Suspendus à ses lèvres pendant une cinquantaine de minutes, députés, sénateurs, membres du gouvernement, présidents d’institutions, tous ont donné au chef de l’État l’impression d’avoir été laissés sur leur faim. « Mon protocole me dit que vous êtes déçus », a d’ailleurs, perçu Alassane Ouattara, qui a dû revenir au pupitre le faire remarquer à l’assistance, alors qu’il avait fini son discours et était sur le point d’aller se rassoir. Et le président de la République d’ajouter : « Ce sera la prochaine fois ». Un bout de phrase qui laisse sous-entendre que Ouattara semble avoir sa petite idée des attentes de l’auditoire. Attentes qu’il promet d’étancher à une prochaine prise de parole publique.
Comment ne pas s’attendre à ce qu’au-delà du bilan économique pour le moins flatteur qu’il peut légitimement revendiquer, Alassane Ouattara fasse quelques annonces à l’occasion de ce grand oral peu ordinaire devant le congrès ? Surtout que c’est à une telle occasion qu’il avait annoncé, en 2020, qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle devant se tenir la même année, avant que des circonstances exceptionnelles ne l’amènent à revenir sur sa décision, plusieurs mois plus tard. C’est donc tout naturellement que la presse proche de l’opposition et une frange de l’opinion nationale entretenaient l’idée que le chef de l’État pourrait, cette fois encore, situer l’opinion sur sa position s’agissant de sa candidature ou pas à l’élection présidentielle de 2025. Aussi toute l’assistance s’attendait-elle à ce qu’il évoque ou effleure le sujet.
Grosse était donc la déception quand, le chef de l’État a conclu son discours sans lâcher le moindre mot sur le fantasme entretenu dans les esprits, des jours durant, par une certaine presse. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Ouattara a dribblé partenaires et adversaires. Maître de l’horloge et de son agenda, il a déjoué les pronostics de la presse en bottant en touche le sujet tant attendu, c’est-à-dire son éventuelle candidature à la prochaine présidentielle. « Ce sera la prochaine fois », a-t-il dit à ce sujet. Autrement dit, ce sera à son heure. Circulez, Il n’y a rien à voir ! Semble lancer Ouattara aux esprits qui ont été préparés à l’entendre faire de grandes annonces à l’occasion de cette prise de parole devant le congrès.
Assane Niada
