Déclenchée dans la journée du dimanche 23 janvier 2022, une mutinerie s’est progressivement muée en coup d’État au Burkina Faso ! L’Afrique de l’Ouest enregistre ainsi, son troisième coup d’État en 16 mois. Tous ont abouti au renversement des pouvoirs démocratiquement élus. Comment stopper ce péril kaki ?
Des soldats burkinabè se sont mutinés dans la journée du dimanche dernier et ont fini par renverser le président de la République, Roch Marc Christian Kaboré. À en croire plusieurs analystes politiques et observateurs de la vie politique au Burkina Faso, les mutins reprochent aux autorités gouvernementales, la mollesse avec laquelle elles gèrent l’offensive contre les terroristes. Pour eux, Roch Kaboré et son équipe ne parviennent pas à apporter une réponse efficace au harcèlement des djihadistes qui sévissent au Burkina, faisant des dizaines de morts dans les rangs des forces armées. D’où, le coup de sang des soldats dont l’insurrection a viré à un coup de force.
Les prétextes aux coups de force
Un an plus tôt, ce sont d’autres soldats qui se sont rebellés au Mali pour la même raison. Emmenés par un certain colonel Assimi Goïta, ils ont chassé du pouvoir, le chef de l’État Ibrahim Boubacar Kéita alias IBK, qu’ils jugeaient impuissant à contrer les attaques terroristes, faisant tant de morts dans leurs rangs. Depuis, ces putschistes trônent au palais de Koulouba.
Il y a seulement quelque quatre mois, d’autres militaires faisaient irruption sur la scène politique en Guinée. À leur tête, un certain colonel Mamady Doumbouya. Début septembre 2020, lui et ses hommes ont mis fin au 3e mandat que s’était offert le président de la République, Alpha Condé. À en croire ces putschistes, leur coup de force vise à remettre la Guinée sur les rails de la démocratie qui aurait été viciée par l’initiative d’Alpha Condé de se maintenir au pouvoir, après des manigances politiques qui ont suscité le mécontentement d’une bonne frange de la population. En un peu plus de 16 mois, ce sont donc trois coups d’État qui ont secoué la sous-région. Une spirale qui fait craindre d’autres tentatives du même genre, si rien n’est fait d’ici-là, pour stopper ce péril kaki.
Pour désamorcer la bombe
Pour ôter à d’autres bidasses la tentation d’appuyer sur la gâchette, il importe que les gouvernants des pays en proie aux attaques terroristes se donnent les moyens d’équiper les forces armées afin qu’elles puissent efficacement riposter à ce phénomène. Il faut, en effet, aux États se doter de stratégies à même d’apporter des réponses efficaces à cette menace. À ces réponses militaires appropriées, il importe d’associer toute approche susceptible de contribuer à des résultats tangibles dans la lutte contre le terrorisme, à l’image de la dimension sociale que le gouvernement ivoirien ajoute à la solution militaire pour contrer la menace terroriste dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Ce sont ces résultats tangibles sur le terrain qui pourraient ôter toute tentation d’insurrection des militaires pour des motifs comme ceux ayant conduit au renversement des présidents IBK et Roch Kaboré.
Par ailleurs, pour désamorcer la bombe kaki, les organisations sous-régionales comme la CEDEAO, voire l’Union africaine, doivent se montrer davantage fermes en cas de coup d’État. Plutôt que de prendre acte et fixer un délai aux putschistes pour organiser des élections, elles doivent se donner des moyens de pression pour pousser ceux-ci à reculer, en renonçant à leur action subversive. À cet effet, la CEDEAO devrait, comme par le passé, brandir le recours à la force en faisant planer sur la tête des putschistes, l’épouvantail de sa force d’intervention. C’est à ce prix qu’elle a fait reculer, hier, des chefs de junte comme le capitaine Amadou Haya Sanogo au Mali et le général Gilbert Diendere au Burkina Faso. Il faut donc purement et simplement reconduire les recettes qui, hier, ont fait leurs preuves.
Assane Niada