Il est un refuge essentiel pour la survie des espèces menacées. Les écosystèmes et la diversité des espèces bénéficient de ce processus de protection, l’éducation des jeunes à travers la connaissance des espèces animales et végétales et la préservation des valeurs culturelles, car ils servent de sites pour les cérémonies d’initiation. Face à la menace écologique que causent les populations qui vivent à l’intérieur du Parc national de la Marahoué, l’État et plusieurs organisations non gouvernementales mènent des actions en vue de sa restauration.
101 000 ha menacés par 7735 habitants
Il est vrai que l’État de Côte d’Ivoire a mis en place, une politique pour la protection du couvert végétal en créant des parcs et des réserves, mais cette forêt a abondamment mué sous l’influence de l’action de l’homme qui en a fait un usage abusif et désordonné, allant largement au-delà du simple besoin de l’exploitation vitale. Dans le cadre du projet BENKADI, initié par la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI), l’Observatoire ivoirien pour la gestion durable des ressources naturelles (OI-REN), multiplie les actions sur le terrain en vue de la restauration dudit parc. « Nous sommes en train de mener des activités en vue de la restauration du Parc national de la Marahoué. Ce parc est infiltré par des populations à hauteur de 65 à 70%. C’est un parc dont le territoire devrait être intégralement protégé. Nous sommes donc, avec ces populations, en train d’organiser une sortie volontaire du parc. Depuis quelques semaines, nous sommes sur le terrain », a fait savoir Youssouf Doumbia, président de cette organisation.
« Nous avons mené plusieurs missions d’observation sur le terrain, avec le concours des autorités. Figurez-vous qu’il y a des villages, des campements, des écoles au sein de ce parc. Des gens y sont nés, certains ont plus de 30 ans aujourd’hui et considèrent ce parc comme leur village. Nous sommes sur la bonne voie, car nous avons pu avoir l’adhésion de ces populations pour une sortie volontaire du parc », se réjouit-il. Créé en 2011, l'OI-REN a pour ambition de fédérer les forces des différentes organisations de la société civile afin de parler d’une seule voix et de défendre efficacement les intérêts des communautés locales. Elle se fonde sur 4 priorités, dont le partage juste et équitable des bénéfices tirés de l’exploitation des forêts classées ; la sécurité foncière, préalable à l’effectivité de la propriété des ressources forestières dans le domaine rural ; le partage de l’information qui est une exigence de la transparence et la gestion durable des ressources naturelles.
Une action pour sauvegarder l’environnement et le couvert forestier
Youssouf Doumbia confie que dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, « un processus d’identification des personnes et des plantations, ainsi que leurs localités d’origine est prévu. A l’issue de cela, nous allons proposer un plan de sortie et rechercher les financements pour des mesures d’accompagnement. Au niveau des villes environnantes, nous sommes en train d’étudier la possibilité de mettre à la disposition de ces populations, des terrains, à des prix abordables, en vue de leur recasement. Nous nous devons aussi de faciliter leur intégration. ». Le Parc national de la Marahoué, faut-il le rappeler, contribue à l’amélioration de la qualité de l'air, protège des UV de la chaleur, facilite la gestion des eaux pluviales, favorise la biodiversité et permet la captation du carbone pour lutter contre les gaz à effet de serre. A en croire le président de l’OI-REN, « si le parc est libéré, il y a plusieurs avantages pour la Côte d’Ivoire. Au plan environnemental, le parc crée un microclimat très important pour la zone. Il est un refuge d’une diversité très importante aussi bien végétal qu’animal. N’oublions pas aussi que la Côte d’Ivoire a signé des engagements internationaux et l’une des menaces, c’est que notre pays est mis en cause sur le respect justement de nos engagements. Ce parc, en tant que site touristique de premier choix, pourrait faire entrer des devises importantes, ce, à tous les niveaux. Comme au Kenya, il serait une source pour notre économie. La restauration de ce parc va dynamiser l’activité hôtelière, le transport, la restauration et autres, dans toute la zone. Il y a également un plan de lutte contre les changements climatiques avec la restauration du couvert forestier ». C’est pourquoi, soutient-il, « nous avons tous intérêt à nous battre pour que ce parc soit restauré, en respectant la dignité humaine des populations. On ne va pas les dégager manu militari. L’objectif n’est pas de créer d’autres problèmes ».
Manuel Zako