Quand Alassane Ouattara prenait les rênes du pouvoir en 2011, le pays était dévasté : l’économie était en berne, les infrastructures socioéconomiques dans un piteux état. Aussi s’est-il immédiatement attelé à remettre à flot l’économie en opérant des choix stratégiques consistant à mettre l’accent sur la réhabilitation des infrastructures tombées en ruine tout en comblant le déficit par la construction de nouvelles. Ce défi étant relevé, le chef de l’Etat veut, cette fois, consacrer son mandat actuel à construire l’homme, à « fabriquer » un nouveau type d’Ivoirien en commençant par la jeunesse, qui constitue 77% de la population ivoirienne.
Le PJ-GOUV : le fruit d’une vision du chef de l’État
A la fin de l’année 2022, il annonçait ce projet en déclarant dans son message de nouvel an : « Je voudrais à présent m’adresser à nos jeunes, filles et garçons, car je suis convaincu que votre talent et votre énergie sont une chance pour notre pays. Je crois fermement en votre capacité à contribuer au développement de la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, j’ai décidé de faire de l’année 2023, l’année de la jeunesse ». L’engagement du chef de l’Etat va, par la suite, se traduire par un programme destiné à adresser spécifiquement les problématiques liées à la jeunesse. Au cours du conseil des ministres du mercredi 22 mars 2023, est adopté le PJ GOUV 2023-2025, pour la mise en œuvre duquel le gouvernement a mobilisé 1118 milliards de FCFA sur trois ans, dont 360 milliards pour la première année 2023. Il ambitionne d’impacter 1,5 millions de jeunes sur la période, dont 600 000 cette année.
Ce programme est le fruit d’une approche participative ayant consisté à recueillir les préoccupations et propositions des organisations de jeunesse relativement à leurs attentes. Selon le communiqué du conseil des ministres de ce mercredi 22 mars 2023, ce « programme fixe les directives de l’action du gouvernement pour les jeunes Ivoiriens ». Il « vise à amplifier les politiques publiques en faveur des jeunes en vue de leur assurer une bonne insertion professionnelle et de leur garantir de meilleures conditions de vie », souligne encore le même communiqué. Lequel en décline le contenu en trois axes : « l’accélération de la formation, de l’insertion professionnelle et de la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes » ; « le renforcement de l’engagement citoyen et de l’éthique sociale de la jeunesse » ; « l’amélioration des conditions d’épanouissement et de bien-être des jeunes ».
Le PJ-GOUV vu par Patrick Achi
Mais que signifie au juste tout cela ? C’est le Premier ministre Patrick Achi qui va en donner une meilleure compréhension à l’occasion de l’inauguration du nouveau centre de service civique de Bouaké, le vendredi 24 mars 2023.A travers ses explications, l’on aura compris qu’Alassane Ouattara et son gouvernement entendent, aujourd’hui plus qu’hier, s’engager à poser les bases de la construction d’une jeunesse plus responsable, plus « républicaine » c’est-à-dire débarrassée de certaines déviances et autres mauvais comportements. De fait, depuis l’éclatement de la rébellion jusqu’à la guerre postélectorale de 2011, en passant par la décennie de ni paix ni guerre ayant précédé cette guerre, les jeunes semblent avoir développé une culture d’antivaleurs. Le cas des enfants en conflit avec la loi abonnés à la violence ; des « brouteurs », spécialisés dans l’arnaque au sentiment ; des internautes qui se livrent à des discours haineux et autres ignominies sur les réseaux sociaux. Une situation d’abaissement moral qui nécessitait que l’on remît l’église au milieu du village.
D’où l’accent mis sur le réarmement moral à travers la redynamisation du service civique. C’est l’axe 2 du PJ-GOUV. Selon le Premier ministre Achi Patrick, il s’agit d’inculquer aux jeunes des valeurs morales et éthiques en vue d’en faire des citoyens utiles à la communauté, à la nation. « …on va développer en eux l’engagement citoyen et les valeurs éthiques et morales. C’est bien d’apprendre des choses, de connaître plein de choses mais ça ne suffit pas pour réussir dans la vie. Il y a des gens qui n’ont pas fait de longues études, qui ne sont pas bardés de diplômes et qui ont pourtant réussi plus que d’autres parce qu’ils ont développé des valeurs comme la rigueur, la discipline, le courage, la persévérance et le leadership », a fait savoir Patrick Achi aux jeunes. Et le Premier ministre d’ajouter : « On va vous apprendre la morale, l’éthique, l’amour de la patrie, l’engagement. On va vous apprendre à déceler le talent en vous parce qu’en chacun de vous il y a un talent mais on l’ignore parce que les circonstances de la vie ne vous ont pas donné l’occasion de le savoir ». Poursuivant, il a encore martelé : « On va vous apprendre les valeurs éthiques et morales, d’intégrité parce que celui qui veut aller vite, gagner facilement, il peut mais ça ne l’amène pas loin. Celui qui veut être intègre, vivre dans la justice et le droit, ça prend du temps mais ça reste et pour toujours. Toutes ces valeurs qu’on n’apprend pas nécessairement à l’école, on va les apprendre ici (au centre de service civique de Bouaké, Ndlr)». Puis le chef du gouvernement de renchérir : « Vous serez des hommes accomplis, prêts à servir les intérêts qui sont les vôtres, ceux de votre famille et ceux de votre famille ». On le voit, rien que par son deuxième axe, le PJ-GOUV se pose comme un programme destiné à « créer » une nouvelle génération de jeunes nourrie aux valeurs qui font des citoyens sociables. En plus, ce programme promet de les insérer dans le tissu économique en faisant d’eux soit des entrepreneurs soit améliorant leur employabilité par des formations.
Assane Niada
