Le député d’Agboville, Adama Bictogo, a été élu le mardi 07 juin 2022, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire au terme d’une séance plénière consacrée à l’élection du président de cette institution.
Sans surprise, Adama Bictogo, le député d’Agboville, issu du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a été élu le mardi 07 juin 2022, président de l’Assemblée nationale avec 237 voix, (97,53%) contre 6 voix, (2,47%) pour son adversaire Jean-Michel Amankou, député du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Agnibilékrou sous-préfecture, qui n’avait pas l’aval de son parti. Cette élection qui s’est déroulée dans une ambiance générale de convivialité et de retrouvailles, en présence d’un parterre d’invités dont le Premier ministre Patrick Achi, des présidents d’institutions, des ministres et des ambassadeurs accrédités en Côte d’Ivoire, a enregistré trois bulletins blancs et deux bulletins nuls. L’opposition parlementaire (PDCI, PPA-CI, UDPCI), dans un esprit de cohésion et de rassemblement, a appelé ses députés à accorder leurs suffrages au candidat du parti au pouvoir. Adama Bictogo succède ainsi à Amadou Soumahoro, l’ancien président de la chambre basse du parlement qui est décédé le 07 mai 2022 à Abidjan. Longuement ovationné après sa victoire, la star du jour, le nouveau président de l’Assemblée nationale dit mesurer « à sa juste valeur », la responsabilité de cette nouvelle fonction qui lui a été confiée par ses pairs. « Le rassemblement et le consensus que nous avons appelés de tous nos vœux, sont devenus une réalité dans cette élection. Je mesure à sa juste valeur, cette responsabilité que venez de me confier… Je voudrais relever le défi de cette présidence qui m’est confiée », a promis M. Bictogo qui devra conduire aux destinées de cette institution jusqu’en 2025. « Cette mandature doit être mise sous le prisme d’une véritable famille parlementaire », a-t-il ajouté. Poursuivant, le nouveau patron de l’Assemblée nationale a décliné quelques actions majeures qu’il compte mettre en œuvre. Il a cité entre autres, la modernisation de l’Assemblée nationale avec la digitalisation, l’amélioration du cadre de travail des députés et le renforcement de la diplomatie parlementaire. Dans la foulée, le député d’Agboville a annoncé que « dorénavant », tous les groupes parlementaires, en fonction de leur taille, bénéficieront d’assistants parlementaires qui seront pris en charge par l’Assemblée nationale. Ainsi, le PDCI, le PPA-CI et le RHDP auront respectivement trois, deux et quatre assistants parlementaires. Auparavant, Adama Bictogo a dit sa gratitude au chef de l’État Alassane Ouattara, ainsi qu’à sa famille politique, le RHDP. Au-delà, il a exprimé sa reconnaissance aux anciens présidents de la République Laurent Gbagbo (PPA-CI) et Henri Konan Bédié (PDCI), ainsi qu’à Pascal Affi N’Guessan, le président du FPI et à Albert Mabri Toikeusse de l’UDPCI. Ces groupements politiques qui constituent l’opposition parlementaire, ont appelé dans une déclaration commune, leurs députés à voter pour le candidat du RHDP. Avant l’élection proprement dite, les candidats ou leurs représentants ont exposé leurs projets aux parlementaires. Ainsi, le député Fregbo Basile, directeur de campagne d’Adama Bictogo, s’est exprimé au nom de celui-ci et le candidat Jean-Michel Amankou a dévoilé lui-même, à ses collègues, les motivations de sa candidature. Le premier a présenté son candidat Adama Bictogo comme celui qui veut faire de l’Assemblée nationale, « une force motrice » au service de la paix. Quant au deuxième, administrateur civil âgé de 48 ans, il dit avoir une « grande ambition » et une série de réformes pour l’institution parlementaire.
Gbagbo, Bédié, Mabri appellent à voter pour Bictogo
Les leaders des groupements politiques de l’opposition représentés à l’Assemblée nationale, notamment Laurent Gbagbo (PPA-CI), Henri Konan Bédié (PDCI) et Albert Mabri Toikeusse (UDPCI), ont appelé leurs députés dans une déclaration commune faite avant l’élection du président de l’Assemblée nationale, à voter pour Adama Bictogo, le candidat du RHDP. Le député Doho Simon qui a lu cette déclaration commune, a expliqué que ce choix de l’opposition parlementaire est un « signal fort » pour la réconciliation dans le pays. « Notre pays a trop souffert de nos divisions et des crises politiques fratricides qui augmentent nos douleurs. Nous voulons donner notre part de signal à notre pays pour que le processus de réconciliation tant espéré par tous, devienne enfin une réalité pour tous », a déclaré M. Doho. « Nous voulons aussi donner un signal d’approbation très fort à l’organisation de la prochaine rencontre de haut niveau des ‘’ trois grands’’ proposée par le Président de la République », a-t-il également justifié, avant de conclure que : « c’est pourquoi, nous appelons à voter pour le candidat du RHDP ». Cette annonce a été accueillie par une salve d’applaudissements des parlementaires.
La colère du candidat Jean-Michel Amankou
Le député Jean-Michel Amankou, candidat au poste de président de l’Assemblée nationale, est entré dans une colère noire après la déclaration commune de l’opposition parlementaire (PDCI, PPA-CI, UDPCI, FPI), appelant ses députés à voter pour Adama Bictogo, le candidat du RHDP, le parti d’Alassane Ouattara. Il a estimé que cette déclaration commune de l’opposition est une « violation » du règlement de l’institution. « Le droit de parole au député Doho Simon est une violation du règlement de notre institution dans le cadre de l’organisation des élections. Mais dans le fond, j’apprécie à sa juste valeur, ses dires, l’appel à la paix et à la réconciliation. Chers honorables, je considère que la force d’une institution, c’est la démocratie, c’est le vote, ce sont les urnes. Les Ivoiriens nous regardent, chers députés. Vous avez votre conscience avec vous », a soutenu Jean-Michel Amankou, avant le scrutin. Une sortie désapprouvée dans la salle par la plupart des députés. « Mon cher aîné candidat a des qualités que je respecte, mais je considère que le jeu démocratique doit être de mise. Les Ivoiriens nous regardent », a insisté l’adversaire d’Adama Bictogo. Toutefois, il faut noter que malgré ce « coup de gueule », Jean-Michel Amankou a rejoint son adversaire Adama Bictogo pour le féliciter après le scrutin.
Lahassana Barro