
Le président du RHDP, Alassane Ouattara, sera-t-il candidat à la présidentielle d’octobre prochain ? Bien malin qui pourrait le dire, l’intéressé ne s’étant pas encore clairement prononcé sur la question. Qu’à cela ne tienne, le candidat du parti au pouvoir à ce scrutin n’aura pas grand mal à surclasser ses adversaires de l’opposition. Il pourra compter sur plusieurs atouts.
L’élogieux bilan d’Alassane Ouattara
Le premier, c’est le robuste bilan d’Alassane Ouattara, dont le candidat du RHDP pourra tirer parti. En une quinzaine d’années au pouvoir, le chef de l’Etat et leader du RHDP a fait faire au pays un bond qualitatif prodigieux, qu’il serait fastidieux d’énumérer ici. Qu’il suffise de relever quelques infrastructures socioéconomiques qui ont transfiguré le paysage de la capitale économique et de plusieurs villages de l’intérieur. Les 3e, 4e et 5e ponts d’Abidjan ; les ponts reliant Adzopé à Bettié ; Abidjan à Jacqueville ; les routes Dimbokro-Bocanda ; Tiebissou-Didievi ; Boundiali-Tengrela.
A ces infrastructures routières, s’ajoutent des édifices sanitaires et éducatifs. Entre autres : les universités de Man, San Pedro, Bondoukou, l’université virtuelle des IIPlateaux, le lycée d’excellence de Grand-Bassam ; le Centre national d’Oncologie médicale et de Radiothérpaie Alassane Ouattara (CNRAO) de Cocody ; les CHR de Gagnoa (inauguré en 2013), de Man (2022), d’Adzopé (2022), d’Aboisso (2021), de Man (2022) ; l’hôpital général de Méagui (2022) et de Danané (2022). Autant de réalisations qui sont venues renforcer les capacités du pays en matière d’éducation et de santé. Sans compter une amélioration significative de la couverture nationale en électricité, dont le taux est passé de 33,1% en 2011 à 80% à fin 2020.
Le Poids politique du RHDP
Au-delà des infrastructures socio-économiques, le pays connaît une embellie économique qui se traduit par une croissance économique de 7% en moyenne ; une baisse du taux de pauvreté, passé de 39,4% en 2018 à 37,5% en 2021. Des performances économiques auxquelles s'ajoute un rayonnement de la Côte d’Ivoire, fruit d'une diplomatie offensive engagée par les autorités ivoiriennes avec à leur tête Alassane Ouattara. C'est de ce bilan globalement attrayant que va hériter le candidat du RHDP, que ce soit Ouattara lui-même ou toute autre personnalité issue de son parti. C'est d'ailleurs ce bilan éloquent et vendeur qui a valu au RHDP la razzia qu'il a réalisée lors des dernières élections générales de septembre 2023. Un résultat sans appel qui en dit long sur le poids politique de ce parti, qui se veut le creuset des partisans de l'exRDR et des transfuges d'autres partis dont le PDCI, l'UDPCI, le MFA, le PIT.
Le poids politique du RHDP est en effet le deuxième atout qui pourrait expliquer la victoire du candidat de ce parti au prochain scrutin présidentiel. Cette représentativité s'est traduite par le score réalisé par le RHDP aux élections municipales, régionales et sénatoriales. Sur 201 communes, le parti d'Alassane Ouattara en a raflé 122; aux régionales, ce parti a placé ses candidats à la tête de 21 régions sur 25 ; aux sénatoriales, il a glané 56 sièges sur les 66 sénateurs qui sont élus conformément à la loi. A la faveur de ces élections auxquelles ont pris part tous les partis qui comptent sur l'échiquier politique national, le RHDP s'est imposé dans des zones supposées être des bastions des partis de l'opposition comme le PDCI et le PPA-CI de Laurent Gbagbo. Le candidat issu du RHDP devrait pouvoir bénéficier de ce vivier électoral à l'occasion de la prochaine présidentielle, si d'ici là ce parti a pu raviver la flamme militante qui a poussé sa base à se mobiliser lors des dernières élections générales.
La division de l’opposition
Troisième atout du candidat issu du RHDP, c'est la division de l'opposition. C'est un truisme que d'affirmer qu'une opposition divisée fait l’affaire du candidat du parti au pouvoir. A moins de 9 mois de la tenue du scrutin, les partis de l'opposition peinent à constituer un bloc monolithique capable de contrer le RHDP, qualifié de redoutable adversaire par Jean-Louis Billon. A l’approche de ce scrutin, on note que l'ancien président Laurent Gbagbo entretient des relations peu amènes avec le leader du PDCI, Tidjane Thiam. En témoignent les dernières piques lancées par celui-ci contre Thiam lors du dernier meeting qu'il a animé à Marcory. « On ne peut jouer à être un peu Français, un peu Ivoirien, un peu Danois (...).
On n'est (Ivoirien) ou on n'est pas", a-t-il clashé le président du PDCI, dont la nationalité française est au cœur d'une houleuse polémique depuis quelque temps. Des paroles inamicales qui viennent rallonger le chapelet de "flèches " décochées par Gbagbo contre le président du PDCI ces derniers temps. C'est dire qu'à ce jour, rien ne va entre les leaders du PDCI et du PPACI. Ce n’est plus le grand amour non plus entre l'ancien président et ses anciens "roperos " de l'ex-galaxie patriotique que sont Blé Goudé et Simone Gbagbo. Tous les deux ont jusque-là rejeté poliment toute idée d'adhérer à l'appel de Bonoua. Il y a clairement de l'eau dans du gaz. Si les choses en restaient là jusqu'à octobre prochain, ça devrait faire l'affaire du candidat du RHDP. On le voit donc, au regard de tous ces facteurs, on peut se risquer à dire que le parti au pouvoir part avec les faveurs des pronostics à la présidentielle d'octobre prochain.
Assane Niada