Politique

Le film de l’assassinat du Général Robert Gueï et de ses proches

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Le corps de l’ex-chef de la junte militaire, Gal Robert Gueï, est découvert à Abidjan, précisément à la Corniche de Cocody. (Photo : DR)
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19 septembre 2002, en début d’après-midi, le corps de l’ex-chef de la junte militaire, Gal Robert Gueï, est découvert à Abidjan, précisément à la Corniche de Cocody. Avec lui, certains membres de sa garde rapprochée, quand les autres, tués également, sont découverts à Attécoubé, derrière l’hôtel Sebroko qui abrite désormais, le siège de la radio de la paix. Ces assassinats ont choqué l’opinion nationale et internationale. Ce n’est qu’en 2016, à l’issue d’un procès, qu’on a pu reconstituer le film de ces crimes.

Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, Abidjan est secouée par les tirs d’armes de guerre. Dans la matinée du 19 septembre, Pascal Affi N’guessan, alors Premier ministre, déclare sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) que Robert Gueï et sa garde sont en route pour la télévision nationale.

le Gal Gueï s’est réfugié à la cathédrale Saint Paul du Plateau

En début d’après-midi, le corps du Gal Gueï est découvert. Le commissaire du gouvernement qui a enquêté sur l’affaire, a reconstitué les faits, dans son réquisitoire contre les prévenus, le 16 février 2016. Il ressort de ces investigations, à la lumière de témoignages au tribunal, que le 19 septembre, dans la matinée, le Gal Gueï s’est réfugié à la cathédrale Saint Paul du Plateau, à environ 500 mètres de sa résidence privée, sur le boulevard lagunaire. En ce lieu, il est accueilli par le curé des lieux, Réné Agbo, qui le conduit ‘’en lieu sûr’’, avant d’informer le cardinal, Bernard Agré. Selon Ange Kessy Bernard, avant de quitter sa résidence, Gueï a invité son épouse, Rose Doudou, d’informer le ministre de la Défense à l’époque des faits, Lida Kouassi Moïse, de sa destination. Dans la matinée, quelques heures après l’arrivée de Gueï, des militaires débarquent à la Cathédrale du Plateau. Ils fouillent les lieux et se retirent, avant de revenir, plus tard, probablement en fin de matinée. Cette fois-ci, les soldats semblent savoir où se trouve Gueï, puisqu’ils iront directement là où il est censé se cacher. À la Cathédrale, sont présents, selon des témoins, Gal Dogbo Blé Bruno, commandant de la Garde républicaine à l’époque des faits et Anselme Séka Yapo, aide de camp de l’ex-première dame, Simone Ehivet Gbagbo.  

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L'adjoint de Dogbo Blé, le Colonel Aby Jean à l’époque des faits, a affirmé avoir échangé avec son chef, le 19 septembre 2002, à la cathédrale. Ils sont accompagnés de plusieurs de leurs éléments. La battue est organisée. Les éléments se rendent dans une pièce où était censé se trouver Robert Gueï. Celui-ci avait, entre temps, changé de position et s’était réfugié dans une autre pièce qui servait de débarras, derrière des cartons. C’est le nommé Kouadio, un élément de la garde républicaine, qui surprend le Gueï, alors que les fouilles sont quasiment terminées. Il fera sortir le ‘’fugitif’’, que le Gal Dogbo Blé remettra à Yapo Seka Anselme, gendarme de profession, donc Officier de police judiciaire. En sortant de la cathédrale, Gueï supplie le curé, René Agbo, de ne pas le laisser entre les mains des soldats. En début d’après-midi, il retrouvé mort avec plusieurs membres de sa garde rapprochée. Son épouse Rose Doudou, selon le chef de la garde républicaine de Yamoussoukro, au moment des faits, Julien N’dri Kouamé, a été abattue à bout portant par Yapo Seka Anselme devant la résidence privée de Robert Gueï. La plupart des prévenus à la barre ont reconnu Dogbo Blé Bruno et Séka Yapo Anselme à la Cathédrale et à la résidence du Général Gueï.

Tous les coupables jugés et condamnés

À la barre, les acteurs des crimes ont tous été reconnus coupables et condamnés pour certains, à perpétuité, et pour d'autres, à des peines réduites, le 18 février 2016 par le tribunal militaire. Il s'agit notamment du Gal Dogbo Blé Bruno, Séka Yapo Anselme et Séry Daleba, soldats des Forces de Défense et de Sécurité. Ceux-ci ont écopé d’une condamnation à vie. Séka Yapo Anselme et Daléba Sery ont été reconnus coupables d'assassinat du Gal Gueï, de son épouse et des membres de sa garde rapprochée. Quant à Dogbo Blé, il a été condamné pour complicité d'assassinat du Gal Gueï et de son épouse.

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Le juge Dembélé Tahirou et les jurés ont également condamné à 10 ans de prison ferme, avec des circonstances atténuantes, six prévenus que sont Gbélé Ory Guy Flavien, Rabé Charles Olivier, Brou Serges Pacôme Durand, Malézan Kouamé Sévérin, Fêteh Kouakou Jean et Niamkey Ekolan Norbert, tous éléments des Forces de sécurité. 13 prévenus ont été relaxés, notamment, le colonel Aby Jean (Adjoint de Dogbo Blé au moment des faits), le commandant Katé Gnatoa (patron du Groupement de la Sécurité de la Présidence de la République au moment des faits), Gueu Flan Pierre, Latt Latro, Kouadio Kouadio (qui a sorti le Général Gueï de sa cachette à la cathédrale pour le remettre à Dogbo Blé Bruno), Koné Kilagnanama. Pendant les 25 jours du procès que nous avons suivi, le parquet militaire a montré l'implication de ces responsables militaires et soldats dans ces crimes. La vérité sur l’assassinat du Gal Gueï venait ainsi d’être dévoilée.

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