Soro, personne ne croit à la sincérité de votre démarche de vouloir rapprocher leur leader et le Président Ouattara. Pour eux, vous êtes guidé par l’opportunisme de repartir au Rhdp. Leur jugement est-il fondé ?
Je vais être clair : pour aller au Rhdp, je n’ai pas besoin de la permission de quelqu’un. La décision n’incombe qu’à moi seul. Dire que la démarche n’est pas sincère, c’est du déjà entendu. Lorsqu’en 2017, je demandais qu’on libère les personnalités incarcérées à la suite des évènements politiques, qu’on aille à une réconciliation sincère, qu’on réhabilite les personnes qui ont tout perdu de fait de nos actions néfastes, on avait taxé mon initiative d’opportuniste. Moi, je suis sincère dans ma démarche. Ce qui gêne ces personnes est que l’initiative vienne de moi. Celles qui me critiquent ne sont pas au sein du Rhdp, ni du Pdci-Rda et du Fpi. C’est l’une des raisons de ma rupture politique avec Guillaume Soro. Je lui ai dit que ‘’frère’’ je me retire pour permettre à ces personnes qui sont autour de toi et qui pensent que je suis un obstacle à leur promotion politique et économique, de voir leur rêve se réaliser. A un moment donné, quand j’étais en prison, j’ai appris que ceux qui répandent les rumeurs, ces accusations, disent que je veux être le numéro deux de Gps. C’était avant la dissolution de ce mouvement politique. Je n’ai jamais nourri un tel rêve. Cette structure n’était même pas encore dotée de ses organes que je constituais une menace bien qu’étant incarcéré. Aujourd’hui en liberté, je demeure une menace pour ces derniers. Pour mettre fin à toute cette situation, j’ai préféré rompre. Je ne suis plus membre du Gps et on m’accuse de faire des appels de pied au Rhdp. Je tiens à préciser que pour rejoindre la formation politique des Houphouétistes, il me suffit de faire juste une déclaration officielle. Le moment n’est pas encore arrivé. Si je dois aller au Rhdp, j’irai au Rhdp sans tambour ni trompette. Je suis libre d’aller dans ce parti. Je l’ai déjà dit. Ceux qui m’accusent, au moment où j’avais rompu avec le Rhdp, y étaient. Quand vous leur demandez la date de leur rupture avec ce parti, ils vous disent que c’est en 2019. A cette période, moi j’étais en prison. Je n’étais pas dans l’aventure Rhdp. C’est avec la mise en place de ce groupement politique que ma colère a pris forme. On m’a posé la question de savoir pourquoi je m’étais engagé dans cette posture, j’ai dit que j’aurai l’occasion d’échanger avec le Président de la République sur la question. Mais je n’ai pas dit que j’aurai l’occasion d’échanger avec Guillaume Soro pour voir si je vais au Rhdp. Avec le Chef de l’État, si l’échange avait eu lieu, on aurait levé un certain nombre de malentendus, je lui aurait expliqué ma position. Et si j’étais satisfait, j’aurais donné ma position publiquement.
Laurent Gbagbo, rentré au pays après son acquittement total à la Haye, est allé voir le Président de la République. Ensemble, les deux hommes d’État ont convenu de poser des actions allant dans le sens de la décrispation de l’environnement socio-politique. Comment avez-vous vécu cette rencontre ?
Je l’avais dit le 9 juillet à Fresco devant mes parents que ces deux hommes doivent donner à la paix sa chance en Côte d’Ivoire. Je n’ai donc pas été surpris lorsque Laurent Gbagbo et le Président de la République Alassane Ouattara se sont rencontrés au Palais. Bien au contraire, pour moi, c’était un soulagement parce que ceux qui m’ont connu au sein gouvernement savent que depuis cette époque, j’avais milité pour un règlement politique des problèmes entre ces deux hommes d’État.
Vous êtes ancien député. Des informations font état de l’introduction d’une disposition dans la Constitution afin que l’âge limite pour participer à l’élection présidentielle de 2025 soit fixé à 75 ans. Êtes-vous favorable à une telle limitation ?
Ce débat sur la limitation d’âge n’est pas nouveau. En dehors de l’ancien Président Henri Konan Bédié qui n’a jamais annoncé publiquement sa volonté de limiter l’âge des candidats à l’élection présidentielle, le Président Ouattara et l’ancien Chef de l’Etat Laurent Gbagbo se sont prononcés en faveur d’une telle modification. Avant la Constitution de la 2e République, ils étaient tous deux favorables à cette option. C’est même marqué dans les accords de Linas Marcoussis puisque la loi fondamentale d’août 2000 fixait la limitation de l’âge à 75 ans. A l’occasion donc de l’adoption de la Constitution de 2016, nous nous sommes prononcés contre. Nous étions contre le fait de faire sauter le verrou de la limitation d’âge. Maintenant, ceux qui trouvent judicieux de mener le combat aujourd’hui, on les observe. Mais toujours est-il que ma position est connue. J’estime qu’à un moment donné, il faut permettre à celui qui a exercé la fonction présidentielle de se retirer. Voyez-vous, ce sont des personnes dans l’entourage des Présidents qui sont responsables du désordre autour de nos institutions. Il faut qu’on ait le courage de dire au chef ce qu’on pense, à un moment donné.
Pour revenir à votre engagement en faveur de la réconciliation. Quelle recette proposez-vous relativement à ce vaste chantier ?
En 2017, quand j’ai évoqué la question de la réconciliation, il y avait un contenu. Premièrement, il est bon de libérer les détenus politiques, de favoriser le retour des exilés. Mais le plus important, pour une réconciliation effective, c’est la réhabilitation non pas seulement des acteurs du moment, mais aussi ceux de 1959. Dans ma proposition, j’ai demandé qu’on remonte à cette époque avec les évènements du Sanwi. Entre 1963 et 1964, il y a eu les évènements de Yamoussoukro. Je veux parler des détenus d’Assabou, les faux complots comme on les appelait ; les évènements de 1970 avec le Guébié ; les évènements du multipartisme en 1990, mais surtout en 1995 avec le boycott actif. Il y a eu également les évènements de 1999 avec le coup d’État. Ceux du 19 septembre 2002 dont le prolongement a été la crise post-électorale de 2011. Pour moi, il faut qu’on s’entende sur la question de la mémoire nationale. Aujourd’hui, il faut une loi portant sur la mémoire de la République de Côte d’Ivoire. Je propose une disposition qui prendra en compte tous les évènements cités plus haut en commençant par l’année 1959. Il s’agira pour l’État de Côte d’Ivoire de reconnaître sa part de responsabilité dans la souffrance causée à toutes ces familles du fait des errements des politiques. Dans cette loi, il sera question de réhabiliter tous ces hommes d’État du temps du parti unique qui ont été embastillés car accusés de vouloir, à cette époque, renverser les institutions de la République. Même si certaines de ces personnalités qui ont été emprisonnées à tort ne vivent plus, il faut une révision de ces procès politiques qui avaient privé certains acteurs de l’époque de leur dignité, de leur humanité. Le Président Ouattara a cette chance de réviser ces procès, de réhabiliter ces hommes, de donner leurs noms à des rues, à des places, des bâtiments publics. S’il le fait, vous verrez qu’il entrera dans l’histoire comme celui qui a effectivement réconcilié les Ivoiriens.
FratMat Info