Que ne ferait le parti de Laurent Gbagbo pour porter un coup au pouvoir et partant à Alassane Ouattara ? Pour saborder le régime, les responsables du PPA-CI semblent avoir fait leur l’adage selon lequel l’ennemi de mon ennemi est mon ami. Ainsi pourrait s’expliquer leur rapprochement avec la junte au pouvoir au Burkina Faso et, au-delà, leur admiration pour le chef de la junte burkinabé, le capitaine Ibrahim Traoré. Sinon, comment expliquer que, alors que les putschistes au pouvoir au Burkina entretiennent des relations tendues avec les autorités de la Côte d’Ivoire depuis leur irruption sur la scène politique, le PPA-CI leur dresse des couronnes par la voix de l’un de ses barons en la personne de Koné Katinan ?
« Nous sommes avec eux »
En effet, invité à participer à une cérémonie récemment au Burkina Faso, il a eu des mots élogieux à l’endroit du chef de la junte burkinabé. « Nous souhaitons beaucoup de courage au capitaine Ibrahim Traoré, à Assimi Goita et à Tiani du Niger. C’est important que, de leur vivant, ils sachent que nous sommes avec eux », a déclaré le président du Conseil stratégique et politique du PPA-CI, en charge du programme de gouvernement de ce parti, après avoir félicité le capitaine Ibrahim Traoré pour avoir réhabilité Laurent Gbagbo, dont l’image aurait été salie par les médias occidentaux.
Ces propos de Katinan sont sans équivoque : le parti de l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, avoue être du côté des putschistes de Ouagadougou, lesquels ne sont pas en odeur de sainteté avec les autorités ivoiriennes. Il est de notoriété que les militaires qui règnent sans partage sur le Burkina depuis leur accession au pouvoir par effraction, entretiennent des relations pourries avec Abidjan. Le dernier fait en date, qui illustre la tension entre les deux pays, remonte au 11 juillet 2024 dernier. Ce jour-là, là le chef de la junte burkinabé a porté de graves accusations contre la Côte d’Ivoire et ses dirigeants.
Pactiser avec le diable pour faire mal au pouvoir
« Nous n’avons rien contre le peuple ivoirien mais nous avons quelque chose contre ceux qui dirigent la Côte d’Ivoire. Il y a bel et bien à Abidjan un centre des opérations pour déstabiliser notre pays. Personne ne peut le nier et nous vous montrerons les preuves physiques dans les jours suivants… », avait martelé l’homme fort de Ouagadougou devant ses compatriotes. Plutôt que de condamner cet outrage fait à la Côte d’Ivoire ou, à tout le moins, demander aux accusateurs d’apporter la preuve de leurs allégations, le PPA-CI a plutôt appelé, le 18 juillet 2024, le gouvernement à briser le silence face à ces accusations. Une attitude qui en dit long sur la connexion entre ce parti et les putschistes qui ont en partage avec le camp Gbagbo, l’exaltation de la fibre souverainiste.
C’est sans doute pour cela que le PPA-CI affiche publiquement son soutien à la junte au pouvoir au Burkina Faso en rendant hommage au chef de cette junte, sans se préoccuper des relations d’hostilité que les autorités de ce pays voisin entretiennent avec les dirigeants ivoiriens. A l’évidence, Laurent Gbagbo et son parti semblent avoir fait le choix de saisir toute occasion de porter un coup à Alassane Ouattara et son pouvoir, quitte à pactiser avec le diable. Sinon, comment expliquer que Koné Katinan clame que son parti est avec le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, sachant que celui-ci a fait arrêter le 10 juillet 2022 et emprisonner durant de longs mois, 49 soldats ivoiriens, humiliant ainsi la Côte d’Ivoire ? Les choses sont donc claires : le PPA-CI adoube les putschistes qui ont porté sur les fonts baptismaux l’AES, sans doute avec l’intention d’en faire des alliés pour d’éventuelles actions communes demain.
Assane Niada
