L’ancien Premier Ministre de Côte d’Ivoire, Jérôme Patrick Achi, depuis son départ du gouvernement en octobre 2023, ne chôme pas. C’est vrai qu’on l’a aperçu à plusieurs fois aux côtés du Président de la République Alassane Ouattara, mais après la Primature, il a été copté par la prestigieuse université américaine Harvard pour y dispenser des cours. Ces derniers temps, grâce à la magie du digital, l’on voit des publications régulières de l’ancien chef du gouvernement sur les réseaux sociaux relativement aux cours qu’il dispense dans cette université qui a fabriqué de nombreux chefs d’états et leaders mondiaux. Ce week-end, des thuriféraires de l’ancien régime sont tombés à bras raccourcis sur l’ex Premier ministre sous le fallacieux prétexte qu’il ne sert pas son pays mais un autre pays. Et pourtant, il faut saluer la prestation de Patrick Achi dans cette prestigieuse université là où en 2010 Laurent Gbagbo avait refusé d’y aller. Au lieu de manifester une légitime fierté de voir un ivoirien enseigner les meilleurs étudiants et professionnels de ce monde, les négateurs des évidences ont emprunté des chemins de raccourcis qui ne peuvent mener nulle part. Pourquoi n’avoir pas opté pour les universités ivoiriennes comme Laurent Gbagbo, Aké Ngbo ? S’interrogent-ils.
Les personnalités citées sont des enseignants de formation. Des fonctionnaires affectés au ministère de l’Enseignement supérieur avant leur accession à des postes politiques. Tout naturellement, c’est un devoir pour elles d’y retourner à la fin de leurs mandats politiques, si elles ne sont pas frappées par l’âge de la retraite. Ce n’est pas le cas pour Patrick Achi, qui n’est pas enseignant. Tout comme les universités et les instituts de formation et de recherche, il peut donc être copté pour dispenser des modules spécifiques ou prononcer des conférences ou encore des master class. Jusqu’à ce jour et selon nos informations, aucune université ivoirienne n’a sollicité Achi pour animer des modules ou des conférences. Où est donc le problème si l’ex-Premier ministre qui est un technocrate chevronné est copté par l’une des meilleures universités de ce monde ? Sur la question, les mêmes thuriféraires de l’ancien régime avancent que le désormais ‘‘Professeur’’ à Harvard University aurait décliné une invitation de l’université de Bondoukou pour y prononcer une conférence inaugurale : c’est archi faux ! Bien au contraire.
Pour qui connait l’ancien Premier ministre doit savoir que c’est dans ce type d’exercice qu’il excelle d’ailleurs. A Harvard, Achi y intervient en tant que chercheur, invité à partager son expérience. Ce n’est pas un crime encore moins du mépris pour les universités ivoiriennes. Ils sont nombreux les enseignants ivoiriens invités dans les universités européennes à faire ce même exercice. À Harvard, les modules qu’il porte traitent des questions économiques africaines. En tant que Premier ministre d’une des économies les plus dynamiques du continent, c’est un profil idéal pour l’université d’une part une aubaine pour lui d’autre part, d’expliquer comment nos économies ont résisté à la COVID.
Comme on peut le voir, à force de chercher des poux dans les cheveux d’un chauve, les activistes pro-Gbagbo finiront par se discréditer totalement si ce ne l’est déjà. Il faut donc saluer cette voie qu’ouvre l’ancien Premier ministre ivoirien aux hommes politiques. On peut se réinventer après un poste politique, et continuer de servir son pays. Gbagbo avait refusé cette offre après avoir perdu la présidentielle de 2010. S’il avait compris qu’il y a une vie après la politique, on n’aurait pas eu les 3000 morts. En dispensant des cours à Harvard University, c’est aussi une leçon politique et académique que Jérôme Achi Patrick est en train de dispenser à Laurent Gbagbo
Joël DALLY