La place d’armes Général de corps d’Armée Ouattara Thomas d’Aquin a abrité hier, mardi 24 janvier 2023, une cérémonie de décoration de soldats de retour de la mission de paix des Nations Unies au Mali, cérémonie au parfum particulier. Et pour cause, le deuxième groupe de récipiendaires de l’ordre national était constitué de 49 militaires composant la 8e NSE arrêtés et incarcérés par la junte malienne pendant près de six mois, soit du 10 juillet 2022 au 6 janvier 2023. Vêtus dans leurs tenues militaires, le Lieutenant Adam Sanni Kouassi, chef du détachement des 49 soldats et officier des forces spéciales de l'armée ivoirienne et ses hommes, avaient fière allure. Alignés à droite, en face du chapiteau des officiers supérieurs et de leurs familles respectives, les héros de Bamako portaient des cache-nez aux couleurs de leurs unités, pour rappeler qu’ils retournent dans l’anonymat comme le requièrent leurs unités.
La presse internationale à l’affût
Premiers récipiendaires à être décorés, les colonels Kouassi Bi Vigoné Eustache et Kouamé Jean-Marie, respectivement représentant pays des casques bleus ivoiriens au Mali et chef de Corps du 1er bataillon pilote projetable fort de 650 hommes et femmes, et déployés du 19 novembre 2020 au 21 août 2022, ont reçu la décoration de l'ordre national tout comme les 49 soldats.
Pour une cérémonie qui se voulait certainement des plus sobres, à en croire un officier assis à nos côtés, à l’arrière de la loge officielle, la presse internationale y était très représentée.
Surveillant tous les faits et gestes des 49 soldats, les preneurs de vue n’ont pas manqué une seule étape de la décoration des 49 héros de Bamako, de la remise des médailles à la photo de famille.
À l’affût de toute information exploitable, la presse internationale s’est littéralement orientée vers le Colonel Otchelio, Chef du Bureau d’information et de presse des Armées (Bipa). Se gardant de s’étendre sur le retour des derniers casques bleus ivoiriens que le gouvernement a pris la décision de retirer des effectifs de la MINUSMA, l’officier s’est contenté d’expliquer les différentes articulations de la cérémonie de décoration.
Hommage aux 6 soldats disparus
C’est à 9 h précises que le Chef d’état-major fit son entrée à la place d’armes, suivie également des honneurs au drapeau. Dans son allocution, le Général de Corps d’Armée, Lassina Doumbia, eu une pensée pieuse pour les six (06) soldats ivoiriens qui ont donné de leur vie pour le retour de la paix dans un pays voisin. « À vos familles qui ont consenti d’énormes sacrifices et vos conjoints qui ont su préserver l’équilibre familial durant votre absence, je voudrais rendre un vibrant hommage et saluer leur courage. Merci pour leur patience, leur compréhension et leurs prières. Malheureusement, au moment où vous êtes célébrés publiquement ce jour, six (06) d’entre vous manquent à l’appel. Ils ne sont pas présents, parce que rentrés plus tôt, décédés en mission commandée ou morts au combat. Et en ces instants, je voudrais que nous ayons une pensée pour eux, pour leur sacrifice et leur courage. Ils ont payé le prix du sang au nom de la recherche de la paix. Ne les oublions pas », a rappelé le Chef d’état-major général. Poursuivant, le CEMAG a indiqué que les distinctions qu’arborent dès cet instant, les 850 soldats, sont l’expression de la satisfaction de la haute hiérarchie militaire et celle de la Nation tout entière pour le travail accompli au prix de nombreux sacrifices.
Pour lui, elles doivent être pour eux, une source supplémentaire de motivation, dans l’exercice de leurs missions régaliennes.
« Vous devez désormais redoubler d’ardeur au travail et maintenir la flamme de l’excellence et la discipline qui vous ont caractérisés. Vous avez continué de servir avec une qualité égale, empreinte presque de stoïcisme, continuant de payer le prix du sang sur une terre où vos frères d’armes étaient injustement détenus pour des raisons autres qu’une infraction à une disposition quelconque », a ajouté le Général de Corps d'Armée Lassina Doumbia. Le patron des armées ivoiriennes a procédé, au terme de son allocution, à la décoration des 49 soldats, sous le regard admiratif de leurs parents. Ils ont été décorés dans l'Ordre national quand les 800 autres, ont été répartis dans les deux grades de l'Ordre du mérite et la médaille militaire qui reste le plus gros contingent des récipiendaires.
Décorés dans l’Ordre national du mérite
Au nom des récipiendaires, le Colonel Kouassi Bi Vigone Eustache, précédemment Chef d’état-major du secteur ouest au sein de la MINUSMA, à Tombouctou, également officier le plus ancien dans le grade le plus élevé, (Senior National Représentative), s’est remémoré les six mois de stress continu pour certains et 34 mois pour d’autres, mais de détermination permanente. « Mais durant toute cette période, votre soutien, mon général, ne nous a jamais fait défaut. Bien plus, il nous a galvanisés et confortés dans notre engagement sur le théâtre. Nous voyons en ces décorations que nous recevons, le témoignage de la reconnaissance de la Nation à ses soldats et les percevons désormais comme une exigence d’excellence », a rappelé le Colonel Kouassi Bi Vigone.
Changement d’atmosphère à l’annonce du nom de quatre soldats blessés de guerre. Les deux premiers marchent péniblement sur des béquilles, pour rejoindre le centre de la scène. Le troisième, dont le bras gauche est recouvert par un pansement, a été certainement victime d’un engin explosif. Quant au quatrième, assis dans un fauteuil roulant, a le pied droit également bandé. Portés par leurs frères d’armes, les quatre soldats blessés de guerre revenus du Mali, ont également été décorés par le Chef d’état-major, le général de Corps d’Armée Lassina Doumbia.
Olivier Yeo