Abidjan, le mercredi 30 juin 2021 (lavenir.ci)-Le divorce entre Laurent Gbagbo et Simone Ehivet n’est plus qu’une question de jours. C’est un secret de Polichinelle, Simone veut la présidence du Front populaire ivoirien (FPI), Laurent Gbagbo également. Laurent et Simone Gbagbo, duo au duel.
Le lundi 21 juin 2021, Laurent Gbagbo a officiellement demandé le divorce à Simone Ehivet Gbagbo. Dans un communiqué de Me Claude Mentenon, son avocat, il donne les raisons de la saisine d’un juge des affaires matrimoniales. Selon le texte, c’est « le refus réitéré de Dame Simone Ehivet de consentir à une séparation amiable, au demeurant voie de règlement appropriée à leurs statuts personnel et politique ». La note précise également que « cette annonce ne sera suivie d’aucun commentaire ». Ce communiqué venait ainsi de confirmer les rumeurs sur la relation conflictuelle dans le couple Gbagbo.
Déjà en 2019, l’information selon laquelle Laurent Gbagbo avait demandé le divorce à Simone Gbagbo, avait circulé sur les réseaux sociaux. Me Rodrigue Dadjé, l’avocat de l’ex-première dame avait vite fait de démentir l’information. « En ma qualité d’avocat principal de Mme Simone Ehivet Gbagbo, je n’ai pas eu connaissance d’une telle information et personne ne peut m’en rapporter la preuve », a déclaré Me Dadjé, expliquant d’ailleurs qu’en « Côte d’Ivoire, pour présenter sa demande de divorce à son conjoint, il faut d’abord la présenter en personne au juge matrimonial ivoirien. Monsieur Gbagbo ne peut techniquement donc pas avoir entrepris une telle démarche », puisqu’il est en Europe depuis novembre 2011 », avait-il soutenu.
Finalement, les évènements se sont succédé avec le refus de Laurent Gbagbo de faire d'elle, la première vice-présidente du parti, après la mort d'Aboudramane Sangaré. Aussi, les préparatifs du retour de son époux auxquels elle n’est pas associée, font-ils comprendre aux observateurs de la vie politique ivoirienne que le couple bat de l’aile. Désormais, Simone Ehivet Gbagbo veut se faire une place dans l’arène politique ivoirienne. D’ailleurs, il se raconte que la condition sine qua non pour accepter le divorce, est que Laurent Gbagbo lui accorde le poste de présidente du FPI. Elle ne veut plus être dans l’ombre politique de celui-ci.
Le duo Simone et Laurent Gbagbo
Pourtant, l’histoire de ce couple atypique dans un passé ressent, a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Si certains aimaient la complicité qu’ils affichaient ensemble, pour d’autres, Simone Gbagbo avait une trop grande influence dans les décisions de son époux président.
Cette influence, l’opinion nationale et internationale l’a aussi remarquée. Sa présence à l'Assemblée nationale de Côte d’Ivoire où elle était présidente du groupe parlementaire FPI, sa capacité de mobilisation dans les milieux féminin et religieux, son discours dans le combat pour la souveraineté lors de la rébellion de Guillaume Soro, son discours nationaliste au cours des évènements avec l’armée française en 2004 et ses réunions durant la crise postélectorale de 2010. Bien plus qu’un député du parti au pouvoir, elle était la première Dame. Elle et son époux avaient travaillé pour être au sommet et il fallait garder ce cap.
Rappelons-le, Laurent Gbagbo, professeur d’histoire de formation et militant radical de la Gauche ivoirienne rencontre Simone Ehivet en 1973 dans le cadre de ses activités politiques clandestines. Elle, élève brillante de l'Ecole normale supérieure, elle est major de sa promotion lors du concours d'entrée au CAPES. Elle faisait ses premiers pas dans le milieu politique à l’époque et Laurent Gbagbo était en charge de la cellule à laquelle elle appartenait. En 1982, Laurent et Simone Gbagbo vont finalement créer dans la clandestinité, le Front Populaire ivoirien avec Aboudramane Sangaré, Émile Boga Doudou, Assoa Adou, Pascal Kokora. Ce regroupement d’opposition sera érigé en parti politique en 1988 et officiellement reconnu en 1990 avec l’avènement du multipartisme.
Roxane Ouattara
