Sur 8 auditeurs qui ont livré leurs opinions sur les deux temps forts ayant marqué ces festivités de la fête de la renaissance, seul 1 a dit avoir retenu un message fort délivré par Laurent Gbagbo. « Il a fait des propositions à la jeunesse ivoirienne : il envisage de créer une banque de l’emploi d’appui à l’entrepreneuriat des jeunes, ce qui va venir régler la question du chômage des jeunes », a soutenu cet auditeur se prénommant Serge. Il a, par ailleurs, salué la mobilisation, comme du reste, la plupart des intervenants.
Discours creux
Quant aux 7 autres, ils ont pratiquement repris à leur compte, le point de vue de l’universitaire Arthur Banga, sur le message fort qu’il fallait retenir des discours tenus par Gbagbo à ces deux occasions. « Zéro message », avait lancé ce politologue au cours d’un débat qui s’est tenu le dimanche 2 mars 2023 sur les antennes de la télévision NCI. Une position qui a fait bondir le porte-parole du PPA-CI, Koné Katinan, pour qui Arthur Banga se comportait comme quelqu’un qui fait semblant de dormir. Comme l’universitaire, la majorité des Ivoiriens qui sont intervenus à l’émission « Appel sur l’actualité », se sont dits frustrés de n’avoir pas perçu un message fort, encore moins une proposition concrète de la logorrhée de l’ex-chef de l’État.
« J’aurais souhaité qu’il nous parle davantage des problèmes sociaux, qu’il nous parle par exemple de la participation de l’État pour endiguer le chômage, de ce qu’il compte faire s’il revient au pouvoir », a déploré Olivier. Un autre intervenant n’a pas dit autre chose. Certes, il a commencé par tresser des lauriers à l’ex-chef de l’État, pour être revenu sur la scène politique après un long séjour carcéral. Mais quand l’animateur de l’émission lui demande ce qu’il a retenu des discours de Gbagbo, il bafoue et finit pas confesser : « Je n’ai pas été véritablement marqué par un message particulier. J’ai souhaité qu’il parle des problèmes sociaux du moment, qui concernent les Ivoiriens ; qu’il dise s’il revient au pouvoir, qu’est-ce qu’il fera difficilement. Qu’il donne le bilan de ce qu’il a fait quand il était au pouvoir en disant des choses précises ».
Un homme tourné vers le passé
Pour sa part, Sylvestre estime que l’ex-chef de l’État s’est contenté de ressasser le passé. « J’ai juste été convaincu de l’amour qu’il portait à sa petite femme. Sinon, dans le fond, il n’y a pas grand-chose à tirer. Il a fait plutôt les éloges de son épouse au moment où le public attendait autre chose », a-t-il lui aussi regretté. Quant à Éric, il a déploré que l’ancien chef de l’État n’ait les yeux que dans le rétroviseur. « Il est revenu sur des faits qui ne sont plus à l’ordre du jour actuellement, puisqu’il demande de rechercher toujours les coupables (des crimes de la guerre postélectorale de 2011, NDLR) si on veut aller à la réconciliation. Et pourtant, ses partisans nous disaient que la réconciliation n’aura lieu que quand Gbagbo reviendra », a-t-il relevé.
De tous ces auditeurs de RFI, Wilfried est sans doute celui qui a été le moins tendre envers l’ex-leader du FPI. « J’ai été déçu par le contenu des messages lors de ses deux meetings. J’ai constaté que M. Laurent Gbagbo et son clan n’ont rien retenu de tout ce qui a précédé la crise de 2002. Ils reconduisent la même rhétorique : il faut redonner la Côte d’Ivoire aux vrais Ivoiriens, il faut arracher la Côte d’Ivoire dans la main de ses envahisseurs », a-t-il asséné. Et d’ajouter : « Quand il revient, nous attendons qu’il nous donne un nouveau discours d’orientation, un discours pour contrer le jeu politique d’en face. Mais non, toujours en train de ressasser le passé ». Il en vient même à regretter d’avoir voté l’ex-chef de l’État lors du scrutin présidentiel de 2010. « L’Ouest de la Côte d’Ivoire a été très meurtrie. Aujourd’hui, elle est en train d’être reconstruite. Plusieurs réalisations y ont été faites. Je suis très déçu d’avoir voté Laurent Gbagbo en 2010. Près de 13 ans après, je constate que nous nous sommes trompés », a encore déclaré Wilfried. Quand Yacouba, lui, estimait qu’il n’y a rien de nouveau sous les tropiques. « Tous ces discours, on les a déjà entendus depuis les années 2000. On a l’impression qu’il n’y a rien de neuf », a-t-il lancé.
Assane Niada