Le moins que l’on puisse dire sur ces publications qui se succèdent à la suite d’un confrère à l’international, c’est que cette opération semble s’inscrire dans un plan savamment orchestré pour atteindre un objectif : Celui de semer la zizanie au sein du parti au pouvoir. Le timing et le mode opératoire de la diffusion de ces informations laissent clairement entrevoir que l’opposition ivoirienne, après avoir pris une vraie raclée aux élections municipales, régionales et sénatoriales, veut noyer le gros poisson de ce cuisant échec. Mais à la vérité, cette cabale médiatique, qu’elle soit menée avec ou sans des commanditaires au sein de l’establishment RHDP, dessert le régime au plus haut niveau le régime, parce que in fine, c’est le président Alassane Ouattara qui est visé. Les rumeurs de remaniements, on le sait, ont toujours été des périodes de frilosité et d’interrogations dans les cabinets ministériels où les colporteurs et prestidigitateurs politiques vendent très souvent du vent aux médias et aux proches de probables ministrables. Un remaniement ministériel ou réaménagement technique peut être une éventualité pour une meilleure efficacité dans la mise en œuvre des politiques gouvernementales. Cependant l’analyse du timing et du mode opératoire de la campagne des journaux de l’opposition est assez révélatrice de ce que cette opération est une cabale orchestrée contre le chef du Gouvernement et certains membres du Gouvernement. Les élections locales, on le sait, ne sont pas des élections politiques qui peuvent déboucher sur une redistribution des cartes, que ce soit au Parlement ou au sein du Gouvernement. Or, ceux qui sont derrière ces affabulations ont choisi le lendemain de la proclamation des résultats des élections locales pour lancer leur projet dont eux seuls connaissent les motivations. Sur la question, point n’est besoin de regarder dans une boule de cristal pour savoir que c’est la tête du Premier ministre Achi Patrick qui est mise prix par l’opposition et ses relais médiatiques. Son seul tort : Avoir arraché la région de La Mé des mains du PPA-CI de Laurent Gbagbo et du PDCI RDA.
Alassane Ouattara, seul maître du temps et de l’opportunité d’un remaniement ministériel
Oui, le président de la République, peut à tout moment, procéder à un réaménagement technique de son équipe ou même à un remaniement pour des besoins spécifiques et pour des objectifs spécifiques. Mais contrairement à un coup de tonnerre dans un ciel clément, rien n’indique l’existence d’une crise latente ou ouverte entre le Président et son Premier ministre au point de vouloir le congédier. Annoncer donc un remaniement avec changement du Premier ministre est tout de même assez gros comme le nez en plein visage. Ainsi donc, si l’objectif n’est pas de chercher à jeter l’opprobre ou le discrédit sur la réputation du chef du gouvernement pour des objectifs inavoués, il n’est pas loin de l’être. En l’état actuel des choses, le Premier ministre continue de bénéficier de la confiance du Chef de l’Etat. Depuis sa nomination en qualité de chef du Gouvernement, si ce n’est pas le Vice-président, c’est le Premier ministre qui représente le président Alassane Ouattara à d’importantes rencontres nationales et internationales.
Au terme des élections locales qui viennent d’être organisées et dont les résultats sont connus, Achi Patrick a également réalisé un master class politique en faisant basculer sa région dans l’escarcelle du RHDP. Jadis considérée comme un bastion imprenable de l’ancien régime de Laurent Gbagbo, la région de La Mé, sous le leadership d’Achi Ptrick, est aujourd’hui totalement acquise à la cause du RHDP et du président de la République Alassane Ouattara. Si donc au plan des compétences et de la conduite des affaires de l’Etat le chef du gouvernement bénéficie de l’estime et de l’entière confiance du président de la République et sur le plan politique il est parvenu à faire basculer sa région dans le giron du parti au pouvoir, pour quelle raison Alassane Ouattara voudra-t-il se séparer d’Achi Patrick ? Il ne faut pas se voiler la face. La cabale médiatique actuellement en cours contre le Premier ministre sous le couvert d’un remaniement ministériel ressemble beaucoup plus à un plan commun pour ternir sa réputation et son image. Pour rappel après sa nomination en 2021 en remplacement de feu le Premier ministre Hamed Bakayoko, Achi avait présenté sa démission et celle de son gouvernement le 13 avril 2022.
Suite à cette démission, les analystes politiques du dimanche avaient indiqué qu’il ne serait plus reconduit à la tête du gouvernement, sinon aussitôt sa démission actée en Conseil des ministres, le président l’aurait reconduit immédiatement. Mais à l’arrivée, le chef de l’Etat qui est le seul maître de son agenda et de ses choix avait déjoué toutes ces analyses en reconduisant Achi Patrick dans son fauteuil, une semaine plus tard. En définitive, Alassane Ouattara peut prendre la décision de reformer l’équipe gouvernementale. Mais sur la question, il est le seul maître du temps et de l’opportunité d’un remaniement. Pas sous l’influence d’articles suscités par des prestidigitateurs politiques.
Kra Bernard