Lors de son meeting à Aboisso, célébrant l'anniversaire de son élection à la tête du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam a opté pour un discours qui semble flatter les aspirations populaires, mais soulève des interrogations quant à sa profondeur et sa substance. En effet, ce discours, empreint de démagogie, illustre une tendance au populisme, particulièrement visible dans ses déclarations sur la croissance économique et la situation des enseignants. Concernant la croissance, Thiam a affirmé qu'il est « plus facile de faire de la croissance sans équité » et que « produire une croissance qui profite à tout le monde demande réflexion et effort ».
croissance inclusive
Bien que ces propos puissent paraître ambitieux, ils manquent de contenu concret. Une telle affirmation, bien que véhiculant une certaine vérité, reste vague et ne propose pas de solutions précises ou de stratégies d’action. Lorsque des responsables politiques évoquent la notion de « croissance inclusive », le public attend des précisions : quels secteurs seront priorisés ? Quelles réformes permettront de réduire les inégalités ? Comment mobiliser les efforts collectifs des secteurs public et privé, ainsi que des citoyens ? Il serait légitime d'attendre de la part de Thiam, une structuration plus pragmatique de ses idées afin de gagner en crédibilité.
Sur le cas des enseignants, récemment sortis d'une grève, Thiam a choisi d'adopter une approche flatteuse en promettant reconnaissance et avantages, sans toutefois préciser les mesures concrètes qui pourraient accompagner ces promesses. Les enseignants, désireux de voir des propositions tangibles, s'interrogent sur la capacité de Thiam à surpasser l'actuel président, Alassane Ouattara, qui, en opposition, avait su articuler son programme « ADO solutions » avec des détails clairs et des engagements précis. Évoquer que les enseignants seront les « enfants chéris de la République » sans esquisser les grandes lignes d'un plan d'action, constitue un exemple manifeste de populisme.
Ces déclarations, souvent conçues pour toucher l'émotion des auditeurs, doivent être jugées à l’aune de leur mise en œuvre. En effet, le véritable défi réside dans la capacité de passer des paroles aux actes. À ce stade, l'ancien dirigeant du Crédit Suisse, dont l’héritage est controversé, n'a pas encore démontré sa capacité à agir avec efficacité tout au long de sa carrière. Ainsi, le discours de Tidjane Thiam interpelle quant à sa capacité à offrir une vision politique solide et crédible pour l'avenir de la Côte d'Ivoire.
Yacouba Doumbia