Ce énième assassinat dans le milieu syndical estudiantin est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase trop plein des viols, vols, rackets et autres crimes qui ont entaché la crédibilité de la FESCI. Bien avant le ‘‘Général Sorcier’’, c’estDiomandé Khalifa, dit Major, militant de la section Criminologie qui a été lui aussi assassiné. Aujourd’hui, dans l’opinion, la FESCI est assimilable à une organisation criminelle.
La question qui est sur toutes les lèvres est alors celle-ci : Comment des étudiants censés devenir les cadres et les dirigeants de demain peuvent se résoudre à recourir à la violence, au vol et même au crime dans l’expression de leur différends ? La question reste entière. Le moins qu’on puisse dire, c’est que 34 années après sa création, la FESCI traine trop de cadavres dans son placard. Le premier crime dans l’histoire de ce syndicat remonte à seulement une année après sa création. Le 17 juin 991, Thierry Zébié a été tué à la cité universitaire de Mermoz. Il est vrai qu’il y a eu beaucoup de supputations autour de cet assassinat, mais l’histoire retient que la mort de Thierry Zébié est le repère des assassinats perpétrés par la FESCI.
Après cette tâche noire du mandat d’Ahipeaud Martial, celui de Guillaume Soro sera aussi très mouvementé. En effet, c’est dans la bataille pour la succession de ce dernier que les machettes se sont invitées pour la première fois dans l’espace universitaire. Et depuis lors, cet outil cher aux paysans est devenu l’instrument privilégié de la FESCI dans le règlement de ses différends jusqu’à ce jour. A titre d’exemple, en mai 2023, le 4e congrès ordinaire de la FESCI qui a vu l’élection de Kuyo Serge a enregistré 4 morts. Tous tués à la machette. Le 23 Juin 2004, l’étudiant Habib Dodo, membre de l’AGEECI, un syndicat rival, a été enlevé puis pendu par les étudiants de la FESCI. Le jour de son enlèvement, un autre étudiant communiste, Richard Kouadio, a été battu et laissé pour mort en bordure de mer, sur la route de Bassam. Les 20 et 21 mai 2005, le 5ème congrès de la FESCI prévu à l’Université d’Abobo-Adjamé n’a pu se tenir. Ce jour-là, en lieu et place du verbe, ce sont les machettes et les armes à feu ont parlé.
Le 23 juin 2005, une étudiante en Licence de lettres modernes à l’Université de Cocody, membre de l’AGEECI a été violée par 4 membres de la FESCI, sur le campus. Dans la nuit du 4 au 5 septembre 2005, le corps sans vie, de l’étudiant Gogbou Marius, secrétaire à l’organisation de la section FESCI campus 1 a été découvert. Il a été tailladé à la machette à la suite d’une altercation entre les membres de sa section. Cette liste non exhaustive est l’illustration des méthodes barbares dans la gestion de ses contradictions internes. Ceci s’est d’ailleurs aggravé après la rébellion de septembre 2002, où la FESCI s’est militarisée devenant de fait une milice à la solde du régime d’alors. A côté des assassinats ciblés, de nombreux étudiants ont été contraints de quitter le campus pour avoir la vie sauve, mettant ainsi fin aussi à leur cursus universitaire. D’autres ont subi des brimades inhumaines. Des étudiants ont été enterrés vivants sur le campus. D’autres ont eu leurs tendons sectionnés à machettes. A l’heure du bilan, l’on peut dire que la FESCI a été le contraire de ce pourquoi elle a été créé. Et en 34 années, trop de sang innocent a été versé sur les campus. Il est temps pour les autorités du pays de prendre les mesures et les décisions qui s’imposent pour assainir une fois pour toutes les universités ivoiriennes.
Kra Bernard