En octobre 2025, les Ivoiriens seront appelés aux urnes pour élire le président qui aura la lourde charge de conduire leurs destinées pour les cinq prochaines années. Pour cette importante consultation, les formations politiques de premier plan en Côte d’Ivoire ont commencé à annoncer leurs couleurs. Au niveau de la coalition au pouvoir, l’heure est encore aux interrogations pour savoir si le président de la République, Alassane Ouattara acceptera de rempiler pour défendre à nouveau les couleurs du RHDP.
A contrario, pour d’autres formations comme le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) et le Front populaire ivoirien (FPI), cela ne fait plus l’ombre d’aucun doute. L’ancien président Laurent Gbagbo, malgré la forclusion juridique qui le frappe, a été désigné par ses ouailles pour porter l’étendard du PPA-CI. L’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan pour sa part a déjà chaussé les crampons pour défendre les couleurs du FPI. Au niveau de l’ancien parti au pouvoir, les choses ne sont pas encore clarifiées. Mais ceci est un secret de polichinelle. L’ancien patron du Crédit Suisse sera le candidat du plus vieux parti politique en Afrique après l’ANC. Comme on peut donc le voir, toutes les formations politiques de premier plan en Côte d’Ivoire se jetteront dans la course pour la présidentielle de 2025. Seulement voilà. A 16 mois de cette importante consultation, le constat qui se dégage sur l’occupation du terrain politique diverge d’une formation à l’autre.
RHDP : Tuer le match avant le match...
S’il est vrai qu’au niveau du RHDP, l’on continue d’entretenir le mystère sur le candidat qui sera aligné en octobre 2025, la Direction a décidé d’aller à la conquête du terrain politique. Auréolé de sa razzia après les élections locales de septembre 2023, le RHDP, à l’analyse des faits, veut tuer le match avant le match. Pour ce faire, le parti use de diverses stratégies et ceci à plusieurs niveaux pour consolider son assise politique et réaliser le grand chelem après la présidentielle de 2020, les législatives de 2021 et les élections locales de 2023. Sur la question, les Houphouëtistes se donnent les moyens pour atteindre leur objectif. Aujourd’hui, l’on peut dire que c’est le seul parti sur le terrain politique dont toutes les structures spécialisées sont opérationnelles. Après les congrès de fin 2023, l’Union des jeunes du RHDP et celle des femmes sont les structures spécialisées les plus en vue. Après le lancement de sa tournée nationale le 28 avril dernier, à la Place CP1 de Yopougon, le président Koné Mamadou et ses lieutenants de l’UJ-RHDP viennent de réaliser un grand coup dans le Bafing à travers une incroyable mobilisation à Touba le week-end dernier.
Harlette Badou et ses sœurs de l’UF-RHDP, après un temps de réflexion à Jacqueville, ont mis le turbo en marche le dimanche dernier avec une grosse mobilisation à Abobo. A côté des activités politiques, dans chaque région, les élus et cadres ont décidé de battre le rappel des troupes à travers diverses cérémonies d’hommage des populations au chef de l’Etat. Sans avoir un ancrage politique, tout porte à croire que ces cérémonies d’hommage au cours desquelles l’accent est mis sur le bilan du chef de l’Etat seront un incroyable atout pour le RHDP dans la campagne présentielle. Pendant ce temps, le Secrétariat national du RHDP chargé de l’implantation, de l’organisation et des adhésions a entrepris une minutieuse opération d’enrôlement et cartographie de tous les militants et structures de base. Ce travail qui est mené méthodiquement et de façon scientifique, sera à coup sûr l’arme fatale du RHDP pour prendre l’ascendance sur tous ses adversaires. En un mot comme en mille, sur le terrain politique, le RHDP carbure. Que ce soit Alassane Ouattara le candidat ou un autre cadre, une chose est claire : Au soir de la présidentielle d’octobre 2025, le RHDP est très bien parti pour étaler encore ses adversaires.
PDCI, PPA-CI, FPI : On continue encore de se chercher….
Si le RHDP carbure au super, au niveau des partis de l’opposition, c’est l’inertie totale. Le PPA-CI qui vient d’organiser sa convention pour la désignation de son candidat, au-delà des effets d’annonce ne fait que brasser du vent. Voici un parti politique miné par de profondes dissensions internes avec des structures spécialisées totalement inexistantes qui décide de porter son choix sur un candidat qui n’est pas éligible. Laurent Gbagbo, on le sait, ne figure pas sur la liste électorale. Si les choses restent en l’état, il est évident que son dossier de candidature sera le premier qui sera rejeté par le Conseil constitutionnel. Au-delà de cette forclusion juridique, A deux reprises, le PPA-CI n’est pas parvenu à élire un président de la Ligue des jeunes. En définitive, Gbagbo a été obligé de nommer un de ses rares élus, en l’occurrence le maire de Lakota pour présider sa jeunesse.
Au niveau des femmes, Hortense Seri Louma a été certes élue, mais après son élection, le PPA-CI est secoué par une crise post-électorale qui fait que cette dernière ne peut même pas travailler. Comme l’a souligné un acteur politique de premier plan, le PPA-CI est donc dans l’enfumage et ne peut inquiéter outre mesure la machine RHDP. Idem pour le FPI de Pascal Affi N’Guessan. Non seulement le parti a perdu la quasi-totalité de ses postes électifs, mais les structures spécialisées sont dans une inertie totale. Aujourd’hui, si l’on interroge même les militants du FPI, rares sont ceux qui pourront donner le nom du président de la jeunesse du FPI et celle des femmes. Si le PDCI bénéficie de circonstances atténuantes avec les obsèques du président Bédié, une chose est certaine : Tidjane Thiam sera face à la dure réalité du terrain politique après les obsèques de Bédié. Lui qui a été intronisé président du PDCI au mépris de certaines règles du parti devra songer à mettre de l’ordre dans ses rangs avant d’espérer aller à la conquête du terrain politique.
Kra Bernard
