Dernier coup de théâtre d’un scénario qui semble avoir été écrit pour que Tidjane Thiam en soit l’acteur principal, le retrait de la course à la présidence du PDCI-RDA, du candidat Koumoue Koffi Moïse, hier mardi 5 décembre 2023. Il s’est retiré comme il est arrivé : à la surprise générale. « Aujourd’hui, au regard de la conduite actuelle du processus électoral et après une profonde réflexion, j’ai décidé de retirer ma candidature à la présidence du PDCI-RDA », se contente-t-il de dire, pour justifier son retrait. Tel un comparse, il quitte la scène, ayant fini de jouer une partition dans un scénario qui semble avoir été écrit pour que seul, l’ex-patron du Crédit suisse franchisse le premier la ligne d’arrivée.
Un « plan commun » pour lui ouvrir un boulevard
Avant cet ultime avatar de ce processus riche en péripéties, c’est le Secrétaire exécutif, Maurice Kakou Guikahué, qui a été recalé. L’opinion a, en effet, appris, avec stupéfaction, dans la journée du lundi 4 décembre, que le Comité électoral, en charge de statuer sur les candidatures, a rejeté celle du professeur en cardiologie. Chose curieuse, ce Comité électoral a admis que « le candidat Maurice Kakou Guikahué, chef du Secrétariat exécutif et Vice-président du PDCI-RDA remplit toutes les conditions et est éligible au regard des critères des statuts du PDCI-RDA ». Au nombre de ces critères : une présence au Bureau politique depuis au moins 10 ans, la production d’un casier judiciaire, le paiement d’une caution de 20 millions FCFA. Pour autant, sa candidature a été rejetée « en raison de la procédure de contrôle judiciaire dont il est l’objet ». Le Comité électoral a en effet argué qu’il « ne peut prendre le risque de lui permettre de compétir pour la présidence du PDCI-RDA ». Aussitôt, le concerné a réagi, par la voix de son porte- parole, en taxant d’ « arbitraire et infondée » la décision prise par le Comité électoral de rejeter sa candidature.
La décision paraît d’autant plus infondée que le Comité en charge de l’organisation des élections devant conduire à trouver un successeur à Bédié, a estimé que Guikahué remplit les conditions pour être candidat.
Le cas Guikahué ou la violation des règles édictées
Dès lors, la logique aurait voulu que sa candidature soit validée et qu’il soit autorisé à prendre part à l’élection. Quitte à ce qu’il soit battu à la régulière par ses adversaires. En empêchant Guikahué d’exercer son droit à la candidature alors qu’il est éligible au regard des règles régissant l’organisation de ce scrutin interne, la direction du PDCI-RDA a violé son code électoral voire sa « constitution ». Violateurs des textes, ce parti et ses dirigeants seront mal fondés demain à crier au non-respect d’un quelconque texte à l’échelle nationale.
A la vérité, le parti à l’emblème d’éléphant en est aujourd’hui à froisser son propre code électoral, censé encadrer l’élection du successeur de Bédié, parce que tout semble être fait pour dérouler le tapis rouge à Tidjane Thiam afin de le hisser, sans coup férir, dans le fauteuil de président du PDCI-RDA. C’est dans ce « plan commun » que s’inscrit le retrait subit d’Akossi Bendjo, au profit du descendant de la lignée Houphouët-Boigny. Le premier coup de tonnerre a été, en effet, ce communiqué conjoint signé par les candidats Bendjo et Thiam et rendu public le dimanche 3 décembre 2023. « Le Vice-président Noël Akossi Bendjo et le Ministre Tidjane Thiam ont décidé d’unir leurs efforts et leurs compétences pour soutenir la candidature du Ministre Tidjane Thiam à l’élection de président du parti lors du 8eme congrès extraordinaire prévu pour se tenir le 16 décembre 2023 », ont-ils cosigné. Alors qu’il semblait décidé à briguer la présidence du PDCI-RDA, on s’explique difficilement ce retournement de l’ex-maire du Plateau. Son ralliement au candidat Thiam vient conforter ceux qui croient voir se jouer un scénario bien ficelé visant à déblayer le terrain pour l’installation de l’ex-parton du Crédit suisse dans le fauteuil de président du PDCI-RDA.
Assane Niada