Politique

Quel Gbagbo à l’Ouest ?

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Après avoir passé dix années derrière les barreaux où, du fait d’un dossier judiciaire mal ficelé, Gbagbo se retrouve en liberté. Revenu dans son pays, l’homme tente vainement de retrouver sa notoriété d’avant. Son discours de repli identitaire ne passe plus. Parce qu’en dix années de gestion du pouvoir, Alassane Ouattara a effacé les traces de la gouvernance par approximation de la Refondation. De fait, les populations qui touchent désormais du doigt, le développement, et qui avec le temps, ont découvert les tares de l’ancien régime, ne sont plus réceptives au discours politique de Laurent Gbagbo. Pour exister politiquement, l’ancien président est obligé de retomber dans le discours populiste et ethno-tribaliste pour espérer avoir l’adhésion des populations. Il l’a fait devant les Wê chez lui à Mama. Ensuite, chez les Evangéliques et puis dernièrement devant les Ebrié…Aujourd’hui, le voilà sur la route de l’Ouest. Il est vrai qu’il y a eu des morts de part et d’autre, mais l’histoire retiendra que c’est l’instrumentalisation des populations, après la rébellion de 2002 et 2010 par les cadres de Laurent Gbagbo, qui a transformé l’Ouest en une poudrière. Duékoué, Guiglo, Bangolo en ont payé le plus lourd tribut. Le connaissant, on sait que Gbagbo ne demandera pas pardon, bien au contraire, il cherchera à se justifier et à justifier l’injustifiable. Il est vrai que les victimes ont pardonné, mais n’ont pas oublié. Si Gbagbo qui s’était donné pour projet de bâtir une école de guerre à l’Ouest continue d’entretenir un discours tribal et ethniciste comme il l’a fait devant les Ebrié, on ne peut pas présager de ce qui pourrait arriver après lui. Gbagbo avait transformé l’Ouest en un far west, avec des gens qui ont tout perdu. Avec le temps, les populations de cette partie du pays se sont rendu compte qu’elles ont servi de chair à canon pour défendre un régime dont le seul grand projet était de construire une école de guerre dans la région. En conclusion, Gbagbo va à l’Ouest, mais il y trouvera les victimes de tous les camps qui ont tout perdu du fait de son entêtement à conserver le pouvoir, malgré sa défaite dans les urnes en 2010. Gbagbo repart dans un champ de ruine dont il est le principal architecte. Son discours est donc beaucoup attendu. Il a le choix : soit faire son mea culpa et prôner le pardon et le vivre-ensemble, soit continuer à tenir le discours sectaire qu’il a tenu devant les Wê, les évangéliques et les Ebrié. Mais dans ce second cas, l’histoire ne lui pardonnera plus une seconde fois pour tous les troubles qui pourraient en découler.

A.N

 

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