Le président de la Commission électorale indépendante (CEI) a procédé à la remise de la liste électorale indépendante aux partis politiques, le samedi 20 mai 2023 dans un hôtel aux Deux-Plateaux à Cocody. Cette phase de la révision de la liste électorale intervient après celle de l’enrôlement, qui s’est déroulée du 19 novembre au 20 décembre 2022, et l’étape dite du traitement. Plusieurs partis politiques ont répondu présent à l’invitation de l’entité chargée de l’organisation des élections en Côte d’Ivoire. Selon les propos du président de la CEI, la liste comprend 8 016 796 personnes. Parlant de ce que les partis politiques doivent faire avec ladite liste, Coulibaly-Kuibiert Ibrahime a déclaré. « (…) maintenant que vous avez la liste électorale entre vos mains habiles, deçà et delà, creusez, fouillez et bêchez, traquez l’irrégularité et d’éventuelles fraudes. Ne laissez nulle place où le filtre de la rigueur ne passe et repasse pour bouter hors de notre liste électorale, tout ce qui peut affecter sa crédibilité.
Je vous invite donc à faire un bon usage de la liste électorale provisoire qui vous est remise. Cette liste sera affichée dans tous les lieux ayant servi de centres d’enrôlement dès la fin de la semaine prochaine », a-t-il invité. Avant d’informer sur des dispositions pratiques en ces termes : « La publication de la liste électorale ouvrira la phase du contentieux qui vous permettra de saisir d’abord la CEI et ensuite, le cas échéant, les tribunaux, de vos réclamations et contestations ». Les réclamations vont se dérouler sur une période de 10 jours. « Une fois ces réclamations reçues, elles seront publiées. Ensuite, pendant dix autres jours, les Commissions locales seront appelées à recevoir les observations sur lesdites réclamations. Durant cette période, les personnes visées par des demandes en radiation, devront être informées pour user de leur droit à se défendre. A la fin de cette deuxième décade, la CEI doit, dans les sept jours qui suivent, rendre une décision qui, le cas échéant, peut faire l’objet d’un recours devant le Président du Tribunal territorialement compétent qui a le dernier mot », fait-il savoir.
Il convient de noter que la liste de 2023 est en hausse de 531 714 électeurs comparativement à celle de 2020, qui était pour sa part, de 7 485 082 électeurs. La liste électorale de 2023 est repartie selon le sexe comme suit : 3 886 425 femmes, soit 48,48% et 4 130 371 hommes, soit 51,52 %. Le traitement a permis selon le président de la CEI, de retirer 53 258 personnes présumées décédées et 517 personnes ont été radiées pour cause de déchéance des droits civils et politiques. Au nombre de ceux-ci, figure l’ex-chef de l’État, Laurent Gbagbo, l’actuel président du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Pr Dano Djédjé, le chef de la délégation du PPA-CI, a posé le cas Laurent Gbagbo. Après quoi, il a demandé à tous ceux qui l’ont accompagné, de se retirer de la cérémonie, du fait de la situation de l’ex-président de la République. Et avant même que le conférencier ne donne des explications pour ce qui concerne son cas.
Ce que le président de la CEI dit du cas Gbagbo
« On m’a prêté toutes sortes d’intentions. On a dit pour ne pas avoir de problème, j’ai décidé d’enlever le nom de Gbagbo sur la liste électorale. Insinuant ainsi que je travaille sous pression. Je ne travaille pas sous pression », dira de prime abord, le président de la CEI. Selon ses explications, le nom du leader du PPA-CI ne figure pas sur la liste électorale provisoire parce qu’il est déchu de ses droits civils et politiques depuis 2020. L’article 4 du Code électoral dit : « Ne peuvent être sur la liste électorale que les électeurs ». Or, pour être électeur, il faut jouir de ses droits civils et politiques, être ivoirien âgé de 18 ans. C’est une décision de justice qui peut affecter les droits civils », a laissé entendre Coulibaly-Kuibiert Ibrahime. La CEI a, pour ce faire, approché le ministère de la Justice et des droits de l’Homme, qui lui a remis une liste de 11 000 personnes déchues de leurs droits civiles et politiques. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, 517 d’entre elles se sont retrouvées sur la liste électorale provisoire.
C’est après croisement de cette liste avec elle de la CEI que l’ex-chef de l’État a été retiré. En clair, selon le conférencier, la CEI n’a fait qu’exécuter une décision de justice. Ce qui l’a amené à dire qu’« il viendra s’inscrire mille fois, mille fois, il ne pourra pas être sur la liste ». Par conséquent, aux yeux de Coulibaly-Kuibiert Ibrahime, ce n’est pas un « acharnement » contre Gbagbo. « Le président Gbagbo n’est pas n’importe qui. Et pourquoi on va s’acharner sur lui ? On ne s’acharne pas sur le président Gbagbo. (…) Gbagbo n’est pas n’importe qui. Il a été président de ce pays. Il est responsable d’un parti politique. Il ne nous viendra pas à l’idée d’être irrévérencieux vis-vis de lui », a-t-il fait comprendre. Les avocats de l’ex-président du FPI, qui, après avoir approché la CEI, se sont plaints à la justice, ont été déboutés par le tribunal du Plateau, selon Coulibaly-Kuibiert Ibrahime. Il dit avoir reçu des proches de Laurent Gbagbo en leur rappelant que « la CEI fonctionne sur le fondement de deux règles : les règles de droit et les accords politiques. Ce qui ne peut pas se résoudre par les règles de droit, peut se résoudre politiquement ».
Aristide Otré