Quand un songe bouleverse sa vie
Il avait pour idéal de faire un bon cursus scolaire et universitaire et finir cadre dans un grand établissement financier. C’est bien à cet objectif qu’il se consacrera jusqu’à ce qu’un soir, alors qu’il dormait profondément, il se voit aller dans l’au-delà. « C’est lors d’un rêve que je me suis rendu compte que je n’étais plus dans mon corps et j’ai entendu une voix me demander ce que je regrettais le plus. C’est ainsi que j’ai répondu à cette voix que je regrettais de n’avoir pas fait la musique. Et la voix de me proposer que soit j’allais dans l’au-delà, soit je revenais sur terre et je faisais la musique.
C’est alors que j’ai pu retrouver progressivement mes sens », relate-t-il, précisant que la musique est venue à lui. Après donc avoir retrouvé ses sens et la vie, il se verra contraint de s’intéresser à la musique, même si pour lui, la musique ne devrait être qu’un passe-temps et non une profession. « Au fond, la musique m’avait toujours passionné, mais je n’arrivais jamais à franchir le pas sous prétexte que j’avais d’autres priorités comme finir mes études », témoigne-t-il, non sans insister qu’il a dû se mettre à la musique malgré lui. « La musique est venue à moi. Je commence donc à faire la musique malgré moi », précise-t-il. Désormais convaincu qu’il a l’obligation de faire la musique, il se lance avec sa guitare à l’assaut de clubs où on distille la musique reggae à profusion.
Son combat pour la liberté d’expression
Mnedje De Morie explique qu’il aurait pu choisir entre le Zouglou ou le rap comme styles musicaux pour exercer sa musique. Cependant, estime-t-il que ces musiques ne traduisent pas assez fidèlement son engagement pour les libertés individuelles et surtout, la liberté d’expression. Dès lors, opte-t-il pour le reggae. Même s’il choisit lui-même librement son style musical, ce n’est pas le cas pour ses textes qu’il dit avoir reçus en songe. « C’est à la suite de certains songes que des journalistes sont venus à moi, un journaliste burkinabè, mexicain et saoudien. Chacun est venu avec son refrain. J’ai senti là un appel de faire passer leurs messages », témoigne-t-il. Pour lui, c’est une mission divine qu’il se doit d’accomplir avec ces messages forts à lui traduits dans son songe par ces journalistes. « Je me suis rendu compte qu’il n’y avait aucune musique ou aucun artiste qui célébrait ou rendait hommage aux journalistes », confie-t-il. Il consacre donc trois titres de son album aux journalistes pour leur rendre hommage.
« J’ai mis sur le marché, un album qui rend hommage aux journalistes assassinés ou emprisonnés », dit-il. Pour lui, la lutte pour la liberté d’expression reste à ses yeux, un combat noble. « De 1990 à aujourd’hui, il y a au moins 3 000 journalistes assassinés et en moyenne 100 journalistes tués par an. J’ai trouvé que c’est trop. Malheureusement, personne n’en parle. Le combat qui m’a le plus touché, est celui de la veuve de Jamal Khashoggi. Son mari avait été assassiné dans une ambassade. Je veux me joindre à ce combat et soutenir cette veuve », lance-t-il. Mnedje De Morie dit être le porte-voix idéal pour les journalistes afin de faire comprendre au monde entier, qu’ils ne méritent pas les emprisonnements, encore moins les assassinats. « Je viens mettre l’accent sur l’impunité des crimes commis contre les journalistes. C’est ma particularité », assène-t-il lorsqu’on lui demande ses priorités.
Remporter le concours RFI Talents
À l’instar de son compatriote Tiken Jah, Mnedje De Morie veut remporter le concours RFI Talents. Bien qu’il ait échoué la saison dernière, il compte se lancer cette année encore dans le concours. « Je compte me présenter au concours RFI Talents. Cette année, j’ai été demi-finaliste. Le fait de n’avoir pas mené beaucoup d’activités artistiques, n’a pas été à mon avantage. Je repars de plus belle en allant cette fois-ci, mener des activités dans des universités et des associations de journalistes pour espérer remporter le concours. Le concours me tient à cœur, parce que si je suis finaliste, je peux bénéficier d’une subvention qui pourra me permettre de faire le tour de l’Afrique pour mener mon combat », confie-t-il.
Philip KLA