Le PPA-CI et ses porte-voix que sont Koné Katinan, Damanan Pickass et Me Habiba Touré, ne cachent plus leur intention dans leur dynamique de calomnier les institutions ivoiriennes, singulièrement celle en charge de l’organisation des élections. Cette bronca contre la Commission électorale indépendante (CEI) est montée d’un cran depuis la publication de la liste électorale provisoire. L’objectif visé in fine, est d’espérer forcer la main aux autorités ivoiriennes afin de tordre le cou au droit pour réinscrire Laurent Gbagbo sur la liste électorale ou à défaut, agiter le chiffon rouge de l’exclusion pour perturber le processus électoral et/ou boycotter le double scrutin du 2 septembre prochain. Pour y parvenir, Me Habiba Touré, au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée en début de semaine, a développé des arguties qui découlent d’une alchimie politico-juridique avec une bonne dose de mauvaise foi et de manipulation des faits. Au cours de cette conférence de presse, dans un élan populiste qu’elle détient de son mandant, agrémenté par sa verve d’avocate, la porte-parole de Laurent Gbagbo a développé des arguments qui pourraient laisser croire que la Côte d’Ivoire et ses institutions marchent sur la tête, au regard de la vacuité et du caractère manifestement grossier des faits allégués. Mais à la vérité, Me Habiba Touré n’a fait que servir du pipo aux Ivoiriens.
Me Habiba Touré : avocate de la mauvaise foi et de la manipulation…
Le premier argumentaire développé par la porte-parole de Laurent Gbagbo qui pourrait choquer toute bonne conscience, est la présence de personnes décédées sur la liste électorale. Pour elle, le régime, dans sa volonté de battre l’opposition, sollicite donc le vote des morts. Mais, ceci est une méconnaissance flagrante du fonctionnement de l’administration et/ou une méprise intolérable pour une spécialiste du droit. L’on sait tous que la Commission électorale indépendante que Me Habiba Touré accuse de tous les péchés d’Israël, ne délivre aucun acte d’état civil en dehors des documents électoraux. Dans son fonctionnement, la CEI s’adresse donc aux structures compétentes de l’État afin de lui fournir les informations dont elle a besoin pour faire son boulot. Selon les informations en notre possession, après la saisine du ministère de l’Intérieur, une liste actualisée de 50 000 personnes décédées a été remise à la CEI et ces 50 000 morts ont donc été radiés de la liste électorale, conformément à la loi. Mais d’où vient-il que des personnes notoirement connues comme des premiers ministres et des membres du gouvernement, décédées, soient encore présentes sur la liste électorale ? Cette situation somme toute ubuesque, trouve son explication dans une logique procédurale.
La CEI n’a aucun pouvoir de radier une personne décédée de la liste électorale, même si son président a participé aux obsèques de ce dernier. À partir du moment où la personne en question ne figure pas sur la liste des personnes décédées transmise par le Ministère de l’Intérieur, sur quelle base légale la CEI va-t-elle s’appuyer pour radier cette dernière de la liste électorale ? Comme on peut le voir, sur cette question, seul le fichier transmis par le Ministère de l’Intérieur fait foi. Et si des illustres disparus comme l’ancien Premier ministre Seydou Elimane Diarra, les anciens ministres Alphonse Douati et Sery Bailly figurent sur le fichier des personnes décédées transmis par le Ministère de l’Intérieur, la CEI n’a aucun pouvoir de les radier de la liste électorale. La vraie question que Me Habiba devrait se poser aurait pu être celle-ci : Comment des personnalités de la trempe de premiers ministres, de ministres et de présidents d’institution peuvent être décédées sans que l’état civil ivoirien n’en fasse mention dans ses fichiers ? C’est là la vraie question qu’il faut se poser et non de faire croire que l’on veut faire voter des morts.
Rien que du « vuvuzela politique » !
Sur cette affaire de personnes décédées encore présentes sur la liste électorale, nous avons approché un juriste dont les explications confirment la thèse de la mauvaise foi et de la manipulation du PPA-CI et de son porte-parole. « Cette question des personnalités décédées encore présentes sur la liste électorale doit interpeller notre administration. Si la CEI doit enrôler des personnes décédées pour les faire voter, ce n’est pas des anciens premiers ministres ou des ministres qui sont notoirement connus de toutes les populations. Le vrai problème, c’est l’informatisation de notre administration et je pense que ce problème est en voie de résolution avec le Registre national des personnes physiques qui permettra à terme, de centraliser toutes les bases de données de l’État afin d’avoir un registre centralisé. Ceux qui accusent la CEI de faire du faux avec la présence de personnes décédées sur la liste électorale, font un procès d’intention. Souvent, les parents se disent qu’à partir du moment où la personne décédée est un ministre ou une haute personnalité, l’on n’a pas besoin de faire certaines démarches administratives comme celui du certificat de décès.
Et pourtant, sans ce document, la personne est toujours considérée comme vivante, même si tout le monde sait qu’elle est morte », a indiqué d’entrée, notre juriste avant d’ajouter qu’il y a encore et toujours des voies de recours si l’on constate la présence de personnes décédées sur la liste électorale. « Si un électeur décédé figure toujours sur la liste électorale, ses parents ou un électeur peuvent obtenir sa radiation. Il suffit de se rendre dans une CEI locale avec le certificat de décès et la CEI à son tour, va saisir le ministère de l’Intérieur pour notification avant sa radiation. C’est d’ailleurs, pourquoi, l’on affiche publiquement les listes dans chaque lieu de vote pour permettre à tout sachant d’effectuer sa saisine dans la période de contentieux », a ajouté notre juriste. À la lumière de cet éclairage, l’on peut aisément conclure que Me Habiba Touré est en plein dans la politique politicienne sur cette affaire de personnes décédées encore présentes sur la liste électorale. Et c’est justement pour régler tous ces problèmes que le jour de la remise de cette liste aux partis politiques, le président de la CEI leur a demandé de fouiner et de tourner cette liste dans tous les sens afin d’extraire ceux qui ne doivent pas y figurer. Au lieu de s’inscrire dans cette démarche, le PPA-CI et son porte-parole ont choisi la formule d’un « vuvuzela politique » improductif qui ne fait que confirmer la mauvaise foi de cette formation politique.
Kra Bernard