Les récents départs de plusieurs cadres et personnalités du PDCI pour le parti au pouvoir, semblent avoir affecté le parti de Bédié, par-delà, les apparences et autres déclarations visant à se donner bonne contenance. C’est du moins, ce que laissent penser les réactions de la haute direction de ce parti. En effet, après le président du PDCI lui-même, qui a fait mine d’en minimiser l’incidence sur le parti, en mettant en doute, la conviction des partants, c’est au tour du porte-parole de ce parti, Brédoumy Soumaïla, de tirer à boulets rouges, sur ces personnalités qui ont quitté le « bateau ivre PDCI ». C’est à croire que le parti septuagénaire pleure ces départs qui le vident quelque peu, de ses forces vives.
Au cours du déjeuner de presse organisé par son parti, Brédoumy Soumaïla leur a consacré tout un paragraphe. Il s’est d’abord amusé des « déclarations tonitruantes » faites à l’occasion de l’annonce officielle de l’adhésion de ces cadres du PDCI au parti pouvoir, le RHDP. « Ce que nous n’apprécions toutefois pas, c’est le manque de responsabilité de certains de ces transfuges qui veulent utiliser des arguments peu convaincants pour justifier ou se dédouaner de leur départ, qui était attendu depuis longtemps », a commencé par charger Brédoumy Soumaïla. Et d’enfoncer le clou : « À la vérité, pour certains, ils n’étaient qu’en transit au PDCI-RDA, venant d’ailleurs. Nous espérons qu’au lieu où ils vont poser leurs bagages, ils en feront cette fois-ci, une résidence permanente ». En traitant ces partants de militants « en transit au PDCI-RDA », le porte-parole du PDCI tend à les déprécier, à les déconsidérer, à minimiser leur poids politique.
Le porte-parole du parti s’en prend à Bédié
Cependant, le faisant, Brédoumy Soumaïla jette, sans le savoir, une pierre dans le jardin du leader de son parti, Henri Konan Bédié. C’est, en effet, faire injure à Bédié que de dire qu’il a nommé à de hautes fonctions à la direction du PDCI, des gens qui n’étaient qu’« en transit au PDCI ». Comment le président du PDCI a-t-il donc pu faire de N’dri Narcisse, son directeur de cabinet, en remplacement de Lenissongui Coulibaly, puis porte-parole de ce parti ? Si Bédié le savait « en transit au PDCI », alors, il faut douter de la pertinence du choix des hommes qu’il opère dans la conduite des affaires dudit parti. On peut, en effet, mettre en doute, la clairvoyance de la mesure ayant consisté à hisser un militant « en transit au PDCI » à un poste aussi sensible et stratégique que celui de directeur de cabinet du président du parti.
Il en va du cas de Narcisse N’dri, comme de celui de l’ancien maire de Koumassi, N’dohi Yapi Raymond, qui a quitté récemment, le navire PDCI pour le parti au pouvoir. Avant de déposer ses valises dans le parti dirigé par Alassane Ouattara, N’dohi était vice-président du PDCI, c’est-à-dire admis dans le saint des saints. En novembre 2021, ce parti ne comptait que 50 vice-présidents. Deux ans plus tôt, soit en 2019, ils n’étaient que 38 vice-présidents. C’est dire qu’il faut avoir montré blanche, avoir fait ses classes et même avoir à son actif, des faits d’armes pour être hissé dans ce cercle restreint. Comment alors expliquer que Bédié ait fait entrer le militant « en transit au PDCI » qu’est supposé être N’dohi Raymond au poste de vice-président ? Brédoumy Soumaïla voudrait-il douter des critères mis en avant par Bédié pour le casting visant à élever au rang de vice-président du PDCI, qu’il ne s’y prendrait autrement.
On pourrait en dire autant du député Gouali Dodo, qui a été député de Vavoua pour le compte du PDCI pendant une décennie et qui était hier, en première ligne quand il s’agissait de défendre la cause de ce parti et de son leader Bédié. Comment le président du PDCI a-t-il pu miser sur quelqu’un qu’il savait « en transit au PDCI », pour défendre les couleurs de son parti et en devenir un député ? En le taxant de militant « en transit au PDCI », Brédoumy Soumaïla remet en cause, les choix des hommes qu’opère Bédié dans sa conduite du PDCI. On pourrait multiplier les exemples.
Assane Niada