Que répondez-vous aux menaces incessantes du PPA-CI qu’il n’y aurait pas d’élection en Côte d’Ivoire si son candidat, M. Laurent Gbagbo, n’était pas réinscrit sur la liste électorale ?
Ceci est une volonté manifeste de prise en otage de la démocratie ivoirienne et d’une tentative de mise en cage de l’Etat de droit qui est ainsi exprimé. Lors de mon récent passage à Agboville, où je suis allé, le 14 août dernier, au nom de mon parti, procéder à l’installation de la coordination locale du RHDP, j’avais publiquement interpellé le ministre Hubert Oulaye, sur le ton et la teneur de son propos, les germes de violence et de conflit qu’il comportait. Vous savez, à un certain moment, il faut savoir s’arrêter. Notre passé commun nous a enseigné suffisamment sur le fait que la violence ne résout aucun problème, parce qu’elle constitue elle-même un problème. Quand on est un dirigeant politique de ce niveau, on ne tient pas ce genre de langage : « si Gbagbo n’est pas candidat en 2025, il n’y aura pas d’élection » disait-il. Mais s’il n’y a pas d’élection en 2025, il y aura quoi ? La chienlit ? Le chaos ? Des morts encore par milliers ? Des destructions ? Que gagne le PPA-CI à vouloir entretenir un tel climat de tension et de violence en Côte d’Ivoire ?
Conviendrez-vous toutefois que des menaces planent tout de même sur ces élections ?
Non, il n’y a aucune menace. Les gens essayent de se faire peur. Sinon nous, nous sommes très sereins. Gbagbo et le PPA-CI doivent savoir qu’ils n’auront rien par la violence ou par la force. Ils brandissent le chiffon rouge, mais ça ne date pas d’aujourd’hui. Ils sont simplement nostalgiques de leur propre passé. Ce disque est rayé, ce logiciel est obsolète. La plupart de ceux qui se font le relais de ces propos sont à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. Moi, je lis à travers ces réactions un manque de sérénité qui commence à les gagner. Choisir la violence, le chaos, c’est choisir le chemin du désespoir. Mais rassurez-vous, les élections se dérouleront sans heurts et sans problèmes. La Côte d’Ivoire que le Président Alassane Ouattara construit avec acharnement et sans ménager ses efforts ne sombrera pas.
Cela voudrait dire que vous êtes totalement confiant sur l’environnement de la tenue des élections de 2025 en Côte d’Ivoire ?
Tout se passera bien. Tous les observateurs avertis sont d’avis que le RHDP l’emportera largement et surtout avec candidat comme le Président Alassane Ouattara, quel que soit la coalition en face. Pour nous, le défi est de l’emporter dès le premier tour. Nous y travaillons, nous nous y préparons. Voyez le PPA-CI, un parti qui se cherche une âme et qui n’a aucune base dans plusieurs localités du pays. En fait le projet de Gbagbo, en reniant le FPI et en lançant le PPA-CI est un fiasco. Il a misé sur son équation personnelle et il s’est vite rendu compte que les ivoiriens sont passés à autre chose. Quant au PDCI actuel, l’n’a rien à voir avec le PDCI d’Houphouët-Boigny. Pis, le parti s’est recroquevillé dans une localité du pays et est actuellement est miné par des dissensions internes graves. Il est en train de pourrir du dedans. C’est un parti qui va aller aux élections en rangs dispersés. Au demeurant, le PDCI et le PPA-CI qui font office de locomotives de l’opposition ont déjà essayé de se coaliser contre le RHDP aux élections dernières locales. La mayonnaise n’a pas pris. Voilà pourquoi aujourd’hui ils remettent encore sur la table le couvert de la CEI et critiquent l’opération de révision de la liste électorale. Pour masquer en fait leurs déboires électoraux.
Sur la question spécifique de la CEI qui est chargée d’organiser les élections, quel est votre regard sur la position commune adoptée par le PPA-CI et une coalition des partis de l’opposition ivoirienne ?
Je n’ai rien compris de leurs récriminations. C’est comme si à chaque élection, ils sont obligés de parler des mêmes problèmes. Quand la CEI leur donne raison dans un différend électoral au détriment du RHDP, c’est bon, pas de problème. Quand ça ne va pas dans leur sens, c’est mauvais. Nous sommes à 14 mois des élections. Allons tous sur le terrain pour parler aux ivoiriens. Et laissons la CEI faire son travail. L’opération de révision de la liste électorale n’a même pas encore démarré qu’ils réclament sa prolongation.
La récente condamnation de l’ancien député Kando Soumahoro a suscité des réactions diversités au sein de l’opposition notamment au niveau du PDCI et du PPA-CI. Quel commentaire ?
C’est le genre de chose auquel on est confronté quand on décide de cheminer avec des gens avec qui on n’a pas le même ADN politique. J’ai dit à des amis au PDCI que s’ils veulent cheminer avec le PPA-CI et Gbagbo, ils doivent avoir constamment à l’esprit qu’ils ne marcheront pas dans la même direction, parce que le PDCI a une vision politique différente de celle du PPA-CI. Elles sont même opposées. Le PDCI a des principes et des valeurs que le PPA-CI ne considère pas comme tels. Ces deux partis n’ont pas le même agenda politique. Pensez-vous qu’un cadre du PDCI est capable de faire ce que Katinan est allé faire à Ouagadougou récemment ? Non. Le PPA-CI risque d’entrainer le PDCI dans des problèmes très graves. Ce parti a la violence dans l’ADN et ne peut s’en départir. Pour eux, tout rime avec la force et la violence. Et je crains que ce genre d’accrocs que vous évoquiez risquent de se répéter. Ce n’est que le début. Il n’y a qu’avec le RHDP que le PDCI puisse se réconcilier avec la philosophie et le testament du Père-fondateur Houphouët-Boigny. Le PDCI actuel aurait-il oublié l’opprobre que M. Gbagbo a fait déverser sur le Président Houphouët Boigny au soir de sa vie ? Le PDCI se sent-il bien avec celui qui a traité son père de voleur ? Il faut que les militants du PDCI militants fassent preuve de plus de lucidité et laissent de côté leurs émotions et ressentiments. « En politique, c’est la saine appréciation des réalités, bonnes ou mauvaises » enseignait le Père-fondateur. Il est temps qu’ils se ressaisissent avant qu’il ne soient trop tard. Le salut du PDCI se trouve dans le RHDP et nulle part ailleurs, même pas dans la poche d’un messie autoproclamé. A bon entendeur salut !
Bema Bakayoko, Avec SERCOM