Le district Zanzan a pris sa part de deuil aux obsèques de Henri Konan Bédié aux cotés des populations éplorées. Venues des villages et hameaux du Boukani et du Gontougo, elles se sont rendues à Prepressou pour partager aux côtés de leurs frères et alliés, les tristes moments qui portent sur la disparition de feu le Président Henri Konan Bédié, décédé le 1er août 2023 à l’âge de 89 ans. Dans la délégation, au premier rang, de hautes personnalités dont le ministre d’État, ministre de l’Agriculture, du développement rural et des productions vivrières, Kobenan Kouassi Adjoumani, ainsi que les élus et cadres de toutes obédiences politiques.
Cependant, comme l’exigent les us et coutumes des peuples du Zanzan qui recommandent qu’en pareilles circonstances, conformément aux jeux de l’alliance intercommunautaire, ces alliés, n’ayant pas été officiellement informés du décès du président Bédié, se sont sentis « blessés » d’apprendre sur place, une telle information à laquelle ils ne croient pas encore. Surtout qu’en pays Akan, la mort du chef obéit à une certaine procédure. Ainsi, tel que déclaré le peuple du Zanzan considère que le chef baoulé est juste souffrant.
« C’est sur place que vous nous annoncez le décès du président Henri Konan Bédié. Je me tiens là devant vous, au nom du Royaume Bron et du Royaume Koulango pour dire que plus jamais ça ! Parce que vous ne devez pas répéter de telles choses. Nous sommes alliés, vous le savez. Lorsque deux arbres poussent côte à côte au point que leurs racines s’entrelacent, même morts, les racines restent entrelacées. Chers chefs, nous sommes venus avec la Reine-mère des peuples de CEDEAO de Côte d’Ivoire. Elle est issue du Zanzan et elle est Bron. Nous allons aller la consulter pour voir si nous pouvons vous accorder des circonstances atténuantes », a indiqué NANAN Moroufié, au nom de la délégation du Zanzan et du Boukani.
Cette réaction des « frères » a jeté un froid dans la foule réunie à la grande place publique de Pepressou qui abrite les obsèques du sphinx de Daoukro. Selon eux, le président Bédié qui est un chef « n’est pas mort », mais est déclaré admis en soins intensifs. Donc, les Brons du Zanzan étaient venus avec le remède pour le soulager du mal qui le ronge depuis plus de 10 mois.
Ces échanges de civilité n’ont pas trahi la tradition. Tous les actes se sont déroulés suivant un protocole traditionnel de haut niveau réservé aux initiés de haut rang.
Après moult tractations dont des consultations de la Reine-mère, le porte-parole de la délégation, revenu de la consultation, annonce le véto de la Reine-mère.
« Nous sommes à nouveau là. Le président Bédié est un chef, moi également, je suis un grand chef. C’est pourquoi, je tiens en main le micro. Vous savez, ce sont les oiseaux de même plumage qui volent ensemble. La Reine-mère dit que, pour conjurer le mauvais sort, qu’un billet de 1.000 FCFA des années 1960 soit trouvé pour qu’elle autorise la poursuite de la cérémonie », a-t-il indiqué. Bien plus encore, les frères Bron et Zanzan tenant compte des souffrances et douleurs de la veuve, sont allés plus loin par l’entremise de la Reine-mère des Bron, qui s’est proposée elle-même, de remettre un billet de 1.000 FCFA et a levé son véto.
« Si, par ailleurs, vous ne pouvez pas trouver le billet, comme elle est reine et mère du président Henri Konan Bédié, elle se fait fort de vous remettre ce billet pour que la cérémonie suive son cours », a ajouté Nanan Moroufié pour permettre la poursuite de la cérémonie.
Passé ces moments riches en enseignements, le Zanzan a fait des dons de 5 500.000 FCFA, 2 tonnes d d’ignames, 2 bœufs, 2 cartons de boissons alcoolisées.
Venance Kokora
