Ce lundi, au cours de la conférence de presse de formalisation de leur alliance, le président sortant du Conseil régional a dressé le bilan de ses dix années passé à la tête de cette collectivité. Le moins qu’on puisse dire et lui-même l’a reconnu, c’est que Djédjé Mady n’a rien réalisé à la tête de cette région après une décennie de gestion. Dans une lecture fastidieuse et laborieuse qui faisait dormir l’auditoire, Djédjé Mady a lutté comme un beau diable pour faire le bilan de ses dix années de gestion à la tête du Conseil régional. Perdu dans ses tentatives d’explication et de justification, le maître de cérémonie a été obligé de l’interpeller pour aller à l’essentiel. Les raisons de cet échec selon l’ancien ministre de Félix Houphouët Boigny sont tout de même ahurissantes. D’abord, il fait porter cet échec par la rébellion de septembre 2002 en soutenant que tout le cacao de Vavoua transitait par Bobo Dioulasso, le Togo ou le Benin et que la région du Haut Sassandra ne tirait aucun profit de cette spéculation qui est la plus importante aussi bien de la région que du pays. Comment un président de région peut-il baser son bilan sur un problème circonstanciel qui remonte à plus de 20 années en arrière ? Si ce n’est pas un aveu d’échec, ce n’est pas loin de l’être.
Secundo, Djédjé Mady estime que sur les dix années qu’il a passé à la tête de la région, son budget global s’élève à 8 milliards de Francs qu’il juge très insuffisant relativement à l’étendue de sa circonscription. Cet argument nous a amené à aller consulter la loi des finances, spécifiquement la synthèse des dotations des collectivités sur deux années. Il ressort de nos investigations que la région du Haut Sassandra n’est pas mal logée en terme de dotation budgétaire contrairement à d’autres régions d’égale étendue en terme de départements comme le Gontougo. Le seul problème, c’est que Djédjé Mady a manqué d’ingéniosité parce qu’en plus de l’appui de l’Etat, la loi autorise les collectivités à rechercher des ressources additionnelles. C’est ce que n’a pas fait Djédjé Mady qui attendait tout de l’Etat. Et ça, il l’a avoué à la conférence de presse. « C’est l’état qui nous envoie en mission avec la possibilité de pouvoir chercher des moyens propres. Mais aller chercher des moyens propres, c’est quand il existe dans une région un certain nombre d’activités. L’état qui n’avait pas suffisamment les moyens et qui a créé ces structures, on ne lui demande pas de nous donner tout, mais d’augmenter ce que nous recevons », a indiqué le président sortant de la région du Haut Sassandra puis d’ajouter : « Il y a des communes en Côte d’Ivoire qui, avec des ressources propres arrivent à faire des choses extraordinaires ».
Alors question : Pourquoi Djédjé Mady qui avait toutes les cartes en main pour rechercher des ressources additionnelles n’a-t-il pas entrepris d’autres initiatives pour renflouer les caisses de la région comme il l’a si bien dit pour certaines communes ? Comme on peut le voir, Djédjé Mady justifie cette situation par le fait qu’il n’y a pas d’industries implantées dans cette partie du pays. Mais cet argument est une véritable fuite en avant dans la mesure où il a avoué n’avoir rien entrepris dans ce sens alors que la région du haut Sassandra regorge d’énorme potentialités économiques. Durant les dix années, Djédjé Mady, en plus de l’appui de l’Etat a reconnu avoir comme ressources additionnelles les taxes des marchés hebdomadaires. Au total, en dix années de gestion, Djédjé Mady a échoué sur toute la ligne. Le renfort de Stéphane Kipré ne pourra pas le sauver de la sanction des urnes au soir du 2 septembre 2023 parce que les populations du Haut Sassandra ne sont pas dupes. Bien que n’ayant pas la casquette de président de région et le budget qui va avec, le candidat du RHDP, en l’occurrence le ministre Mamadou Touré a fait mieux que Djédjé Mady en 10 années. Et ceci dans les quatre départements de la région. Au soir du 2 septembre, c’est ce retour d’ascenseur qui sera fait au ministre Mamadou Touré dont les actions parlent pour lui-même.
Kra Bernard
